CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
14/20
LINE UP
-Mark "Barney" Greenway
(chant)
-Mitch Harris
(guitare)
-Shane Embury
(basse)
-Danny Herrera
(batterie)
TRACKLIST
1)Weltschmerz
2)Sink Fast, Let Go
3)Fatalist
4)Puritanical Punishment Beating
5)When All Is Said and Done
6)Freedom Is the Wage of Sin
7)In Deference
8)Short-Lived
9)Identity Crisis
10)Shattered Existence
11)Eyes Right Out
12)Call That an Option?
13)Warped Beyond Logic
14)Rabid Wolves (For Christ)
15)Deaf and Dumbstruck (Intelligent Design)
16)Persona Non Grata
17)Smear Campaign
18)Atheist Runt
19)
DISCOGRAPHIE
Inlassablement, Napalm Death sort des albums. Les représentants historiques du grindcore britannique semblent infatigables, et près de vingt ans après leurs débuts ils sont encore animés par une rage et une envie d'en découdre perceptibles à chaque instant, ce dont peu de groupes de cet âge peuvent se prévaloir. Napalm Death continue en tout cas d'être préoccupé par le monde qui nous entoure, et après un The Code Is Red... Long Live The Code en forme de signal d'alarme, le groupe s'inspire plus que jamais d'une situation internationale désastreuse et effrayante pour alimenter sa violence avec ce Smear Campaign.
Autre caractéristique fondatrice de la bande à Barney : même si leur base musicale reste peu ou prou la même (un spectre allant du thrash au brutal-death) ils tentent d'innover un minimum pour ne pas refaire strictement la même chose. Cette fois-ci ce sont les éléments symphoniques de l'intro "Weltschmerz" puis du premier titre "Sink Fast Let Go" qui surprennent. Attention, ne croyez pas que Napalm a viré Cradle : il s'agit juste de quelques renforts au clavier épars, qui viennent ça et là surprendre l'auditeur par leur capacité à rendre les riffs encore plus énormes. Car qu'ils soient dans une période « pied au plancher » comme à leurs débuts ou qu'ils privilégient le mid-tempo comme ces derniers temps, une chose ne change jamais chez les Anglais : leurs albums sont de véritables usines à riffs et Smear Campaign ne fait pas exception à la règle.
Cet album marque un certain retour à la vélocité dans les compos, mais celle-ci ne se substitue pas pour autant au talent pour les passage hardcore syncopés développés durant la fin des années 90. Des titres comme "Puritanical Punishment Beating" ou "Well All Is Said And Done" illustrent bien cette tendance à enchaîner parties rapides (voire blast-beats) à des beat-downs terrifiants de lourdeur qui font headbanguer tout seul dans son appartement. La capacité du groupe à faire ainsi groover des riffs typiquement death étonne tant ce trait est généralement réservé aux jeune formations, et de ce point de vue-là on peut dire que Napalm Death n'est pas près d'être étiqueté « groupe de ringards ». D'ailleurs avant qu'un chanteur de death moderne réussisse à n'atteindre que le quart de la violence contenue dans le growl hallucinant de Barney il risque de se passer encore beaucoup de temps...
Le chanteur fait en effet encore une fois une démonstration de supériorité vocale proprement imposante : son growl death conserve ce côté limite inhumain qu'on lui connaissait déjà mais son cri aigu black semble plus perçant et écorché d'album en album!! En parlant de chant, il est temps d'aborder le cas Anneke Van Giersbergen : beaucoup auront été surpris d'apprendre le featuring de la chanteuse de The Gathering sur cet album, et autant vous dire que le résultat est clairement décevant tant elle est sous-exploitée. Sa participation sur "In Deference" se résume à un texte parlé que n'importe qui aurait pu faire à sa place, et à quelques choeurs qui rendent très bien mais durent si peu de temps qu'on se demande bien pourquoi le groupe n'a pas réellement exploité l'alchimie pourtant bien présente entre la voix de la donzelle et sa musique de marteau-piqueur. Dommage...
Pour le reste, cet album de Napalm Death est aussi efficace et brutal qu'il est sans réelle surprise. Passé les interventions symphoniques sur deux titres les membres de Napalm Death se contentent de faire ce qu'ils font le mieux, et passée la claque du début il faut bien avouer que ce Smear Campaign lasse un peu à la longue. Il reste suffisamment de petites surprises pour que l'album ne soit pas trop répétitif (comme le passage basse-batterie de "Short Lived"), et le nombre de riffs -souvent mortels- et de changements de tempo dans chaque chanson est un assez bon rempart à l'ennui. Mais ce Smear Campaign reste un peu trop uniforme pour être excellent et s'il dégage une impression de puissance supérieure à son prédécesseur il semble également plus répétitif. Cet album reste tout de même une étalage de puissance et de hargne bienvenues, et pour peu qu'on ne s'impose pas de l'écouter d'une traite à chaque fois il saura donner aux amateurs d'extrême de très bons moments.