Devoir rédiger une chronique d’un groupe allemand le lendemain d’une nouvelle victoire de la Mannschaft en coupe du monde, forcément c’est dur. Parce que quoi ? Qu’est-ce que vous croyez ? Que l’amusant 7-1 infligé aux Brésiliens me fera oublier ? J’entends déjà les plus jeunes dire « Mais quoi ? La victoire en quarts contre la France était méritée ! » Évidemment je ne parle pas de ça, mais bien de Séville, 1982. Battiston, Schumacher (le premier qui me parle du pilote, je le flingue !). JAMAIS je n’oublierai. Jamais, vous entendez ? Heureusement qu’il y a Destruction et Ahab, grands artisans de la réconciliation franco-allemande, (Schmier que ton nom soit mille fois loué), pour faire passer la pilule… Et puis cet Erdentempel aussi… Il aide aussi.
Première réaction d’un habitué du metal sombre à caractère épique accoutumé à dégainer son épée en plastique, quand il découvre l’album et le groupe : « Ah tiens, Bal Sagoth s’est reformé !! La vache, c’est la suite d’Atlantis Ascendant !! » . Au bout de quelques minutes « Ah c’est moins evil quand même ! » Au fur et à mesure de l’album, même si l’influence, consciente ou non, de Bal Sagoth reste importante (Ah ces claviers cheap !!! Quel bonheur !!), la palette de références s’étoffe. Metal Archives parle de « Epic Folk / Viking Metal ». Soyons clairs : on cherche encore les casques à corne, et le « folk » oui, d’accord, il y en a ("Waldschrein", "Uns’rer Flöten Klang", …), mais il ne faut pas s’attendre à revivre les fêtes villageoises de la Bavière du Xème siècle non plus. Par contre « Epic », là oui et bien comme il faut, en plus. Equilibrium est originaire d’un pays (cf. l’introduction) où la non-intégration de refrains à chanter en chœur dans les chansons est passible de peines de prison. De ce côté, Equilibrium ne risque rien du tout. Erdentempel est rempli de chorus simples et magnifiques (que les pisse-vinaigres qualifieront peut-être de pompiers, mais on s’en fout). Passé l’intro de rigueur, les trois premiers véritables titres de l’album les intègrent dans une musique tourbillonnante, assez époustouflante d’efficacité dynamique, sorte d’union entre les Anglais cités précédemment et Running Wild, sous fond de décor champêtre et/ou guerrier.
"Waldschrein" donne carrément le tournis un peu dans le style des jeunes Wilderun, tandis que le majestueux "Karawane" et ses nappes de clavier file la chair de poule. "Uns’rer Flöten Klang" est également efficace, même si l’on a parfois l’impression de se retrouver dans une BD de Lucky Luke au moment de la danse au saloon. Dans un style prêtant un peu à sourire, on trouve également les deux morceaux gags de l’album. Le premier, "Heavy Chill" est bien séduisant. Là où Windir avait intégré de la techno, Equilibrium penche pour un rythme à la Ace of Base. L’auditeur surpris peut néanmoins apprécier cette originalité. "Wirsthaus Gaudi" en revanche n’a que peu d’intérêt, si ce n’est celui de nous faire enfiler pendant quelques minutes un costume de tyrolien (la culotte verte, c’est pas très joli quand même…). Heureusement, les Teutons ne poussent pas plus avant leur sens de l’humour et, une fois l’entracte terminé, ils repartent de plus belle et délivrent encore d'excellents titres : le frénétique "Wellengang", très, très, très Bal Sagoth, ou encore le fameux "Apokalypse", plus proche des compatriotes de… Rammstein. Eh bien oui, qui dit groupe allemand, dit comparaison avec Rammstein ! On aurait pu la faire sur "Freiflug" où le « pré-refrain » ressemble fortement à celui de "Engel", mais c’était plus anecdotique, tandis que sur l’avant dernier titre, la ressemblance est plus forte. Vu sa qualité, personne ne s’en plaindra.
Tout comme The Monolith Deathcult, on sent qu’Equilibrium est un groupe de lutins facétieux, mais là où les Bataves se perdent par moments (comme leur sélection ha, ha, ha) à vouloir trop en faire, les Allemands savent limiter les moments de détente à quelques titres et proposer d’excellentes compositions de metal épique à reprendre en chœur, haut, fort et souvent. Erdentempel est rempli de morceaux de bravoure et, même s’il est très facile d’accès, la qualité des compositions en fait une œuvre durable sans aucun doute. J’en oublierais presque Hrubesch…