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CHRONIQUE PAR ...

98
Tabris
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 19/20

LINE UP

-Maynard James Keenan
(chant)

-Adam Jones
(guitare+cythare)

-Justin Chancelor
(basse)

-Danny Carey
(batterie+percussions indiennes)

TRACKLIST

1) Vicarious
2) Jambi
3) Wings for Marie (part 1)
4) 10.000 Days (part 2)
5) The Pot
6) Lipan Conjuring
7) Lost Keys (Blame Hofmann)
8) Rosetta Stoned
9) Intension
10) Right in Two
11) Viginiti Tres

Point n'est besoin de souligner en rouge certains titres puisque c'est un tout.

DISCOGRAPHIE

Ænima (1996)
Lateralus (2001)
10.000 Days (2006)
Fear Inoculum (2019)

Tool - 10.000 Days
(2006) - metal prog - Label : Volcano Records



Il est une petite chose qui est propre à la nature humaine : un besoin viscéral d’exulter, d’éructer toutes les émotions, de les exhiber le plus possible à la face du monde. S’il le pouvait, l’être humain les laisserait saigner hors de son corps tant son besoin de les rendre perceptibles, tangibles et intelligibles est puissant. C’est pour cela aussi que nous écoutons de la musique, ce si beau cri ! C’est pour cela que nous vibrons avec elle et c’est bien là ce que certains d’entre nous recherchent dans celle de Tool !
 
Une musique si riche, si complexe, si unique que l’on ne la présente plus. Une musique où aucun son, aucun détail, aucune parole ne semble pouvoir être laissée au seul jeu du hasard ! Tout y serait  voulu, pensé, mesuré au cordeau ?! Chaque émotion calculée avec un soin tout particulier ?! Jusqu’à l’artwork même : une paire de lunettes 3D offertes pour donner d’avantage de profondeur à l’imagerie et permettre peut être de voir ce qu’un champ de vision borné ne permettrait pas même d’imaginer ?! Belle idée. Et à se prêter volontairement au jeu de Tool, on ne peut être que transcendés et jouir sans aucune pudeur de sa déferlente musicale. Il aura fallu attendre cinq années pour que le groupe nous offre ce nouveau voyage introspectif. Car oui, s’il est des différences (pour certains des déceptions) par rapport à son prédécesseur, Lateralus, l’on ne peut que constater que l’esprit qui le guidait a trouvé un prolongement, peut être même est-il plus invasif et plus ironique encore. De nombreuses touches ne manquerons pas de rappeler le précédent opus (comme si Tool avait besoin d’insister sur sa patte si particulière), la construction sous forme de tableaux émotifs est restée la même, et l’on retrouve avec délices cette richesse, cette complexité et ce soupçon de surprise dans sa structure musicale, on se plaît à s'y perdre.
Difficile d’appréhender l’album track by track, une vision d’ensemble est indispensable. Sa structure suit en effet un fil conducteur précis, les émotions qui se dégagent de chaque morceau se développant de façon logique, aucun ne peut véritablement être pris isolément et compris parfaitement sans les autres (à noter en ce sens le petit jeu auquel on peut se prêter avec les morceaux "10.000 Days", "Wings for Mary" et "Viginity Tres" qui se combinent pour former un nouvel ensemble et accentuent encore cette idée). Nous sommes donc là, juste à  jubiler. L’introduction pesante de "Vicarious", puis cette sensation d’être rapidement aspirés dans un monde totalement barré, et plus rien ne nous retient déjà plus. Tout du long de l’album la voix, tantôt prenante, passionnée, émue, tantôt amère, presque cruelle, ou encore en murmures à la limite de l’audible, nous captive. Une batterie qui martèle de façon obsédante comme autant de pulsations cardiaques ou frôlant les mystères des envoûtants rites chamaniques, une basse omniprésente qui fait merveille, une guitare sans cesse torturée entre gros riffs et plaintes, étrangement proche parfois du râle humain, et des stops nets ! L’instrumentation fait « corps » (au sens propre) avec la voix pour illustrer, colorer les émotions portées par cette dernière, les rendant physiquement palpables. Et quelles émotions !
Nous pourrions discourir sans fin sur la charge sensorielle de chaque titre, sur la finesse de l’instrumentation, sur le pouvoir de cette voix, sur le caractère envoûtant de cet ensemble. Chaque titre, ainsi que nous l’avons déjà évoqué, est un tableau captivant et nul n’est besoin ici de le décrire dans sa technicité, à chacun de se l’appréhender. Tool, notre « narrateur », nous révèle nos instincts voyeurs et bouffeurs de chair humaine dans "Vicarious", nous plonge ensuite dans l’amertume, puis la prise de conscience et la peur de la perte avec "Jambi". Il brosse ensuite un portrait lumineux : celui de « l’ange » (image idéale incarnée par la mère de Maynard, emportée tragiquement - 10.000 jours environs après avoir subit un anévrisme intracrânien) et la culpabilité de ne pas être aussi parfait avec les titres "Wings For Marie" et le titre éponyme. Prières désespérées, ferveur, ou encore rites chamaniques (comme dans l'étrange "Lipan Conjuring"), s’en suivent pour illustrer l’espoir vain de retenir une lumière qui fatalement disparaîtra, tel un cordon ombilical qu'il faut nécessairement couper. Le dépit et la rage même face à l’indifférence,  ou au voyeurisme des autres. Quel éloquent passage que constitue aussi "Los Keys", très illustrant d'une sorte de détachement contre lequel on ne peut rien. Encore,  la peur, la déchirure ... et n'occultons surtout pas le dernier souffle qui clôt l'album de façon tout bonnement effrayante. J'en passe, il faudrait bien plus d'une chronique pour détailler avec soin tout ce que recèle cet album, restons donc sur cette simple et modeste mise en bouche ...


10.000 Days a surtout une spécificité. Nous somme là à jouir pleinement de plaisir sur cette musique qui n’est qu’un miroir de nos propres tourments, forçant nos yeux clos, exhibant nos torpeurs, nos hontes, nos angoisses, nos peur ! Nous sommes donc tels ces « bouffeurs de cadavres » que cette musique décrit et dénonce, et c’est là toute sa sublime ironie ! Une introspection parfaite et effrayante, presque masochiste. Je ne retirerai donc qu’un point à la note finale que j'attribue à ce superbe album (de façon purement partiale tant cette musique m’a séduite), car l’être humain a une sainte horreur de se faire donner la leçon, surtout lorsqu’il se rend compte qu’il ne peut rien trouver à redire, car il est entré de plein pied dans ce petit jeu insidieux. Mon plus grand respect messieurs !



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