Drudkh… En voilà un fameux groupe. Ces amoureux de la forêt sont mythiques, connus principalement grâce au sublime Autumn Aurora. Mais il existe quelque chose de bien plus puissant, quelque chose de plus forestier, de plus intense : Forgotten Legends.
4 morceaux. En 4 morceaux Drudkh nous emmène dans des endroits qui semblent familiers à beaucoup d’entre nous : les bois et la forêt. On ne se rend généralement pas compte de la beauté et du côté mystique de ces endroits avant d’écouter ce Forgotten Legends. D’un point de vue technique, les compositions sont simples mais frappent avec une précision rarement atteinte, Drudkh maîtrise l’art de « je te case cette note là à ce moment là et tes poils se dressent jusqu’à tomber tout seuls » , 3 morceaux longs ("Smell Of Rain" n’est qu’un son d’ambiance forestière), répétitifs mais ô combien délectables… « Mais ne restez pas à l’orée du bois, entrez voyons la pluie revient, nous serons au sec sous ses chênes. Oh, ne faites pas attention aux 4 Ukrainiens, ils sont avec moi. Quoi ? Méchants ? Eux ? Non non, taisez-vous plutôt et ne marchez pas n’importe où. Oui c’est boueux je sais… Non il n’y a pas de cireuse de chaussures, vous vous êtes crus où ? Voilà, deux troncs d’arbres, des branches et un Zippo… Ça fera l’affaire. »
Ce son de guitare est grandiose, gras et épais juste ce qu’il faut… Quand on le tâte, il ressemble à s’y méprendre à de l’argile riche en humus et en matières organiques, le tout parsemé de feuilles en décomposition, quel riche amendement ! Parfait pour fertiliser cette batterie baladeuse et douce comme cette mousse, là sur cette pierre humide… Mais ce chant… Rarement entendu quelque chose d’aussi humain, un cri sincère et déchirant, vomissant des torrents de haine, brrrrr j’en ai des frissons. Drudkh profite de ce temps pluvieux, sombre et glaçant pour nous conter des histoires, des mythes que tout le monde oublie, ce genre d’histoires que même le Père Castor semble avoir oublié, ce genre d’histoires qui nous bouleversent même sans comprendre la langue, les sonorités suffisent, la voix suffit car elle porte tout le poids de ces hommes. Quelle est cette tristesse ? Quelle est cette mélancolie qui nous traverse durant cette quarantaine de minutes ? Votre chambre n’est plus, oubliez vos draps et votre confort et surtout oubliez votre journée, votre vie… Pourquoi s’encombrer de toutes ces conneries quand on a tout perdu ?
Les pieds trainent, la tête se baisse et les yeux s’humectent au fil des titres, tout s’assombrit, tout se perd et plus rien n’existe. Vous êtes seul avec vous même et ces Ukrainiens, il n’y a jamais eu de guide, jamais eu de Zippo, de feu et de ballade… Le vide et la tristesse, l’abandon et la honte oui. Dans un cadre forestier certes, loin de toute civilisation, loin des supermarchés et des discothèques. L’être humain redevient l’être humain, plus d’artifices, Drudkh nous plonge dans un réel fantastique aux milles et unes facettes, un monde froid, dur et véritable. Une forêt. Des arbres morts, le vent souffle et fait tomber d’innombrables feuilles aux couleurs cramoisies qui craquent sous nos pieds engourdis. Un torrent ou une rivière serait un luxe, se nourrir de cette végétation morte est plus que suffisant, contentons-nous du nécessaire, de toute manière le choix n’est pas nôtre. Drudkh crée et détruit simultanément, qui aurait pu croire qu’une guitare, une basse et une batterie rudimentaire étaient capables de cela ? A vrai dire ça n’a plus d’importance…
« Où suis-je ? Hé oh y a quelqu’un ?! Nom de dieu, un rêve… Oui c’était un rêve. J’espère que c’était un rêve. J’exige que ce soit un rêve… Personne ici à pars moi, mon lit et mon nouvel ordinateur, d’ailleurs tu vas valser à la poubelle toi. Oui oui j’arrive ! Laisse moi le temps de me rafraichir et ont va la faire ta ballade en forêt… »