CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Thomas
(chant)
-Ben
(guitare)
-Charlotte
(basse)
-Etienne
(batterie)
TRACKLIST
1)Ténèbres
2)Des illusions
3)Être ou ne pas être
4)Ce que tu es
5)Le rouge et le noir
6)À chaque seconde
7)Pornographie
8)3'38
9)Tout à un détail près
10)La belle inconnue
11)Pas assez loin
12)La réponse
13)Ainsi soit-il
14)Superstar
15)Le poids des mots
16)"Si" n'existe pas
DISCOGRAPHIE
Après une démo, trois albums, mais surtout des centaines et des centaines de concerts leur ayant apporté un statut confortable de leader de la scène rock indé française (et un statut de groupe de la honte chez les métalleux), il était temps qu'AqME sorte un album live. La formation a en effet joué dans pratiquement toutes les salles de France, mobilisant parfois plus de monde que les têtes d'affiche pour qui ils ouvraient, comme durant la tournée Sriracha avec Lofofora par exemple. Et pourtant ce n'est pas en France qu'ils ont décidé d'enregistrer ce Live(s), mais à Bruxelles... qu'importe après tout ?
Ce live ayant été enregistré sur la tournée consécutive à la sortie de La Fin Des Temps, on ne sera pas étonné de voir le groupe attaquer avec le très rock "Ténèbres", emblématique de la direction plus groovy de l'album en question. Le public est déchaîné : bien qu'il soit mixé bizarrement en arrière on l'entend chanter les chansons comme un seul homme, ou plutôt comme un seul ado car la tonalité aiguë des cris de joie ne laisse pas beaucoup de doute quant à l'âge moyen de la foule. Le son est bon : s'il pâlit forcément comparé à la surproduction qu'est le petit dernier Hérésie il retranscrit bien le côté noisy et sale propre au groupe. La basse de Charlotte est toujours aussi vrombissante, les différents sons de Ben sont nickels et la batterie d'Etienne claque relativement bien (la grosse caisse ressort plus que sur le dernier album). Quant à Thomas il est bien mixé mais inégal : les problèmes de justesse qu'on lui connaît sont peu présents mais ressortent d'autant plus quand ils arrivent, comme sur "Ce que tu es" et le refrain de "Pornographie". En tous cas une chose semble certaine : l'absence d'overdubs mentionnée sur le CD n'est pas un mensonge.
Le paradoxe AqME est flagrant sur ce live : les paroles, qui sont la cible de la plupart des critiques, sont indéniablement un facteur capital du succès du groupe. Il suffit d'entendre la foule reprendre à pleins poumons les textes de "Le rouge & le noir", de "Tout à un détail près" ou de "À chaque seconde" pour comprendre à quel point le public s'est identifié à l'obsession de Thomas pour les amours compliquées et destructrices. Et ça fonctionne : les titres en question sont magnifiés par cette communion entre les musiciens, le chanteur et les spectateurs... il faut dire que niveau tubes AqME a de quoi faire, et le son cru du tout comme l'énergie dégagée rendent une compo comme "Pornographie" bien plus directe et moins formatée que sa version studio. Par contre les ambiances plus subtiles passent moins bien le cap de la scène : les 9'37 de "Ainsi soit-il" mettent un temps infini à se dérouler, alors qu'un titre néo jumpy comme "Superstar" passe lui comme une lettre à la poste et que les harmonies métal de "Le poids des mots" sont pour le coup saisissantes. Autre souci : une longueur excessive qui rend l'écoute de bout en bout assez difficile.
Fidèle à sa réputation de groupe de scène, AqME a délivré avec Live(s) un bon témoignage de leurs performances. Mis à part le problème des longueurs qui gênent l'écoute ça et là, on peut surtout regretter que ce live soit sorti avant Hérésie dont les compos donnent d'ores et déjà l'impression d'être forcément monstrueuses sur scène! Les titres étant fidèles aux versions studio quoique plus pêchus, ce live est un bon choix que l'on souhaite découvrir le groupe ou parfaire sa collection.