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CHRONIQUE PAR ...

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TheDecline01
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 16/20

LINE UP

-Sakis Tolis
(chant+guitare+basse)

-Themis Tolis
(batterie)

TRACKLIST

1) In Yumen – Xibalba
2) P'unchaw kachun – Tuta kachun
3) Grandis Spiritus Diavolos
4) Kata Ton Daimona Eaytoy
5) Cine iubeste si lasa
6) Iwa Voodoo
7) Gilgames
8) Rusalka
9) Ahura Mazda-Anra Mainiuu
10) 666
11) Welcome to Hell (bonus)

DISCOGRAPHIE


Rotting Christ - Kata Ton Daimona Eaytoy
(2013) - dark metal - Label : Season Of Mist



Rotting Christ finalement, c'est un peu le metal extrême pour grand-père. Sérieusement, vous connaissez beaucoup de groupes d'extrême de 1987 encore en vie à l'heure actuelle, sans avoir jamais subi de split ? Qui plus est, la troupe grecque peut se prévaloir d'avoir touché un peu à tous les styles d'extrême pour maintenant se fixer sur un dark metal d'obédience hellénique sur ce Kata Ton Daimona Eaytoy.

Aealo, précédente livraison, avait ouvert le champ des possibles à à peu près tout le metal pour Rotting Christ. Le rythme soutenu et le chant le marquaient plutôt comme extrême (mais pas trop), les mélodies et riffs venaient appeler le heavy tandis que les nombreux éléments symphoniques et ethniques enfonçaient les portes d'un world metal que l'on dira mâtiné de progressif, à défaut de savoir quel style lui appliquer. Kata Ton Daimona Eaytoy entérine à la fois cette percée tout en lui apportant des éléments supplémentaires. Oui, on retrouve les incartades ethnico-symphoniques, oui, le rythme est soutenu et le chant, extrême, et oui, on entend du heavy, quoique plus thrash. Pourtant, l'addition qui vient corser la note se nomme noirceur. Ce nouvel album est en effet indéniablement plus sombre que son lumineux prédécesseur. Là où Aealo dévoilait le soleil, Kata Ton Daimona Eaytoy vient recouvrir le monde d'un voile obscur.
On se gardera de parler d'une perle de noirceur mais si le jaune était la couleur qui se manifestait dans notre cerveau à l'écoute d'Aealo, on pensera ici plus à un marron marbré de teintes foncées. Les quasi blasts sont d'ailleurs plus nombreux. Quasi car jamais omnipotents ni effarants de rapidité. Si nous sommes ici présents autour de Rotting Christ, c'est aussi pour parler composition et science de l'art. Car Rotting Christ a imposé sa marque depuis une dizaine d'années et la voici au firmament de son efficacité. Cet album est probablement le plus maîtrisé artistiquement parlant. Si cela ne signifie pas qu'il est le meilleur, tout est en place et rien ne dépasse. La première rencontre avec l'album est la merveilleuse "In Yumen – Xibalba" (respect des anciens et de la culture, fil d'Ariane ultra conducteur des Grecs) qui propose un riff en écho qui n'est pas sans rappeler l'ouvreuse de... Thy Mighty Contract. Hommage supposé au passé, errance de l'esprit qui rencontre son double originel ?
Ce qui est évident est que nous contemplons un formidable premier titre qui met presque à genoux tant la qualité est grande. Riff impeccable repris à l'envi, réalisation carrée et envolée dans les contrées de l'imaginaire aride et sombre de la Grèce antique cachée. Avec un tel départ, la suite en prend un coup mais "P'unchaw kachun – Tuta kachun" maintient la barre avec un break formidable porté par un riff qui restera dans vos têtes. Le reste n'est malheureusement pas du même acabit, que l'on soit bien clair, sinon Rotting Christ aurait livré un disque culte. Il se contente d'un très bon disque, et si on peut leur en vouloir de nous faire tant saliver sur ce début, il serait idiot de leur en tenir rigueur car Kata Ton Daimona Eaytoy rappelle la qualité de Aealo. Le groupe arrive même à tenir en apnée avec un chant féminin qui finira en grosse rythmique lourde sur "Cine iubeste si lasa".
Reste maintenant le temps des bilans et ce qui ressort d'un tel album. Kata Ton Daimona Eaytoy est indéniablement un excellent album dans lequel Rotting Christ s'éclate avant tout à affirmer le style qui est maintenant le sien, et uniquement le sien, depuis une dizaine d'année. C'est peut-être là son écueil le plus évident, la réutilisation des gimmicks dont on a l'habitude chez le groupe. Les incantations grecques anciennes, les riffs épiques, le rythme appuyé mais pas brutal. Rotting Christ évolue mais la base de sa musique reste la même. Cela signifie surtout que ceux qui ne goûtent que peu à leur art n'y goûteront guère plus. Les blasés y trouveront à redire mais on peut également le percevoir comme un groupe qui a su imposer sa marque de fabrique, ce qui est un but ultime commun à tous les groupes. Dans les autres reproches, le son de la batterie trop synthétique. On s'en tiendra ici car quand on termine un album sur la terriblement lourde "666", on mérite une bonne fin.


Nouvel album et nouveau succès pour les Hellènes. Si le poids du passé est toujours aussi présent, plus encore même, le propos est plus sombre et ténébreux. Un album plus sérieux ? En quelque sorte oui. Rotting Christ confirme quoiqu'il en soit tout son savoir-faire et prouve que s'il n'a qu'une chose à craindre, c'est lui-même et rien d'autre.


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