Ephel Duath nous avait laissé il y a 3 ans avec un Through my Dog's Eyes étrange et peu fameux, trop lent et bizarrement inspiré, sans réelle accroche. Il s'en était allé ensuite dans les tréfonds peu recommandables de l'abandon et de la perte de soi pour son alors unique membre restant, Davide Tiso (guitare), provoquant une inquiétude grande à la fois pour l'avenir du groupe mais également pour la personne elle-même. Nous voilà donc doublement rassurés de revoir l'Italien refaire surface avec cet EP au nom étrange (explication sur tout ça et bien d'autres choses dans l'interview à venir). Rassurés certes, mais où en est-on ?
On reprend dans la lignée de Through my Dog's Eyes mais on rajoutant plus de... liberté artistique et en allongeant la durée des titres, signe que les idées ne peuvent plus se résumer en 3-4 minutes. Bref, on est dans la continuité sans vraiment y être. Une chose est sûre, Ephel Duath ne refaira pas sur cet album les grandes envolées rythmiques qu'on lui connaissait dans sa jeunesse (cf l'exceptionnel The Painter's Palette). En lieu, le groupe reprend une démarche qu'on lui connaît, prendre un riff de base, ou plutôt une trame, un rythme lent et constant en terme de tempo et tourner autour encore et encore en variant les accords de cette trame tout en conservant un attachement plus ou moins lointain. C'est valable autant pour la batterie que la guitare. La guitare étant bien évidemment plus en avant du fait de sa place de cerveau du groupe. On en vient à se dire que comme le jazz qui possède son free, on assiste là à du free metal (ou core peut-être).
En sus de ces variations autour d'une trame, nous avons droit à des variations thématiques qui permettent à une chanson de proposer plus qu'une trame de base. Le problème, vous le voyez venir bien gros : difficile de sortir du piège de la répétition. De plus comme le tempo reste constant, malgré les déconstructions fréquentes, on sent qu'on tourne en rond. Pourtant, et comme il en a l'habitude depuis Pain Necessary to Know, Ephel Duath arrive toujours à trouver un riff qui défonce. Ici, le miracle se passe sur "Raqia" avec une suite mélodique incroyable, malheureusement pas assez reprise mais qui rend confiant dans le génie créatif intact du groupe. Bref, de la lumière jaillit d'un EP sinon assez brumeux. Pour l'histoire, sachez que vous avez Steve DiGiorgio à la basse (pas forcément grand chose à signaler, il livre une prestation propre mais sans relief) et madame Tiso elle-même au chant. Chant pas assez diversifié et tout le temps hurlé qui fait regretter le temps de The Painter's Palette.
Sentiments partagés donc pour cet EP qu'on qualifiera de reprise après tous les problèmes du groupe. D'un côté on se retrouve collé avec cette expérimentation permanente qui aime à varier autour d'une trame quasi unique, mais qui lasse, et de l'autre on se prend en pleine gueule des moments de pur génie, trop rarement. La conclusion sera donc plutôt sévère car au final, Ephel Duath fait toujours une musique difficile d'accès, et n'arrive pas à la rendre suffisamment accrocheuse pour donner envie de continuer. Pourtant, on a quand même envie de saluer son potentiel insensé.