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CHRONIQUE PAR ...

98
Tabris
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 18/20

LINE UP

-Bobby Cochran
(videaste / photographe)

---

-Colin H. Van Eeckhout
(chant)

-Mathieu J. Vandekerckhove
(guitare)

-Lennart Bossu
(guitare)

-Levy Seynaeve
(basse)

-Bjorn J. Lebon
(batterie)

---

-Marteen Kinet
(photographe / basse)

-Stefaan Temmerman
(photographe)

-Jens Vrancks
(lights /visuals)

-Dehn Sora
(visual artist / musicien)

-Hein Devos
(sounds)

-Philippe Lantoine
(merchandising / tatoueur)

TRACKLIST

1) Origines
2) Milarium
3) Spectrum et Ingenium
4) Familia
5) Eclesia Liberatum

DISCOGRAPHIE

Mass IV (2008)
Mass V (2012)
Alive (2016)
Mass VI (2017)
A Flood of Light (2019)

Amenra - A Flood of Light
(2019) - inclassable A documentary by Bobby COCHRAN - Label : Neurot Recordings



« There is such breadth and depth to the art that Amenra and their collaborators bring to the world, but there's so much more going on than what most people get to see. The collective of artists who move and work together in fluid and synergistic ways, the individuals whose personal lives weave in and out of the trajectory of the band, the deep devotion to friendship and art and the soul-searching that comes along with it ... that is what I hoped to shine a light on with this film. I think we got that, and a whole lot more. » (Bobby Cochran)

Initialement intitulé XX Viginti Annis, A Flood of Light, réalisé par le vidéaste et photographe Bobby Cochran, ne se contente pas de célébrer les vingt ans de carrière d'Amenra en en brossant une sorte de rétrospective telle qu'on serait tenté de l'attendre. Il va plus loin que ça et s'inscrit à ce titre avec bonheur dans la continuité du courant artistique inspiré par Amenra et plus amplement de la Church of Ra. Dans le sillage du groupe depuis plusieurs années à présent, Bobby Cochran, avec l'aide de Stefaan Temmerman et de Jens Vranckx pour les images additionnelles et les documents d'archives, a su saisir dans ce documentaire ce qui fait l'âme d'Amenra et nous offre aujourd'hui d'en découvrir le portrait le plus intime proposé à ce jour. A Flood of Light, c'est justement ça : une mise en lumière. Des personnes, du processus créatif, de la recherche d'esthétique, du sentiment qui nourrit la création et de son impact sur les gens.


