Chronique : Amorphis Borderland (2025)

CHRONIQUE PAR ...

Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 07 novembre 2025

Sa note : 14/20

LINE UP

-Tomi Joutsen
(chant)

-Esa Holopainen
(guitare)

-Tomi Koivusaari
(guitare)

-Santeri Kyösti Kallio
(claviers)

-Olli-Peka Laine
(basse)

-Jan Rechberger
(batterie)

Ont participé à l'enregistrement :

-Francesco Ferrini
(orchestration)

-Oskari Auramo
(percussions)

TRACKLIST

1) The Circle
2) Bones
3) Dancing Shadow
4) Fog to Fog
5) The Strange
6) Tempest
7) Light and Shadow
8) The Lantern
9) Borderland
10) Despair

DISCOGRAPHIE

Tales from the Thousand Lakes (1994)
Elegy (1996)
Tuonela (1999)
Eclipse (2006)
Silent Waters (2007)
Skyforger (2009)
Magic And Mayhem - Tales From The Early [...] (2010)
The Beginning Of Times (2011)
Circle (2013)
Under The Red Cloud (2015)
Queen of Time (2018)
Halo (2022)
Borderland (2025)

Amorphis - Borderland

(2025) - death metal mélodique - Label : Reigning Phoenix Music

« J't'aime comme ça
(...)
Sans artifice
Un point c'est tout
Un point c'est toi. »
Non, je ne me suis pas trompé. Pas de chronique du premier album de Zazie par ici. Pas non plus, que je sache, d’accointances entre la chanteuse française et Amorphis. C’est juste que Borderland représente tellement le groupe que j’ai directement pensé à "Un point c’est toi". En vérité, Borderland aurait pu se nommer Amorphis qu’il n’y aurait rien eu à y redire.

Pas de "Daughter of Hate", pas de "Windmane", pas de chanteuse invitée, pas de passages folk, pas de brutale remontée de death metal. Je pourrais continuer avec cette litanie, tel Johan Edlund sur "Church of Tiamat" pendant un bon moment, mais vous avez compris. Borderland nous montre, sans fard, le véritable Amorphis depuis qu’il a décidé d’entériner sa formule musicale il y a presque vingt ans, avec la sortie d’Eclipse, et l’arrivée de Tomi au micro. L’Amorphis des titres insipides comme cette inquiétante ouverture fade qu’est "The Circle" comme l’Amorphis accrocheur de "Bones" ou "Dancing Shadow". Le seizième album des Finlandais ressemble à une revue de matériel et, en ce sens, il comprend tous les éléments fixes de ce qu’on pourrait appeler, sans ironie, le Death FM ou l’Adult Oriented Death. Un chant clair prédominant et caractéristique, quelques graous disséminés de-ci, de-là, des riffs de death melo, couplés à des sonorités de guitare beaucoup plus cristallines. Et des claviers, bien sûr ! En nappe, en mode vintage/early The Gathering, ou sous forme de notes clairement détachées, pour les fameuses intros du groupe. Quel fan d’Amorphis ne connait pas ces intros, où les touches noires et blanches sont rejointes par les guitares, puis par le grunt de Tomi ? Avant que la mélodie, soit, bien sûr, répétée un demi-ton au-dessus.
Nous y avons le droit, bien entendu, deux fois, même. Sur "The Strange" et sur un "Light and Shadow" délicieux, cristallin et mélancolique. Bref, la seule « innovation » - un bien grand mot… - de Borderland réside dans les petites touches symphoniques à la fin d’un agréable "Despair" - sans le « Shape of » devant, pas de funeral doom au programme… Pour le reste, Amorphis se contente de s’exposer tel que le groupe est. Avec ses forces, ses facilités de composition et ses astuces de vieux briscards, comme avoir judicieusement retardé d’une seconde le growl du refrain de "Dancing Shadow" ou lâcher des « Bones! » explosifs sur le titre du même nom. Avec ses coups de moins bien également : "The Circle", donc, mais également, "Fog to Fog" ou "The Strange", plutôt pâlichons. Difficile donc de crier au génie, mais le feeling mélancolique s’installant progressivement pour devenir patent à la fin de l’album, me ferait presque verser ma petite larme devant cette sorte de mise à nu. Moins rentre-dedans que Queen of Time moins dark/prog que Halo, Borderland ne changera rien du tout dans nos vies. Les tenants d’un death metal un tantinet authentique détesteront et les fans de death ultra-mélodique salueront le nouvel arrivant. Et la Terre continuera de tourner.

Alors qu’Alice ne sent pas chez lui à Borderland, les gars d’Amorphis, eux, y sont comme à la maison. Sans artifices, le dernier album des Finlandais propose un death encore plus mélo que sur les deux derniers albums mais ne sombre pas non plus dans la mièvrerie. Fort de plusieurs jolis titres, il permettra aux pros et aux antis de camper sur leurs positions. Sortir de sa zone de confort ? Pour quoi faire ?