CHRONIQUE PAR ...
Alexis KV
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
14/20
LINE UP
-Toschie
(chant)
-Herbrand
(claviers)
-Arve
(guitare)
-Thomas
(guitare)
-Tom
(basse)
-Kjetil
(batterie)
TRACKLIST
1)Dead
2)Listening
3)Get a Rope
4)Deathhorse
5)Confessions & Alcohol
6)Candystore
7)Blackhearted Visions
8)Bleed
9)Crust
10)Weightless
11)The Sweet Taste of Revenge
DISCOGRAPHIE
«Un album-hommage au metal américain par des membres de groupes de black-metal norvégien »est une définition qui sonne un peu bizarrement même aux oreilles des mélomanes metalleux avertis. Et pourtant, c'est bien ce que nous propose Audrey Horne, side-project assez atypique dont font partie entre autres le guitariste Arve (Isdal) et le claviériste Herbrand (Larsen), tous deux d'Enslaved. Un musicien du groupe Gorgoroth serait aussi de la partie, mais je vous laisse le soin de le découvrir dans la liste de prénoms ci-dessus, aucune biographie détaillée n'étant disponible pour l'instant.
Le nom du groupe fait référence au personnage de Twin Peaks (par David Lynch, est-il besoin de le rappeler), collant d'assez près à l'esprit torturé de la musique. Le titre de l'album en espagnol évoque d'ailleurs la question suivante: nos chers Norvégiens seraient-ils en manque de soleil? A l'écoute des onze titres de No Hay Banda, on comprend que même s'ils tentent de s'éloigner radicalement des aurores boréales et des fjords balayés par le vent glacial, le soleil recherché par les membres d'Audrey Horne reste désespérément froid et malveillant. Pas question de se dandiner nonchalamment sur un air latino à la Enrique Iglesias, ce sont plus les ambiances mélancoliques, dépressives ou schizophrènes caractéristiques de groupes comme Alice In Chains, Soundgarden ou Faith No More qui priment sur cet album.
On pourra par ailleurs saluer la démarche jusqu'au-boutiste du groupe, qui a fait produire son album à Los Angeles par Joe Brassi, qui a déjà collaboré avec Queens Of The Stone Age, Monster Magnet, Limp Bizkit, Tool, Foo Fighters… Un palmarès de choix parmi lequel Audrey Horne ne devrait pas faire pâle figure, car même si pour les amateurs de rock et metal alternatif d'outre-atlantique, la galette ne recèle que peu de surprises, la recherche dans les compositions et le talent d'interprétation sont bien présents. Toschie fait à ce titre preuve d'une polyvalence et d'une variété de registres plus qu'appréciable: mélodiques, agressifs, susurrés ("Deathhorse") ou narrés ("Candystore" et son speech qui m'a fait penser à "Prison Song" de System Of A Down), ses interventions restent, à de rares exceptions près, très efficaces. Les guitares sont dotées d'un son bien gras, presque flou, qui rend les parties planantes particulièrement intenses sans pour autant nuire à la clarté et la précision des rythmiques.
«Mais alors, c'est fini, ils ont craqué, ce sont des vendus? Je peux mettre mes disques d'Enslaved à la poubelle?» se demandera le true fan de black-metal soucieux de sa bonne image. Bon, sans avoir à recourir à des mesures aussi extrêmes que la liquidation des perles de la bande à Ivar Bjørnson, on pourra quand même dire qu'il y a une part de vérité dans cette affirmation. No Hay Banda est clairement plus "calibré" grand public, pour utiliser l'expression consacrée, et il faudrait vraiment être un automate pour ne pas fredonner dès la première écoute le refrain de "Confessions & Alcohol" ou ne pas se poser de questions sur la santé mentale du chanteur après "The Sweet Taste Of Revenge". Un album qui n'a peut-être rien d'exceptionnel, en même temps convaincant par l'atmosphère sombre et mélancolique qu'il parvient à instaurer, et je pense qu'à ce titre on peut non seulement "pardonner" cet "écart de conduite", mais aussi suivre gaiement nos amis Norvégiens dans cette escapade.