L’histoire sociale est expliquée ou explicable par l’art. Si la musique est porte parole d’une révolte contre le système, d’une époque, d’une réflexion, alors fin 70’s c’en est l’apogée. 1977, c’est la grande époque où l’on dénonce le système social, économique et politique. La société est montrée du doigt de deux façons antagonistes. Soit avec le mouvement punk qui crie à l’anarchie. Ou alors de façon plus subtile, en adoptant les principes de la fable de La Fontaine, comme le font admirablement les Pink Floyd avec Animals ; lesquels dépeignent une satire du genre humain. Les cochons, les chiens et les moutons vont contribuer à rendre cet album pessimiste. Mais alors c’est d’un pur régal. Sous un fond sonore rock progressif, les notes pink floydiennes nous enveloppent de frissons garantis !
Animals est le dernier album de la trilogie Dark Side Of The Moon - Wish You Were Here - Animals. Animals est composé d’une intro acoustique et de trois morceaux qui ne sont jamais inférieur à dix minutes. Donc, c’est vraiment un délice pour nos oreilles. Même si, évidemment les paroles sont assez acerbes, rêches, virulentes parfois. Une complexité dans la technique instrumentale laquelle est étonnamment harmonieuse. Une multitude d’effets parfois opposants qui s’accordent pourtant avec beaucoup de charme. Waters nous fait alors du bel esprit en intro acoustique d’une minute environ avec "Pigs On The Wing (part one)". «If you won't care what happened to me, And I didn’t care for you. We could zig zag our way through the boredom and pain. Occasionally glancing up through the rain, Wondering which of the biggers to blame and watching for pigs on the wing». Et conclut sa théorie de l’humain dans un monde qu’il façonne peu à peu avec "Pigs On The Wing (part two)"
Side A est la face qui permet de donner le ton. Une grande envolée dans les mots qui fâchent, qui interrogent. Et une union parfaite avec le fond sonore. Side B serait alors une sorte de réponse. Une grande colère contre la vision de l’industrie humaine qui se traduit par un mutisme. "Pigs (Three Different Ones)" et "Sheep" sont jouissifs. Des atmosphères, que seul Pink Floyd est capable de créer, s’empreignent dans notre esprit et on n’en démord pas. On s’abandonne à ces riffs de grattes. Lesquelles savent être si dociles, douces, tendres et en même temps cruelles, féroces ! Elles mordent comme un serpent. Un venin alors qui nous pénètre tout le long de notre enveloppe charnelle. Sans oublier le synthé bien sur qui est la colonne vertébrale de l’album. Une batterie qui investie la scène pour donner une vie.
En mettant le vinyle je suis hypnotisée par les notes qui en sortent. C’est d’une chaleur ténébreuse, noire. C’est d’une tendresse alarmiste, pessimiste. C’est une complexité qui accroche, puisque finalement, tout le long de l’album on est toujours pris par surprise. Des accords, qui d’ordinaire n’auraient rien à faire ensemble, créés par les Pink Floyd engendrent une union parfaite. Je me rends compte alors qu’il est très difficile de parler d’un don. De décrire ce que le sensoriel n’est pas apte à définir. Cet album est enivré d’émotions singulières. J’ai beau essayer de me rappeler, il n’y a pas un refrain, un air dont je me souvienne réellement, j’ai juste des souvenirs. Sur environ une heure d’écoute, ce ne sont que des alliances de tonalités distinctes.
On ne se lasse pas d’Animals. Tout d’abord pour sa porté philosophique. Pour son étonnant don musical. Et enfin pour le cadre sonore fidèle au rock prog.