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CHRONIQUE PAR ...

100
Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 16/20

LINE UP

-Mike Sanders
(chant)

-Josh Christian
(guitare)

-Brian Bonini
(basse)

-Tad Leger
(batterie)

TRACKLIST

1) Heart Attack
2) Social Overload
3) Pain and Misery
4) Voices
5) Door to Hell
6) World Circus
7) 47 Seconds of Sanity / Count your Blessings

8) False Prophets
9) Haunted Earth
10) Victims

DISCOGRAPHIE

World Circus (1987)
Think this (1989)
Dis Morta (2022)

Toxik - World Circus



Certains malentendus peuvent changer le cours d'une vie. Gérard, 45 ans et fan de musique « metal » l'a appris à ses dépens. Il nous raconte.

« Après la séparation d'avec ma septième femme, j'ai fait comme d'habitude : j'ai foncé au Metallic Fuckin' Fury de Pignolles-sur-Binöuze pour récupérer la fille la plus bourrée de la soirée, celle que les mecs ne veulent pas ramener parce qu'ils ont peur qu'elle salisse la banquette arrière. Bon, j'ai pas trop eu de pot avec les précédentes mais cette fois j'avais bon espoir : on avait parlé avant. Arrivés chez moi, comme elle était encore consciente je me suis dit que ce serait pas mal de conclure sur du bon son. Du coup je décide de sortir le grand jeu et j'lui demande : « Qu'est-ce que tu dirais si on s'écoutait Toxik ? » Et là elle répond : « Oh oui, super idée, j'adore Britney Spears ! » J'l'ai virée illico de l'appart' et comme elle gueulait, j'ai fini par lui balancer ses fringues par la fenêtre. On s'est plus jamais revu. »

Merci Gérard, c'était bouleversant.


