Un an après Into The Grave, Grave sortait You’ll Never See. Bon, grosso modo ça sert un peu à rien de le dire, vu l’intérêt quasi nul que suscite ce groupe. En même temps, c’est vrai que ces vieilleries ne valent pas un bon vieil album de Bring Me The Horizon. Haha, mais quel farceur ce Dommedag. D’ailleurs, il est assez étrange de voir que le seul album qui aura gardé le statut culte soit le précédent, car celui-ci fait presque jeu égal avec.
Tout d'abord, on constate une durée inférieure de 6 minutes. Et, mine de rien, ça rend le tout nettement plus digeste. Le premier riff se lance et… what ? C’est rock’n roll tout ça. Oui, le gros death bovin de l’album précédent se mâtine légèrement de rock avant que la première salve de tuppa-tuppa ne nous ramène là où le premier opus nous avait laissé. Le groove mortuaire est lui aussi toujours de la partie (sur "You’ll Never See" on croirait entendre un groupe de Porngrind à la Rompeprop, en moins dégueulasse cependant). Encore une fois, Grave montre qu’il n’est pas qu’un groupe qui se contente de jouer le plus vite possible, il sait se poser sur son chemin, le temps de créer une ambiance, par le biais de riffs plus pachydermiques qui fleurent bon le caveau, tels ceux de "Now And Forever", un peu moins furieuse que les autres, ou des multiples passages avec du clavier ou des effets sonores. On remarquera aussi l’arrivée de solos mélodiques, qui restent tout de même rares, contrastant très fortement avec ceux du monument de 91, bordéliques à souhait. On aura même droit à l’adjonction d’une courte lead funèbre sur "Morbid Way To Die".
La production aussi gagne en clarté, misant un peu moins tout sur les basses. Plus besoin donc de régler sa chaîne pour distinguer les guitares dans le magma sonore. D’ailleurs ces dernières n’ont pas le rendu crayeux habituel, encore un détail qui distingue Grave de ses condisciples. Le chant est toujours plus rocailleux et grave qu’hurlé, même si le contraire est de mise en live. Globalement, les morceaux ont tendance à moins foncer, ce que certains regretteront, on a plus de mid-tempo goudronneux, ce qui n’empêche pas quelques accélérations bien senties de surgir, à l’exemple du début d "Obsessed". Le batteur semble également avoir oublié comment on fait un blast-beat, et c’est bien dommage, mais il se rattrape en proposant des patterns qui renforcent le groove des riffs plombés. Une fois de plus, Grave a su sortir une tripotée de riffs tous plus dantesques les uns que les autres, et on n’arrive pas réellement à en repérer un qui soit plus faible que les autres. Après, bien sûr reste le constat qu’on connaît : oui c’est linéaire et vite répétitif pour peu que l’on n’ait pas goût à l’art mortuaire.
Le second album de Grave mérite de rester dans les mémoires, car il présente un groupe plus mature, qui a compris que chercher à tout prix à violenter l’auditeur ne mènerait nulle part. C’est donc un groupe qui pose plus sa musique, tout en gardant son potentiel rythmique, voire en l’exacerbant par la constante recherche du passage brise-nuque, qui se présente à nous. Evidemment, ceux qui préfèrent se faire gangbanger par des squelettes dans tous les sens continueront à préférer le premier (haters gonna hate), mais pour peu qu’on sache privilégier l’ambiance (oui, oui, ce mot est volontairement employé, tout au long de la chronique, oui) au détriment du pur pilonnage, on sera comblé par You’ll Never See.