Alors que Drudkh ne devrait pas tarder à revenir pour un nouvel album, les voilà qui s’associent avec un groupe montant de la scène black forestier, comprendre Winterfylleth. Les deux formations nous offrent donc un split du fond des bois, composé de quatre reprises de groupes roumains, dont Hate Forest, un autre des nombreux groupes de Roman Saenko, la tête pensante de Drudkh.
La répartition du split respecte la hiérarchie traditionnelle : le groupe considéré comme le plus important prend la plus grande place, et le ou les autres se partagent le reste. Ici, on peut considérer que Winterfylleth rend son petit hommage au travail d’un homme qui les a probablement fortement inspirés, et c’est tout. Enfin, leur morceau fait tout de même neuf minutes, mais on y reviendra. Drudkh, de son côté, décide de taper dans l’underground en reprenant tour à tour du Hefeystos, du Unclean ou encore du Sacrilegium. Ignorant qu’il est, votre serviteur n’a guère eu vent de ces trois formations…
Enfin, même en ne connaissant pas les morceaux originaux, ceux de ce split ont de la gueule, et on observe au final une assez belle cohérence, puisque rien ne dépareille réellement par rapport au reste : on reste dans du black traditionnel et incisif, qui ne se prive pas d’ambiance bien insérées, comme ce passage central avec piano sur "W Krainie Drzew", où la basse a un rôle propre, chose assez rare pour mériter d’être soulignée. La voix de Roman, toujours aussi identifiable, ne manque pas de rajouter un petit quelque chose aux reprises, notamment à la si médiévale "Ten, Ktery Se Vynhyba Svetlu", pour le coup, véritable clameur d’admiration pour les travaux d’Abigor lorsqu’ils ne juraient que par les châteaux forts et les vieilles forêts.
Après ce titre plus plan-plan, arrive le blast-beat soutenu de "Recidivus", dont le côté primaire rappelle les pontes norvégiens, avant qu’une mélodie ne vienne illustrer le caractère roumain de l’œuvre. La guitare acoustique, de sortie sur la seconde moitié du titre, et l’aspect nuancé un peu plus appuyé, laisse songer que ce morceau aurait très bien pu avoir été écrit par le Drudkh des premiers albums. Puis vient ensuite le morceau de Winterfylleth, la reprise de Hate Forest. Honnêtement, dur dur de passer après le groupe original, surtout en sachant que le morceau vient du culte Purity, et son caractère si particulier, du fait du son plus que cru. Même si la production ôte un peu à l’impression de blizzard tranchant, on gagne en distinction, et l’art du riff de Saenko apparaît alors dans sa pleine mesure. Le grain de sa voix est perdu pour un chant black assez typique, ce qui en fera râler certains, mais globalement, les Anglais s’en tirent correctement, pour une reprise classique et sans surprise.
Un split intéressant, par les découvertes qu’il permet dans l’underground extrême roumain (oui, ça fait peur dit comme ça), du côté de Drudkh, et qui ne fait que confirmer le bien qu’on pensait de Winterfylleth. Amateurs de black boisé, les ambiances sont au rendez-vous durant cette petite demi-heure !