CHRONIQUE PAR ...
Sven
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Daniel Gildenlöw
(chant+guitare+luth+cithare+claviers +accordéon+basse+percussions+batterie)
-Ragnar Sólberg Rafnsson
(guitare+chœurs)
-Daniel Karlsson
(claviers+chœurs )
-Gustaf Hielm
(basse+chœurs)
-Léo Margarit
(batterie+percussions+chœurs)
Ont participé à l'enregistrement :
-Peter Kvint
(chœurs+mellotron+basse)
-Camilla Arvidsson
(violon)
-David Ra-Champari
(violon)
TRACKLIST
1) On A Tuesday
2) Tongue Of God
3) Meaningless
4) Silent Gold
5) Full Throttle Tribe
6) Reasons
7) Angels of Broken Things
8) The Taming Of A Beast
9) If This Is The End
10) The Passing Light Of Day
DISCOGRAPHIE
Pain Of Salvation a régné sur le metal progressif au début des années 2000, avec plusieurs albums qui font toujours office de références quinze ans plus tard. Mais le groupe a ensuite perdu de sa superbe. On a même cru à sa mise en hibernation voire à sa disparition à plusieurs occasions, faute de nouvelles. En ce début 2017, après une longue attente, In The Passing Light Of Day pourrait enfin être l’album du renouveau et du retour aux sources.
Six ans déjà. Six ans depuis Road Salt Two. Et quelques changements majeurs pour Pain Of Salvation. De line-up, déjà, puisque Daniel Gildenlöw a fait le vide autour de lui ces dernières années, restant seul maître à bord de son navire. Ne l’a-t-il d’ailleurs pas toujours été, au fond ? Il a cependant depuis renouvelé la formation en s’entourant d’excellents musiciens, que le public avait depuis découvert en live, notamment le guitariste/chanteur/multi-instrumentiste Ragnar Zolberg, qui le secondait à merveille sur scène. L’autre changement majeur dans la vie de Gildenlöw a été cette fasciite nécrosante, maladie infectieuse gravissime qui l’a conduit à passer de longs mois à l’hôpital début 2014, et qui aurait pu lui coûter la vie. On se doute que cette expérience traumatisante à bien des égards aurait pu entamer sa détermination. On a craint le pire pour lui dans un premier temps, puis pour l’avenir du groupe ensuite. Les sorties successives d’un album de reprises acoustiques puis d’une version revisitée et live de Remedy Lane avaient quelque peu rassuré, mais la nouveauté se faisait toujours attendre… Et c’est alors qu’arrive In The Passing Light Of Day. Le titre en dit long sur l’ambiance générale. Daniel a été abîmé dans sa chair, au sens propre, et dans son âme. Il le dit lui-même d’ailleurs: « ce qui a commencé comme une infection a, en seulement quelques heures, basculé vers la possibilité de mon décès ». On imagine bien la nécessité pour un artiste d’exorciser un événement aussi traumatisant…
L’album s’ouvre par "On A Tuesday". Un riff agressif, une batterie sèche et puissante, un son riche, très vivant, quasi-viscéral. Puis arrive Daniel, son timbre chaleureux, toujours aussi agréable. Les hostilités débutent donc par un morceau très métallique, bien plus que ce que les Suédois ont pu proposer ces dernières années. Couplet, refrain (excellent), couplet, refrain, un pont délicieusement chanté par un Ragnar Zolberg qui occupera une place très importante tout au fil de l’album, une accélération hargneuse… Et c’est l’éclat de grâce. Le moment sacré dont Pain Of Salvation a le secret. Quelques notes de clavier et le chant chargé d’émotion d’un Daniel au sommet de son art avant une montée en puissance magistrale. Les frissons sont là. Ils l’ont donc fait, ils sont bel et bien de retour. La souffrance et les doutes qu’a pu éprouver Gildenlöw pendant ces mois d’épreuve sont partagés par l’auditeur tout au long de ces dix premières minutes.
On ne pourra que se ravir de retrouver les qualités du groupe qui nous avait offert Remedy Lane, The Perfect Element ou encore Be. Dans certains riffs biscornus, comme sur "Full Throttle Tribe". Dans des lignes de chant admirables, qu’elles soient accrocheuses ("Tongue Of God") ou plus douces ("Silent Gold"). Dans certaines constructions de morceaux alambiquées ("Reasons") ou des montées en puissance intenses ("The Taming Of A Beast", "If This Is The End"). Comble du luxe, "Angels Of Broken Things" offre des soli magnifiques pour conclure un morceau qui ne l’est pas moins. Tout du long, les différents musiciens s’illustrent, notamment Ragnar Zolberg, qui démontre de grandes qualités vocales ("Meaningless" en est un parfait exemple) et rassurent si besoin était sur la capacité de Pain Of Salvation d’exister à nouveau en tant qu’entité à part entière. En guise de cerise sur le gâteau, le quasi-éponyme "The Passing Light Of Day" joue à nouveau la carte de l’intimité pour faire partager une fois encore les différents sentiments qui ont pu animer les pensées du Suédois pendant ces longs mois de souffrance et de doute. Malgré tout, le sentiment qui se dégage, une fois l’écoute terminée, est celle d’un Daniel Gildenlöw apaisé, quasi-ressuscité, et plus désireux que jamais de vivre après cette expérience ô combien douloureuse.
Trop souvent, la promotion d’un groupe passe par l’évocation de ses heures de gloire, souvent perdue. Pour In The Passing Light Of Day, l’évocation de Remedy Lane ou de The Perfect Element est logique. Tant pour l'inspiration et pour la qualité de la prestation musicale que pour les émotions qu’il crée chez l’auditeur. Les épreuves subies par son leader semblent avoir fourni à Pain Of Salvation l’énergie suffisante pour renouer avec son glorieux passé. On a eu de quoi s’inquiéter : voici maintenant de quoi espérer. Et l'on ne peut que s’en réjouir.