Les New-Yorkais de Toxik sont des losers. Sympathiques – en tout cas rien n'indique le contraire - mais losers quand même. Car finalement, à quoi reconnaît-on les vrais perdants ? A leur dégaine suspecte ? Certainement. Un loser ne respire pas la classe ou alors il entre dans la catégorie des « losers magnifiques » chers aux rock critics qui veulent absolument nous faire écouter les œuvres de Scott Waker dont tout le monde se cogne, leur auteur y compris. Cependant, avec nos quatre garçons contre le vent, le doute n'est pas de mise tant on devine que leurs crinières de chihuahua ont dû drastiquement limiter le périmètre de leurs échanges sociaux au lycée. Le batteur qui, lui, aborde une coupe peigne perdu-cheveux gras aurait même refusé d'intégrer le groupe tant que les autres s'acharneraient à vouloir l'emmener chez le coiffeur. Mais il faut davantage qu'une capillarité suspecte et des vestes en jean pour rater le train du succès - rappelons que Def Leppard a vendu des dizaines de millions de disques. L'ingrédient numéro un, c'est le talent. Ou tout du moins des aptitudes. Car qui n'a rien à perdre ne peut être un perdant, lapalissade s'il en est mais qui mérite d'être rappelée. Un potentiel gâché par des décisions malheureuses : voilà l'essence même de la lose. Toutefois, il est généralement admis que des circonstances extérieures peuvent accentuer la tendance. D'ailleurs, concernant, Toxik, ce sont surtout ces dernières qui vont jouer. En effet, les membres du collectif se plaindront régulièrement du manque de soutien de la part de leur label, Roadrunner, au point qu'ils devront leur participation à l'édition 1988 du Dynamo Open Air d'Eindhoven uniquement à l'insistance de l'organisateur qui avait flashé sur le quatuor.
Pourtant, sur le papier, on pourrait penser que celui-ci est plutôt bien loti puisque World Circus- son premier LP - est produit par Tom Morris aux fameux Morrisound Studio qui portent son nom (et celui de son frangin). Cependant, il faut concéder que le son, s'il n'est pas honteux, reste très typé thrash speed des années quatre-vingt avec une prédilection pour les aigus et un manque de puissance qui confère à l'enregistrement une fluidité dangereusement proche de la linéarité lorsque l'inspiration faiblit. Heureusement, celle-ci fait rarement défaut, même si l'épilogue abrupt de la plupart des chansons laisse parfois un goût d'inachevé, sur "Door to Hell" et "False Prophets", notamment. Quant au matériel, c'est du costaud. Et du rapide. Très. "Heart Attack", en ouverture, met tout de suite les choses au point : à une intro plutôt traditionnelle succède une accélération de malade qui propulse l'engin au-delà des deux-cent-soixante bpm – Gérard aurait sans doute eu du mal à assurer sur un tempo pareil. Le registre de la première moitié se situe clairement dans une lignée speed metal dont le chant extrêmement haut perché et la simplicité des riffs le rattachent davantage aux débuts d'Exciter qu'à Kill' em all de Metallica (1983). D'ailleurs, que les rétifs aux stridences proches de l'ultra-son ne s'attardent pas : Mike Sanders pète allègrement la barre des mille-sept-cent hertz et à part Midnight de Crimson Glory, on ne voit pas grand monde capable de surenchérir. Cette performance est d'autant plus impressionnante que puissance, justesse et mise en place sont au rendez-vous - c'est d'ailleurs Sanders qui rattrape le coup sur un "Pain and Misery" un peu faible grâce à sa partie exécutée a capella sur le couplet et une prestation vertigineuse sur le refrain.
Toutefois, Toxik ne se contente pas d'une version un peu plus musclée de ce que proposaient les pionniers du speed. À partir du renversant "Voices", les thèmes se font plus complexes, plus intrigants. Sur un tempo toujours aussi soutenu, une séquence ultra saccadée oblige Sanders à courir après ses collègues qui ne lui laissent l'occasion de placer son refrain qu'à... une seule reprise. La ligne de chant est excellente et file carrément le frisson sur la montée qui précède les soli - le bassiste place même une petite intervention sur fond de guitares délicieusement dissonantes, un peu à la manière de Watchtower. Technique donc, ce "Voices" mais pas progressif : ici, pas de fioritures, la brièveté est de rigueur – caractéristiques communes à toutes les pistes de l'album. C'est d'ailleurs cette concision d'expression qui donne toute leur force à des morceaux sur lesquels s'installe une ambiance de plus en plus inquiétante, même si on on n'est pas non plus chez Throbbing Gristle. Le guitariste Josh Christian démontre qu'il n'est pas uniquement un monstre de vélocité mais qu'il sait aussi donner de la personnalité à ses créations comme l'excellente chanson-titre toute en refrain vitrifiant et intranquilles harmonies. Le même schéma se répète sur "'47 Seconds of Sanity/ Count your Blessings" sur lequel l'introduction est particulièrement soignée, laissant un sentiment assez désespéré sur ce qu'il risque d'advenir de notre vieille planète si certains dirigeants continuent à faire joujou avec des centrales nucléaires. Il convient à ce sujet de mentionner la teneur politico-sociale de textes qui, une fois n'est pas coutume, tendent à renforcer l'impact de leur mise en musique. Car ici, plutôt que se complaire dans de vaines revendications sur fond de punk sans imagination, les Nord-Américains ont convoqué en fin de parcours l'esprit des peu joviaux Slayer et Dark Angel et il n'est pas impossible qu'ils aient influencé leurs confrères de Vio-lence ("Haunted Earth"). L'ensemble justifie ainsi l'intitulé du recueil illustré par un Ed Repka (Death, Megadeth...) acide qui n'hésitera pas à recycler sa pochette pour créer celle de State of Insurgency d'Hexen vingt ans plus tard.


Sur leur premier essai longue durée, Toxik fait forte impression en délivrant une dizaine de speederies drôlement bien gaulées où technique musicale et simplicité (relative) des compositions font bon ménage. Et pour peu que la production metal eighties – qui ne rend pas forcément justice à une section rythmique au taquet – ne constitue pas un obstacle insurmontable, voici la galette idéale pour réunir les amateurs de thrash qui ne tournent pas autour du pot avec ceux qui aiment à penser que les musiciens de metal ne sont pas forcément des bourrins dépourvus de subtilité. Quant à réhabiliter la formation au point d'éclipser la notoriété du titre homonyme de la “princesse de la pop” susmentionnée, il va falloir certainement patienter encore un peu.


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