Mise en lumière des musiciens donc, qui, tour à tour, nous délivrent leur sentiment sur ce que représente pour eux Amenra, depuis les origines jusqu'à aujourd'hui. Nous découvrons ainsi ce qui a permis au collectif de voir le jour, l'idée initiale d'une musique qui se voulait d'ores et déjà différente, plus réfléchie, plus émotionnelle, mais aussi plus abstraite. Une musique qu'il aura été difficile de défendre au début sur la scène hardcore où elle a vu le jour. Et cette proximité entre les musiciens, tant géographique qu'humaine, qui leur aura permis de partager l'énergie, les idées et la conviction nécessaires pour développer la magnitude de leur son et l'émotion recherchée, et devenir ce qu'ils sont aujourd'hui.
Mais parole est aussi donnée à d'autres personnes qui accompagnent Amenra dans son processus créatif, des acteurs de l'ombre. Ainsi, tour à tour, Jens Vrancks, Hein Devos, Stefaan Temmerman, Philippe Lantoine, Dehn Sora, à leur tour délivrent leur émotions, celle de la prime découverte, puis celle d'intégrer le processus. À travers eux, c'est aussi toute l'esthétique qui entoure Amenra qui nous est présentée plus finement. Les photographies noir et blanc, avec beaucoup de bruit, à l'image de la vie qui n'est pas toujours joyeuse et colorée. Les symboles (religieux) que chacun connaît et dont s'empare Amenra pour les redéfinir, ainsi que l’iconographie (le tripod). L'esthétique du corps et de la douleur (une recherche spirituelle de transcendance, s'approprier la douleur des autres, l'illustrer pour ceux qui ne peuvent l'exprimer avec force). Les lieux enfin, les sanctuaires (approche non conventionnelle), les caves (un renvoi aux origines primitives de l'homme) et les bois (pour une approche plus organique). Le tout, guidé par l'idée de saisir quelque chose de spirituel, de créer un lieu abstrait et sécure où ceux qui cherchent quelque chose qui leur manque peuvent venir se réfugier, en partant de ce que l'on connaît pour le redéfinir, en changer l'approche et conduire à l'interrogation, la réflexion et porter l'émotion à un niveau élevé, sans barrière, sans limites pré-définies.
La focale se pose encore sur la famille et les proches, car l'équilibre entre la vie de musicien et la vie personnelle impose des choix que l'on sait difficiles, des sacrifices, source de préoccupations mais aussi d'inspiration dans l'écriture. Là encore, Amenra se découvre sous un jour atypique, car les membres du collectif affirment bel et bien trouver en son sein une grande compréhension et un sentiment de fraternité exceptionnel qui leur permet de se composer un équilibre avec bien plus d'aisance qu'au sein d'autres groupes. C'est donc un état d'esprit très particulier qui est mis en avant, non seulement dans le processus créatif, mais surtout en tant que lien humain, unique, entre toutes ces personnes.
Enfin, c'est la lumière – la notion elle-même. Car la musique d'Amenra, aussi incisive et douloureuse soit elle n'a qu'un objectif, se poser comme une lueur d'espoir pour celui qui l'écoute. C'est alors le sentiment qu'elle suscite qui est illustrée, celui d'une musique qui se veut sincère et qui s'offre comme une catharsis dans laquelle les gens peuvent se reconnaître, dans laquelle le chagrin prend soudain un sens véritable et qui veut inspirer chacun à aller chercher au-delà de la souffrance. Une musique qui se découvre avoir un réel impact sur les gens, ces gens qui témoignent véritablement de ce que cette musique leur a apporté à un niveau très personnel. Et c'est alors la volonté de dépassement des artistes dans cette vision que nous découvrons. Ne se posant aucune limite, saisissant chaque échange, chaque conversation pour l'emporter avec eux, n'ayant pour focale que la vie, ils s'efforcent de raconter une histoire. Une histoire qui se veut celle de chacun, quelque chose auquel nous pouvons tous nous connecter, puiser, ressentir et exulter. Et de pousser les choses au maximum, de rechercher toujours plus, que ce soit dans la création du collectif de la Church of Ra, dans les performances artistiques qui entourent la musique, l'implication intellectuelle et physique. Le sens même d'un set, cette musique qui se déverse violemment et qui soudain s'arrête, comme si tout avait été débranché. À l'image de la brutalité de la vie.
« Nous regardons le monde, les relations, chaque moment à travers le prisme d'Amenra et cherchons à faire quelque chose qui a du sens » (Colin H. Van Eeckhout).


Bobby Cochran illustre donc toute cette lumière avec succès, à travers le choix qui a été fait des questions posées à chacun, mais aussi et surtout par son travail de l'image, son angle de vue d'une grande esthétique, qui nous offre de découvrir plus que la scène, plus même que le backstage. Des instants complices et sincères, révélateurs de cette amitié qui lie chaque membre de l'atypique collectif dans une expérience qu'ils qualifient eux-même d'unique. Une expérience qui est volontiers comparée à une bataille contre un ennemi invisible qui, lorsque tout se passe bien, leur procure un sentiment de force incomparable, indescriptible, magique. Une expérience viscérale tournée vers la notion d'être que tout amateur avisé de la musique d'Amenra perçoit intuitivement, mais qu'il est bel et bon de voir ainsi retranscrite pour qui douterait que la musique peut vouloir être autre chose, de plus intime, de plus profond, de plus réfléchi que juste une explosion de virulence sonore et un gagne-pain.

Amicia Fortior


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