CHRONIQUE PAR ...
Joe Le Hareng
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
16/20
LINE UP
-Cedric Bixler-Zavala
(chant)
-Omar Rodriguez-Lopez
(guitare)
-Isaiah Ikey Owens
(claviers)
-Juan Alderete
(basse)
-Thomas Bridgen
(batterie)
-Marcel Rodriguez-Lopez
(percussions)
TRACKLIST
1)Aberinkula
2)Metatron
3)Ilyena
4)Wax Simulacra
5)Goliath
6)Tourniquet Man
7)Cavalettas
8)Agadez
9)Askepios
10)Ouroborous
11)Soothsayer
12)Conjugal Burns
DISCOGRAPHIE
Décrire un album des Mars Volta n'est pas une mince affaire tant l'univers développé par la paire Rodriguez-Lopez/Bixler-Zavala est coloré et complexe. Celui-ci ne déroge pas à la règle. Repoussant encore les limites posées par les albums précédents les Mars Volta nous proposent un drôle de voyage, peuplé de chansons d'une intense complexité et pourtant terriblement viscérales.
Dès les premières notes, The Bedlam In Goliath se révèle extraordinairement dense et énergique et les premières écoutes risquent d'en déconcerter plus d'un : innombrables plans de guitares qui peuplent les titres (riffs tous azimuts, soli dissonants, gimmicks funky) largement saupoudrés de cuivres et de percussions aux inspirations hispaniques, les musiciens d'El Paso ne font pas dans la simplicité. L'opus débute sur les chapeaux de roues avec le très énergique diptyque "Aberinkula" / "Metatron" où les couches de guitare qui partent dans tous les sens viennent former un étrange canevas musical pour le chant extatique du décidément très talentueux Cedric Bixler-Zavala. L'enchaînement vient doucement mourir sur la très réussie "Ilyena" : la guitare funky d'Omar Rodriguez-Lopez et son utilisation très intelligente de la wah est magistrale de bout en bout et les différents passages viennent naturellement s'articuler sur les lignes de chant extraordinaires de Bixler.
Beaucoup plus accessible et particulièrement jouissive, "Goliath" est la clef de voûte de l'album. Plus conventionnelle dans sa structure couplet/refrain la première partie nous offre un bon moment de rock groovy où la batterie, plus discrète sur les autres morceaux, explose littéralement. Puis les chevaux s'emballent, les guitares accélèrent et Bixler pousse sa voix dans ses derniers retranchements pour donner au morceau un final tonitruant! Place à "Tourniquet Man" et sa mélodie psychédélique pour nous laisser souffler après le déluge musical et c'est reparti pour un tour! Cavalettas et Agadez débarquent avec force et fracas : basse bondissante et guitares nerveuses pour la première, chant empli d'émotion et passages latinos pour l'excellente "Agadez".
Intense donc. Malheureusement, si l'intensité musicale de l'album en fait tout le sel, elle joue aussi en sa défaveur et la longueur des morceaux (entre 6 et 8 minutes) n'arrange pas les choses. De plus The Bedlam in Goliath fait partie des albums qu'il n'est pas évident de fractionner : l'écoute continue favorisant l'immersion dans le monde musical des Mars Volta (et permet ainsi de profiter du concept de l'album : les effets néfastes d'une planche ouija ramenée par Omar de Jerusalem qui aurait libéré l'esprit Goliath venu pourrir l'enregistrement de leur opus et leur tournée). Il devient alors difficile d'apprécier la fin de l'album et on passe un peu à côté des quatre derniers morceaux. "Askepios" manque cruellement de l'énergie des titres précédents, "Soothsayer" et son ambiance arabisante est à la limite du supportable et "Orouborous" sauve les meubles avec un tandem basse/percussions intéressant. Reste que The Bedlam in Goliath est un excellent album, avec des chansons contenant chacune suffisamment d'idées pour écrire un album complet et un chanteur au talent incontestable tant dans l'exécution que dans la création. Car si la complexité du fond musical tissé par Rodriguez peut rebuter à première vue, les lignes de chant intelligentes et puissamment viscérales de Bixler permettent d'assurer la cohésion des morceaux et une écoute des plus ludiques.
Inutile de préciser que cet album n'est pas le plus conseillé pour découvrir le groupe et qu'une solide connaissance des travaux des Mars Volta est requise pour pleinement apprécier la complexité de l'album et les compos bourrées d'idées jusqu'à la gueule. Il n'empêche que malgré le côté cérébral de la musique des Texans, on peut simplement être touché par la capacité des musiciens à nous emmener ailleurs et se laisser emporter dans l'univers musical des Mars Volta.