Après Deep Purple, après Metallica, c’est au tour des papys de Scorpions de tenter l’expérience classique. Pour parvenir à ses fins, le groupe germanique s’est attaché, pour l’occasion, les services de quelques invités de renom tel Zucchero. Que nous prépare la bande à Schenker ? On les sait en sérieux manque d’inspiration ces dernières années. Serait-ce un moyen de se relancer, en faisant du neuf avec du vieux, tout en surfant sur un style « à la mode », via Metallica ? Quoi qu’il en soit, l’initiative a de quoi nous rendre sceptique, (rapport à la qualité des derniers albums…).
C’est pourtant un "Hurricane 2000" très incisif qui ouvre l’album. Scorpions et la troupe de Berlin nous délivre un plat de résistance en guise d’apéro. Rien à redire, l’un des plus gros titres de la carrière du groupe revisité ici en accompagnement classique prend toute son ampleur. Le morceau convient d’ailleurs assez bien au style, et les accents très « Wagneriens », lui donnent effectivement un second souffle. Bon, un titre, c’est bien mais ça ne fait pas tout me direz vous. Ca s’enchaîne plutôt bien, avec un "Moment of Glory" symbolisant parfaitement la ballade « vieux hard rock », propre au groupe. Rien d’exceptionnel pour celle-ci, ceci dit, tout comme "Send Me An Angel", dans laquelle on retrouve ce bon vieux Zucchero. Du bon, mais rien de véritablement scotchant avouons le. Le plus gros est à venir, avec, on s’en serait douté, "Wind of Change", qui apparaît ici splendide, l’orchestre introduisant, tout seul, superbement, la chanson, calmement, sereinement, avant que le célèbre riff de Schenker ne s’invite, précédant Klaus Meine, qui pousse la chansonnette.
Le refrain est clairement exceptionnel, et l’alliage prend forme, tombant, peut-être, un peu dans le pompeux (c’était prévisible), mais les amateurs ne seront pas déçus. L’intermède classique, durant lequel l’orchestre nous délivre 2 titres amputés du groupe ne présente que peu d’intérêt, puis on retiendra également "Still Loving You", auquel on ne pouvait, évidemment, pas échapper, et qui se révèle toujours aussi beau, bien que se prêtant moins à ce style que "Wind of Change" (comparons ce qui est comparable). Personnellement je ne me lasse pas de réentendre le titre le plus populaire du groupe, sous cette apparence. Les classiques "Big City Night", et "Here in My Heart" sont là également, mais présentent un intérêt somme toute assez limité. Ca ne décolle pas.
Au final, on est bien loin du S&M de Metallica, mais ce « Moment of Glory » se laisse écouter agréablement. Il lui manque, d’une part, une bonne poignée de titres, mais aussi une régularité dans l’intensité des interprétations. Seuls 3 titres valent vraiment le coup. Et c’est un peu, tout ou rien, car ces morceaux-là sont exceptionnels, tandis que les autres, très fades. Les amateurs des ballades du groupes devraient être comblés, mais les vieux de la vieille, qui ont davantage vibré sur "Black Out", ou les autres titres plus axés Hard Rock, n’aimeront probablement pas. Voila en fait un album de Scorpions qui vise un public large. Je le répète, les fans n’aimeront pas. Moi, j’ai aimé, même si on est loin de l’album du siècle. Rien d’exceptionnel donc, mais un disque plaisant.