CHRONIQUE PAR ...
Beren
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
15/20
LINE UP
-Toschie
(chant)
-Thomas Tofthagen
(guitare)
-Ice Dale
(guitare+basse)
-Kjetil Greve
(batterie)
TRACKLIST
1)Last Chance for a Serenade
2)Jaws
3)Last Call
4)Threshold
5)Monster
6)Afterglow
7)In the End
8)Pretty Girls Make Graves
9)Bright Lights
10)Hell Hath No Fury
11)I Wish You Well
12)So Long, Euphoria
DISCOGRAPHIE
Les lois du mercantilisme sont décidément impitoyables: le premier album d'Audrey Horne (No Hay Banda, relecture personnelle et très réussie du schéma hard-rock/grunge des belles années, Alice In Chains en tête) a fait son petit effet en Norvège, mais il est malheureusement passé relativement inaperçu à l'étranger. Résultat: il a fallu attendre plus de six mois après sa sortie en Norvège pour enfin pouvoir apprécier le second album du groupe!
C'est ainsi que Le Fol a débarqué chez nous fin février – mais il reste difficile à trouver, sa distribution restant très disparate – et avec, lui, son lot de surprises. On connaissait la passion d'Arve Isdal, le guitariste d'Enslaved ici sous le pseudo d'Ice Dale, pour le rock alternatif et le hard-rock mais celle-ci éclate au grand jour avec ce second opus, moins torturé et moins amer que le précédent. Là où No Hay Banda déroutait son auditeur en détournant le son très américain proposé par le mythique Joe Barresi (Queens Of The Stone Age, Tool) par des ambiances souvent glaciales et un riffing très technique, Le Fol ressemble beaucoup plus à un exercice de style se fondant désormais bien plus dans le moule.
Le lissage observé par le groupe, aussi bien au niveau du son – beaucoup plus homogène et mélodieux – que des compositions en elles-mêmes ("Last Call", "Pretty Girls Make Graves", bijoux d'énergie brute qui allient mélodies-déflagrations avec une simplicité d'exécution confondante) ne dérange pas, bien au contraire. Audrey Horne fait désormais penser à un groupe dont le compteur serait resté volontairement bloqué pendant les plus belles heures du genre et il le fait bien: l'enrobage et le contenu ne faisant désormais plus qu'un, il est bien plus facile de croire en cet album aujourd'hui qu'en No Hay Banda à son époque.
La mélodie de Faith No More sans le côté déjanté Patton-esque et l'énergie brute d'Alice In Chains en point de mire auxquelles on ajouterait une mélancolie lascive ("In the End") et de légers relents progressifs (les claviers vintage de "Jaws", l'explosivité de "Wish You Well", l'utilisation malicieuse du riffing dans "Bright Lights", trois exemples de la capacité du groupe à maîtriser le genre): voilà qui convient d'apprécier Audrey Horne pour ce qu'il représente, c'est à dire non pas un projet-pastiche (certains pourraient pourtant déceler ça et là quelques accointances malheureuses que ça n'en serait pas étonnant) ou un « projet-revival », mais plutôt un solide rôle de composition à la définition purement artistique.
Chanteur de premier plan, Toschie, grâce à des modulations de toute beauté et un timbre inhabituel pour le genre, se charge d'apposer la dernière pierre à l'édifice et on voit aucune objection à se laisser prendre au petit jeu d'Arve Isdal, qui décidément, surprend son monde par sa largesse d'esprit exemplaire et son intégrité musicale étonnante. Il ne faudrait pas pour autant qu'il laisse tomber Enslaved à cause de l'amour adolescent qu'il porte aux racines du hard-rock, mais comme le gaillard sait y faire et qu'il a besoin d'espace pour s'exprimer, l'adhésion est rapide et sans arrière-pensée malheureuse. Plus que conseillé.