- Département Eternel des Causes Perdues, Winter le Bon Samaritain, que puis-je faire pour vous ? Merci Foule Fête ? Désolé, Madame, il est au congrès de Réhabilitation de The Principle of Evil Made Flesh cette semaine… Pour Amorphis ? … Oui, sa chronique de Tuonela… je comprends, il serait presque crédible, il est doué, vous savez… Malheureusement, comme je vous disais, il est absent et … Défendre Far from the Sun ? Nous pourrions peut-être arriver à un arrangement…
- Oui, «
Winter » avec un «
W » comme «
Wotan » ou «
Wineyard », mais je ne vous conseille pas de vous adresser à ces deux lascars, ils sont plutôt du genre impitoyable… Si j’ai fait mes preuves ? J’ai mis 14 à
Cold Lake et 13 à
Requiem… Oui voilà… Donc vous pensez bien que
Far from the Sun, c’est dans mes cordes… 16 comme pour
Tuonela ? Madame, avec tout le respect que je vous dois, une chose est de gentiment embobiner nos lecteurs, une autre est de se foutre ouvertement de leur gueule…
Oui, j’avoue avoir un petit faible pour le dernier album de la période boy-scout d’Amorphis. Je pourrais résumer cela par une maxime ad-hoc : « Moins ça va, mieux ça va. » Comprenez : plus la situation au sein de groupe se tend, plus Pasi est sur le point de se barrer, plus les gars retrouvent une certaine énergie et pondent des bouts de titres sympathiques. Mise en contexte : échaudés par un Tuonela quand même bien, bien mollasson - oui, MFF, il y a "Greed" mais bon, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt…- et un Am Universam pas épatant du tout, trahis par des musiciens ayant décidé l’abandon pur et simple du death melo et l’adoption d’une sorte de rock prog un peu lourd, fort niais et pas très inspiré, quatre-vingt-dix-neuf pour cent des fans de la première heure ont quitté le navire. Je le sais, j’étais l'un des premiers à plonger dans l’eau glacée, comme si l’embarcation finlandaise sentait encore plus mauvais que le bateau roumain transportant Nosferatu. Et puis, les aléas de la vie, la rencontre de gens peu fréquentables dans des milieux interlopes… Bref, peu importe ces circonstances peu glorieuses… j’eus l’occasion d’écouter Far from The Sun quelques années seulement après sa sortie et à ma grande surprise, je l'ai trouvé intéressant, même à jeun. Le sixième album du groupe ne marque pas (encore) le retour au death melo tant espéré et continuera à déplaire à la grande majorité des fans.
Simplement, l’espèce de doom-prog-rock gris clair proposé par un groupe à la dérive possède ici un côté accrocheur quasiment absent des deux albums précédents. Mieux, avec "Day of Your Beliefs", Amorphis arrive à accoucher d’un titre qui tient intégralement la route ! Entre la rythmique pesante, l’orgue Hammond en arrière fond, une mélodie intéressante et un Pasi qui, pour le coup, ne rappelle pas Renaud en train de faire « tin-tin-tin ! », la formation parvient à sortir le premier titre totalement intéressant depuis "Elegy". Et si Pasi n’avait pas repris son imitation de notre vieille gloire nationale, si le refrain était exécuté avec un peu plus de flamme, "Planetary Misfortune" aurait pu être classé dans la même catégorie que "Day of Your Beliefs". Après cette courte embellie, je dois reconnaitre qu’il faut prendre son ciré et aller pêcher les passages sympathiques à l’épuisette au milieu de la mélasse musicale, mais l’atmosphère globalement plus vivifiante de l’œuvre m’a poussé à le faire. Résultat de cette pêche miraculeuse : j’ai réussi à mettre trois jolis refrains bien accrocheurs dans ma besace : celui d’"Evil Inside", de "Smithereens" et de "God of Deception". Pour ce dernier morceau, il a fallu batailler. L’extraction du bon chorus d’un corps pourri par une intro dégueulasse et un fade-out catastrophique s’est avérée ardue mais a valu la peine. Le début pinkfloydien très agréable d’ "Ethereal Solitude" et les plans rock’n’keyboards de" Killing Goodness", au refrain hélas gâché par un pattern de batterie inadéquat, sont également d’autres éléments plaidant en faveur d’une réhabilitation relative de l’œuvre.
En 2003, Amorphis est subclaquant mais trouve tout de même la force d’éclairer une musique qu’on pourrait croire écrite par Lou Ravi de la crèche de plusieurs passages dynamiques et accrocheurs. Le rachat du groupe intervenu en 2006 et le passage à l’Amorphis Corporation met fin à cette drôle de période. Cela a sans nul doute été bénéfique au groupe mais je garde un souvenir attendri et compatissant pour ces moments de galère d’une formation n’ayant pas encore tout calibré au millimètre.