CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
16/20
LINE UP
-Schmidt
(chant+guitare)
-Rajk Barthel
(guitare)
-Jens Maluschka
(batterie)
TRACKLIST
1) The Black Sea
2) Dread It
3) Don't Go Any Further
4) Avalanche
5) Gloria
6) Aerophobic
7) The Hole We Are In
8) Save The Past
9) Lava
10) Too Many Broken Cease Fires
11) Untiefen
DISCOGRAPHIE
Ayant un faible pour les albums qui fâchent, j'avoue que j'avais un a priori positif sur ce Gloria si décrié. Énorme fan de Back To Times Of Splendor - comme 9 métalleux sur 10 ayant entendu l'album - je n'avais pourtant pas écouté ce nouvel opus à sa sortie et j'avais observé les réactions outrées de mes pairs avec un certain amusement... car quand les fans d'un groupe lui tombent dessus parce qu'il a changé d'orientation musicale sans prévenir on ne peut pas vraiment prendre leur jugement pour argent comptant, le groupe étant souvent bien plus jugé sur son changement de démarche que sur la musique produite. Et n'ayant pas eu à vivre la douloureuse surprise pétrie d'incompréhension qu'énormément de fans de Disillusion ont dû subir en écoutant l'album pour la première fois je l'affirme : Gloria est un bon album!
C'est vrai que la baffe a dû être énorme et difficile à vivre : mettre un CD dans son lecteur en s'attendant à un nouveau monument de métal épique et tomber sur un album d'electro-metal urbain bardé de samples et quasiment dépourvu du côté grandiose qui avait fait la réputation de son prédécesseur... Ça a dû en faire sérieusement criser plus d'un. Car on le sait désormais grâce aux interviews : Disillusion développe un concept par album, et ne pratique absolument pas un style de musique particulier car l'orientation provient directement dudit concept. Gloria est un album tentant de capturer le feeling de la ville, ses bruits, sa multitude de solitudes individuelles, son côté inhumain et froid, et en ce sens c'est un succès total, exactement comme Back To Times Of Splendor avait réussi à capturer un certain sens de la quête lyrique. Le chant possédé de Vurtox a laissé fort logiquement sa place à un phrasé posé, monocorde et qui plus est bardé d'effets, et si la guitare a gardé son impact dans les moments les plus heavy elle est réduite à sa plus simple expression : finies les constructions si complexes d'avant, place à des riffs volontairement simplistes venant se poser sur des boucles électro.
En parlant de riffs il faut préciser quelque chose tout de suite : cet album est indubitablement métal. Electro-metal, certes, mais métal tout de même. Disillusion est loin d'avoir totalement basculé du côté des dancefloors et nombreux sont les passages qui le rappellent : les guitares sont toujours là et se font carrément extrêmes sur certains passages "The Black Sea" et "The Hole We Are In". En général le groupe enchaîne les passages terriblement catchy aux moments de recherche instrumentale pure, et se défend très bien dans les deux domaines. Le riff quasiment unique de "Don't Go Any Further" est incroyable d'efficacité brute : quelle boucherie cela doit être en live! Les parties de batterie de Jens Maluschka jouent un grand rôle là-dedans : on ne sait pas vraiment ce qui relève du jeu réel et ce qui relève du copier-coller mais il semble très à l'aise et dégage un groove et une finesse remarquables. Quand le groupe expérimente il tape juste : l'interaction entre les chœurs d'eglise et les claviers d'ascenseur du title-track "Gloria" est très réussie, "Aerophobic" est un titre aussi déstabilisant que fascinant, et ainsi de suite.
Ne reste-t-il rien de l'ancien Disillusion là-dedans? Pas grand-chose effectivement, à part quelques passages grandiloquents qui renvoient directement à Back To Times Of Splendor tels le refrain de "Dread It" ou le feeling général de "Too Many Broken Cease Fires". Mais c'est en général à un groupe différent que l'on a affaire et c'est ainsi que l'album mérite d'être jugé. Pour citer mon camarade Beren qui se demandait « Comment pourrait-on comparer "Save The Past" et "The Hole We Are In", avec "Alone I Stand In Fires" et "And The Mirror Cracked" ? », je répondrais : « Ben on peut pas, pourquoi le ferait-on ? ». Gloria n'a rien en commun avec son illustre prédécesseur, il part d'une intention totalement opposée et évolue dans un cadre artistique qui lui est propre... l'erreur du public a été de considérer Disillusion comme un groupe normal alors qu'il s'agit plus d'un projet qui n'a visiblement pas fini de nous surprendre. Pris sans a priori cet album est bon dans son genre, et on pourra surtout lui reprocher d'être un poil trop touffu et trop long mais les amateurs d'electro-metal y trouveront plus que leur compte.
Apprécier Gloria quand on adore Back To Times Of Splendor demande donc une capacité de distanciation qui n'est pas très courante chez les métalleux, toujours prompts à sauter à la gorge d'un groupe qui sort un album contraire à leurs attentes. Mais considéré isolément cet album est une réussite, et comme il faut se faire à l'idée que Disillusion sortira probablement des albums d'un style différent à chaque fois autant commencer tout de suite... et profiter de ce Gloria ambitieux et déroutant.