Death -
Scream Bloody Gore
Bon, comment commencer une chronique portant sur Scream Bloody Gore sans sombrer dans le cliché, « et oui, voici un disque qui a marqué à jamais l’histoire du metal grâce au génial esprit visionnaire de Chuck Schuldiner » ? Très simple, on sombre. Attention, voici un disque qui révolutionna à jamais l’Histoire du metal grâce au visionnaire esprit de Chuck Schuldiner (notez au passage la fabuleuse utilisation de la langue française à des fins de non répétition). En 1987, ce qui se fait de plus violent s’appelle Slayer ou Bathory. Et pourtant, dans la mare, un pavé est lancé, et ses remous se font encore et toujours entendre de nos jours. A tel point qu'affirmer que ce disque endort la majorité des albums de death actuels ne relève vraiment pas de la folie.
Ici, les guitares foncent à toute bombe, et c’est vraiment épuisé que l’auditeur achèvera l’écoute de Scream Bloody Gore, bien plus violent que ne le laisse présager une première écoute distraite. En effet, loin de pilonner dans le blast beat ultra violent, Death se contente d’asséner des riffs à toute berzingue avec une précision assez chirurgicale et surtout il opère plutôt dans la dissection maladive que dans le tronçonnage brutal. Et ça fait mal. Un disque qui commence par un "Infernal Death" a de quoi vous plaquer au sol. Vous aurez beau faire votre cake avec votre brutal death, ici la violence se fait ressentir de tous les instants, même quand le groupe daigne baisser le pied. Le chant de Chuck ne fait ni dans l’ultra guttural, ni dans le criard dont il usera sur la fin. C’est hurlé en poussant quand même sur le « Roooaaar ! », mais jamais une impression de vomi putréfié vous empoignera. Quoiqu’il en soit, le chant s’accorde très bien à la musique.
Les riffs superbes sont vraiment nombreux, au hasard "Denial Of Life", et la qualité d’ensemble de l’objet est remarquable pour un premier effort. Death est encore un groupe jeune qui tend à aller droit au but, et c’est vraiment agréable. De plus, le disque n’est pas desservi par une production qui se révèle à la hauteur, même si pas géniale, avec un mur de guitare qui permet de bien se le prendre dans la face. On entend même la basse ! Elle assène d’ailleurs quelques coups propres à vous enfoncer tel un clou dans la terre. Le rythme ne baisse jamais et c’est vraiment à un excellent disque de death que nous avons affaire. En plus, y’a même le refrain qui tue sur "Mutilation", « mutilation !!!!!!! », lovely. Une petite pensée pour l’exceptionnelle intro de "Evil Dead", magnifique à vous tirer la larme de l'œil, et surtout un océan de douceur dans cette mare de brutalité. Vraiment bien trouvé.
Et c’est là qu’il faut quand même saluer la qualité de composition de Mr Schuldiner qui, tout en restant toujours dans un cadre assez défini et identique le long du disque tout de même, arrive à captiver l’auditeur. Les riffs sont toujours justes et les soli, très courts et aigus, n’arrivent pas comme un cheveu sur la soupe. Ils ont leur rôle à jouer. Et puis il y a toujours une ligne directrice vraiment plouffante (à se jeter dans l’eau de joie quoi). Ou même des grosses accélérations à vous couper le souffle comme sur "Regurgitated Guts" (ah oui, Chuck n’est pas encore un poète à l’époque).
Ben voilà, je suppose qu’il n’y a plus grand-chose à dire sur ce disque fondateur, si ce n’est qu’il ne préfigure en rien la carrière de Death, surtout son virage technique, même s'il pose des bases tellement élevées qu’on se dit que le petit Chuck en a derrière sa guitare. En tout cas, vraiment impressionnant pour un premier effort et la seule chose qu’on pourra réellement lui reprocher, c’est de sonner un peu pareil tout au long de l’album. Les différences entre les chansons ne sont pas vraiment flagrantes ce qui peut se révéler lassant à la longue. Mais ne faites pas trop de cas ce cette faute goût car l’ensemble en vaut la peine. Un sacré concentré d’énergie !
P.S : y’a 2 petits live sur la réédition. Sympa et le son est pas trop à chier.