Mnemic -
The Audio Injected Soul
A peine un an après un premier album globalement bien reçu, Mnemic, formation porteuse de certains espoirs (à cette époque !), revient avec une seconde création dans sa besace. Classiquement, un deuxième album se doit le plus souvent de confirmer le premier essai. Le groupe y affine son style, il parachève ses compositions, il se surpasse et montre à la face du monde que cette fois, il faudra définitivement compter sur lui. Ou alors il se vautre et sombre dans l'oubli. Try Again. Qu'en est-il de The Audio Injected Soul ? Le pari est-il réussi ? Est-ce la catastrophe totale ? Début de réponse ci-dessous.
Mnemic, donc. Brièvement, les Danois avaient bourré leur première galette d'un metal résolument moderne, froid et agressif. Une sorte de cyber-néo-indus - si tant est que cela ait un sens- dans la veine de Meshuggah et Fear Factory. Un an après la formule n'a évidemment pas changée. Le metal du groupe est toujours moderne- guitare 7 cordes de rigueur-, le label reste le mastodonte Nuclear Blast et le producteur aux commandes est toujours Tue Madsen, l'esthète du son clinique. A priori, il serait simple de conclure à la redite pure et simple. Toutefois, ce serait aller un peu vite. Car finalement, deux questions se posent: existe t-il, malgré tout, des différences avec le premier opus et, surtout, le niveau est-il maintenu ? Eh bien, The Audio Injected Soul est plus simple d'accès que son aîné. Certains aimeront, d'autres moins, mais une chose est cependant certaine: la qualité reste présente.
Pour le meilleur ou pour le pire, les écoutes répétées dévoileront à l'auditeur un secret: The Audio Injected Soul n'est pas la copie carbone de Mechanical Spin Phenomena. Si l'essence de la musique est conservée, le propos du second opus se fait plus mélodique. Dès le premier titre ("Dreamstate Emergency"), le groupe fait l'effort de mettre l'accent sur le refrain, spatial, accrocheur. Même constat pour "Door 2.12", morceau efficace si il en est, qui rentrerait sans mal dans un album de death mélodique à la suédoise. Pas de panique cependant, Mnemic n'a pas vendu son âme au diable FM ! L'album reste basé sur ces ambiances industrielles tant chéries, sur cette voix le plus souvent éraillée et toujours parfaitement maîtrisée, sur ces riffs vifs et bondissants. D'une manière générale, les aficionados de la musique du quintet ne seront donc pas dépaysés, et ce malgré la recherche évidente d'une certaine efficacité, notamment au niveau des refrains, globalement plus catchy que sur l'album précédent ("Deathbox", "Jack Vegas"...).
Évoquons d'abord le gros morceau: "Deathbox". Ce titre, vendu à grand renfort d'AM3D (« ...the sound is processed to localize a single sound to a specific location in three-dimensional space around the listener » - WHOUAH! ), est sans problème un hymne du genre, marque d'un excellent sens de la composition, le même qui avait su pondre des "Liquid" et autre "Ghost". Introduction crescendo aux allures de déflagration, riffs tranchants, refrain explosif, bref, tout ce qu'on aime chez nos cyber-forgerons sonores se retrouve sur ce titre. Autre pistes notables, la très efficace (et mélodique) "Door 2.12", la froide "Mindsaver" ou l'étrange "Overdose In The Hall of Fame". Quant au reste, ici comme sur le premier album, tant la performance du chanteur que les samples judicieux, indispensables au concept, s'intègrent parfaitement à l'ambiance mécanique ici dépeinte. Cependant, tout n'est pas parfait. "Sane Vs. Normal" par exemple, déçoit, malgré l'intéressant concept de dialogue téléphonique. Enfin, le dernier morceau est ici encore à part. Pour le coup, Mnemic s'est fendu d'une reprise futuriste de Duran Duran. Sympa, mais pas indispensable.
Au rayon "plus" : une identité qui s'affirme, une qualité conservée à tous niveaux, des hits toujours présents... Au rayon "moins": quelques faiblesses, une certaine redondance dans le propos (mais peut-on réellement les blâmer pour ça à ce stade de leur carrière ?). L'amateur du premier album ne sera pas déstabilisé et sera surement ravi, pour peu qu'il apprécie ce tournant légèrement plus mélodique. Le néophyte, lui, trouvera en The Audio Injected Soul une excellente accroche pour l'univers de Mnemic. Pour nous, quoi qu'il en soit, le pari est tenu. L'effet de surprise en moins, il n'en demeure pas moins que ce second volet est à compter au rang des second albums réussis. Bien joué, et profitez de votre grâce les gars, elle ne sera que passagère (haha!).
NB: L'album contient, parait-il, une piste d'introduction ("The Audio Injection") servant de démonstration pour la technologie AM3D. Visiblement, nul n'a jugé bon de graver celle-ci sur notre exemplaire. L'AM3D ne resurgit donc que sur le hit "Deathbox" dont l'introduction n'est effectivement pas dénuée d'une certaine... puissance, il faut l'avouer. Mais dans le fond, l'AM3D nous évoque surtout un superbe outil de promotion. Comment ça, mauvaise langue ?