CHRONIQUE PAR ...
Count D
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
17/20
LINE UP
-Sakis
(guitare+chant+claviers)
-George Bokos
(guitare)
-Andreas
(basse)
-Themis
(batterie)
TRACKLIST
1)The Sign of Prime Creation
2)Keravnos Kivernitos
3)Nemecic
4)Enuma Elish
5)Phobos Synagogue
6)Gaia Tellus
7)Rege Diabolicus
8)He, the Aethyr
9)Helios Hyperion
10)Threnody
DISCOGRAPHIE
Rotting Christ est énorme. Comment ne pas avoir d’admiration pour ce groupe grec, sorti de l’underground il y a de ça vingt ans, traversant les âges et les périodes avec autant de talent et d’intégrité ? Ce groupe de black metal à l’essence occulte a proposé jusque-là de nombreuses choses, plus ou moins réussies, allant du son metal noir et pur (Non Serviam) à des ambiances de plus en plus chargées d’éléments théâtraux et épiques (Genesis et Sanctus Diavolos). Le nouvel opus Theogonia n’est ni plus ni moins que l’essentiel de Rotting Christ, sans artifice aucun. Brutal, direct, inspiré, diabolique… Theogonia est tout simplement un album qui force le respect.
Après plus de six albums signés chez Century Media, c’est au label français Season Of Mist que revient l’honneur de prendre soin du groupe. Cette nouvelle peau redonne de l’ambition à une promotion et une distribution jusque-là limitée. Sanctus Diavolos était excellent à sa façon. Les ambiances posées et pesantes montraient le groupe sous une aura particulièrement symphonique, tournée vers les orchestrations sombres et diaboliques. Dans toute son immensité, Theogonia se concentre sur l’expression la plus pure et la plus simple de Rotting Christ : un black metal teinté de death, très sombre et ultra occulte, baigné d’une violence et d’une intensité à en couper le souffle.
Le sens pris par les mélodies est reconnaissable parmi tous comme la marque de fabrique du groupe. En ce sens, les éléments atmosphériques et les ambiances profondes sont imposés dès la première note par une production monstrueuse. Les guitares sont précises, la batterie est très présente, la basse est vivante et pour finir, le chant de Sakis exulte, dans l’agressivité comme dans la justesse des interventions. La force de Rotting Christ réside une fois de plus et peut-être d’avantage encore sur Theogonia dans les mélodies de guitares, à la fois occultes, atmosphériques, hypnotiques, secondées la majorité du temps par une implacable rythmique. Elles sont d’ailleurs mieux exploitées, dotées d’une incroyable présence due à l’épuration des arrangements orchestraux remplacés par une ambiance générale plus inquiétante, moins épique mais ô combien plus violente. Ce retour en arrière dans la carrière du groupe n’a ici que du bon, parce que chaque titre rappelle une facette de la personnalité du groupe.
D’entrée de jeu, "The Sign of Prime Creation" et "Keravnos Kivernitos" en imposent avec des rythmiques écrasantes au tempo rapide et aux mélodies purement guitaristiques. "Helios Hyperion" prend une tournure plus death/thrash aux soli déchirés, un peu comme "Phobo’s Synagogue", moins bon car plus conventionnel. Puis l’on retrouve le coté ritualiste et hypnotique irremplaçable dans les excellents "Gaia Tellus" aux chœurs malsains et "Nemecic" et ses instruments traditionnels grecs. En effet, si le combo se veut moins expérimental, c’est avec l’intervention d’instruments traditionnels et de chants grecs très bien adaptés que se dessine le décor théâtral planté ici. Enfin, comme sur l’album précédent Sanctus Diavolos, il faut bien un tube, une tuerie… Et c’est vers "Enuma Elish" que l’on se tourne avec sa dynamique imposante autant sur le plan rythmique qu’atmosphérique, secondée d’une ligne de chant féminin vernissant cette violence ambiante d’une ampleur grandiloquente. Après ceci, il n’y a plus qu’à s’achever avec "Threnody", pur ethnique metal extrême mené par un mid tempo sans faille. Du très bon…
Respirons un peu. Rotting Christ est un groupe essentiel voire incontournable, représentant la force d’une scène capable de se régénérer, toujours plus fort, et surtout doté d’une intégrité sans reproche. Certains préfèreront un Sanctus Diavolos plus dramatique, mais le subtil perfectionnisme et le charisme du Theogonia feront mouche, sans aucun doute !