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CHRONIQUE PAR ...

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Blackmore
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note : 14/20

LINE UP

-Daniel Gildenlöw
(chant+guitare+basse)

-Frederik Hermansson
(claviers)

-Johan Hallgren
(basse+choeurs)

-Johan Langell
(batterie+choeurs)

TRACKLIST

1)Scarsick
2)Spitfall
3)Cribcaged
4)America
5)Disco Queen
6)Kingdom of Loss
7)Mrs. Modern Mother Mary
8)Idiocracy
9)Flame to the Moth
10)Enter Rain

DISCOGRAPHIE


Pain Of Salvation - Scarsick



Comment Pain of Salvation allait-il négocier ce qui devait succéder à BE ? Voila une question qui a fait chauffer bien des modems chez les fans. En effet, BE était une entreprise courageuse et risquée de la part du groupe et bien des fans sont passés à côté du concept, pestant contre le parti pris sans concession de ce disque hors norme. Il est évident que le nouvel album du groupe serait alors attendu au tournant, aussi bien par les fans qui avaient apprécié BE que les autres. Il ne restait alors à PoS qu'un choix réduit de possibilités pour la suite : continuer dans la voie ambitieuse ouverte par BE ou revenir à quelque chose de plus classique.

Pourtant, il n'était pas difficile de deviner où PoS allait se situer avec Scarsick. Le groupe est sorti lessivé de la période BE (un disque, un DVD live et une grosse série de concerts) et Gildenlow n'était visiblement pas très motivé pour écrire à nouveau un concept à l'ambition démesurée (il portait l'histoire de BE en lui depuis 10 ans). C'est donc sous couvert de la sécurité et du retour aux sources que Scarsick allait naître. Mais ce dont personne ne se doutait alors, c'est que cet album cacherait en réalité la suite de The Perfect Element.

On peut aisément comprendre pourquoi le groupe n'a pu juger bon d'en parler lors de la phase de production. Vouloir donner une suite à l'album le plus plébiscité du groupe après une galette aussi exigeante et controversée que BE était simplement mission impossible. Et effectivement, même l'équipe de Jim Phelps n'aurait pu la mener à bien. Scarsick est donc une déception pour ceux qui attendaient la suite de The Perfect Element mais aussi pour ceux qui attendaient quelque chose du même acabit que BE. Mais finalement, la vraie question ne serait-il pas de savoir ce que vaut Scarsick hors contexte ? Essayons d'y voir plus clair.

Musicalement, Scarsick est avant tout une sorte de menu best of du groupe. L'habitué retrouvera en effet les gimmicks du groupe avec des passages à la FNM, le chant modulé de Gildenlöw, les riffs de grattes neo-metal ou les rythmiques tribales. Cependant, la musique du groupe est ici plus directe (le très bon "Scarsick") à la manière d'Entropia et les compositions moins alambiquées. Cet aspect est cependant compensé par de très bons arrangements bourrés d'harmonies vocales et de petits effets dans tous les sens. Quelques surprises parsèment aussi le disque comme l'excellent "America" qui pastiche agréablement West Side Story ou le disco-funky "Disco Queen", très frais mais malheureusement un poil longuet et redondant. Des morceaux qui n'auraient sans doute pas vu le jour sans BE et son mémorable "Dea Pecuniae". On n'oubliera pas non plus de signaler la présence du fantastique "Flame To The Moth" qui pour le coup surprend vraiment avec son approche metalcoreuse et intense !

Mais voila, de l'intensité, Scarsick en fait cruellement défaut car il manque ici un élément essentiel de PoS : L'ÉMOTION. Si PoS est un groupe si marquant c'est pour leur délicate formule qui se situe entre musique alambiquée mais mélodique et concept complexe mais touchant. En effet, entendre Gildenlöw chanter l'histoire du dernier homme sur terre dans BE savait nous déchirer l'âme et nous fendre le cœur. L'auditeur était transporté dans l'univers PoSien pour n'être relâché que lors des dernières notes de musique. Mais ici, rien. On peine vraiment à ressentir l'effet «PoS». Peut être cela est-il dû au découpage un peu bancal de l'album (la side A est plus aventureuse avec "America" et "Disco Queen" et la side B se veut plus proche de The Perfect Element Part 1 mais les deux sont liées sans réelle cohérence) ou au fait que le disque soit parfois beaucoup trop bavard (le monologue critique des stars du rap us de "Spitfall" ).

Cependant, Scarsick réussit parfois à happer l'auditeur ou faire illusion mais malheureusement cela ne dure jamais bien longtemps comme si le groupe lui même ne croyait pas vraiment en la puissance évocatrice de son concept. D'ailleurs, peut être que le vrai problème se situe sur ce point. Les autres albums de PoS étaient proches de la métaphore alors que Scarsick utilise des références actuelles (parfois sur des détails que tout le monde aura probablement oublié dans 10 ans, alors que The Perfect Element est totalement intemporel) et tente une critique des dysfonctionnements de nos sociétés (et vise en particulier les États-Unis) de manière ironique. Seulement, où est l'humain dans tout ça ? Ce facteur clé dans l'œuvre du groupe ? A trop vouloir dénoncer, le groupe en devient manichéen et moins nuancé qu'auparavant (il y a d'ailleurs plus d'insultes que de citations cultes dans ce disque). Et comme le concept et la musique sont toujours très liés chez PoS, ce fait se ressent aussi dans les mélodies et les structures des morceaux.


Cependant, il est possible que Scarsick soit en fait une pièce d'un puzzle complexe que le manque de recul actuel ne nous permet pas d'appréhender correctement. Mais dans l'état, Scarsick est un album qui ne peut que décevoir. Évidemment, tout est relatif et c'est un bon disque de metal progressif dans l'absolu, une bonne transition après BE et une excellente entrée en matière pour le novice des Gildenloweries. Mais juger ce disque hors contexte pour le fan, c'est sans doute beaucoup trop lui demander. Comment faire fi d'un passé aussi prestigieux ? Un grand groupe a dit un jour que nous serons toujours bien plus humain que nous ne voudrions l'être. Dès lors, n'est-ce pas une réaction tout à fait humaine d'attendre de The Perfect Element Part II qu'il soit aussi touchant, renversant et émouvant que son modèle ? Si tel est le cas, désolé Daniel pour ce manque humain d'humanité mais ton disque ne bouleversera pas son petit monde ce coup-ci.


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