CHRONIQUE PAR ...
Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Charles Sabin
(chant)
-Josh Christian
(guitare+chœurs)
-John Donnelly
(guitare+claviers+chœurs)
-Brian Bonini
(basse+claviers+chœurs)
-Tad Leger
(batterie+chœurs)
Ont participé à l'enregistrement:
-Janelle Sadler
(chœurs)
-Kent Smith
(claviers)
-John Zahner
(claviers)
-Paul Prator
(claviers)
TRACKLIST
1) Think This
2) Greed
3) Spontaneous
4) There Stood the Fence
5) Black and White
6) Technical Arrogance
7) ɯᴉᒋ uɹnᗺ / In God
8) Machine Dream
9) Out on the Tiles (Led Zeppelin cover)
10) Shotgun Logic
11) Time After Time
12) Think That
DISCOGRAPHIE
Suite des aventures de nos sympathiques perdants. Deux ans après un premier lp remarquable mais remarqué essentiellement des (hard) rock critics, les Toxik from New York City remettent le couvert. Et cette fois, le jury va en prendre plein les papilles - comprendre que les thrashers ont chargé la gamelle et mitonné quelques surprises. Vont-ils réussir leur pari d'évoluer sans se renier ou se perdront-ils dans de douteuses expériences ?
Premier changement notable : le line-up. Exit Mike Sanders, l'éparpilleur de cristal par ultra-sons laisse sa place à Charles Sabin qui officie... pile dans le même registre. Nuançons, cependant. Là où le chant du premier visait l'efficacité et une (relative) simplicité, celui de son successeur se fait à la fois plus mélodique et plus technique, au point de rappeler parfois le Michael Kiske d'Helloween ("Black and white") voire... Robert Plant himself, sur "Out on the Tiles", une reprise du Led Zep III. Et si les vocalises glaçantes qui œuvraient beaucoup pour l'ambiance inquiétante de World Circus ne sont désormais plus de mises, la prestation de Sabin également très à l'aise dans les aigus, bien que plus typée heavy metal, ne gâche en rien le travail d'un collectif qui s'est étoffé d'un nouveau guitariste. Évidemment, ce second renfort modifie la donne. Car l'arrivée du dénommé John Donnelly venu épauler le leader Josh Christian permet au producteur Tom Morris (qui s'y recolle) de faire claquer basse et batterie, heureuse progression par rapport à la réalisation précédente enregistrement qui manquait un peu de peps. Cette fois, le son de Toxik est à la hauteur, celle des ambitions d'un groupe qui allie vélocité et puissance. Car tout est plus – ou presque - sur ce deuxième essai : plus fort, plus long, plus complexe. Et toujours aussi rapide – plus en la matière aurait été suspect. Ces changements doivent-ils inquiéter les fans de World Circus? Non, sauf pour ceux d'entre eux qui avaient uniquement apprécié les influences speed metal qui sont désormais totalement intégrées dans un propos résolument techno-thrash évoquant tour à tour les meilleurs représentants du genre.
"Spontaneous" constitue le premier grand moment de l'enregistrement, avec son riff liminaire qui présente une troublante similitude avec celui...d'"Enter Sandman" que Metallica enregistrera deux ans plus tard. S'ensuit une séquence durant laquelle Brian Bonini punit sa basse façon Anthrax avant que tout ne s'emballe dans une orgie speed thrash à la Dark Angel. Les deux compères de la section rythmique bastonnent avant de faire place à un couplet très heavy germanique auquel succède un excellent refrain tout en accéléré comme en propose Mekong Delta à la même époque. Des influences, des rapprochements – avec les thrasheurs techniques de Coroner sur "Time after Time" ou les alambiqués compatriotes de Watchtower sur "Technical Arrogance" - et, pourtant, une identité propre. Bâtie sur la volonté manifeste se s'en tenir au format chanson. Certes, les compositions s'étirent - les guitaristes se font bavards en solo - mais elle ne perdent jamais leur cohésion : même un break inattendu à la guitare sèche ne compromet pas l'intensité de l'excellent "Shotgun Logic", sur lequel Josh Christian, le principal compositeur, livre une ébouriffante séquence proche de ce que le surdoué Steve Vai proposera sur Passion and Warfare l'année suivante. S'il fallait choisir un titre emblématique de la Toxik touch, ce serait sans doute le condensé "Machine Dream" qui alterne passages aériens et riff saccadé avant de faire tournoyer les guitares à toute berzingue entre musique baroque et modernisme thrash. Seule incongruité dans ce délire virtuose, "There Stood the Fence", une... power ballade à la Skid Row ! On se pince et pourtant, c'est une réussite. Dingue.
Sur Think this, Toxik muscle son jeu et affirme son style, assurément technique, définitivement véloce. Dans une ambiance toujours aussi pessimiste (on entend Reagan causer terrorisme), les New Yorkais déploient une force de frappe impressionnante, un peu moins directe que sur leur premier recueil mais plus élaborée. Au point de s'inviter dans le cercle très fermé des pointures du thrash technique – Coroner, Mekong Delta, Watchtower – auxquelles ils n'ont rien à envier en matière de cohérence. Et même s'ils n'évitent pas toujours l'écueil de la démonstration, ils peuvent s'enorgueillir, eux, de posséder un chanteur qui tient la route et savent utiliser un synthé. Dont on n'a pas parlé jusque là, ce qui est la preuve ultime d'un album réussi.