CHRONIQUE PAR ...
Silverbard
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
14/20
LINE UP
-Matthew K. Heafy
(chant+guitare)
-Corey Beaulieu
(guitare)
-Paolo Gregoletto
(basse)
-Travis Smith
(batterie)
TRACKLIST
1)The End of Everything
2)Rain
3)Pull Harder on the Strings of Your Martyr
4)Drowned and Torn Asunder
5)Ascendancy
6)A Gunshot to the Head of Trepidation
7)Like Light to the Flies
8)Dying in Your Arms
9)The Deceived
10)Suffocating Sight
11)Departure
12)Declaration
DISCOGRAPHIE
Dans sa définition moderne, le metalcore sert à décrire les groupes qui, à la fin des années 90, ont apporté dans le hardcore des influences venant du groove metal (néo-thrash), du melodeath et du heavy metal. Ces dernières années, le style s’est nettement popularisé par l’apparition de groupes plus mélodiques dont le trio : Avenged Sevenfold, Bullet For My Valentine et bien sûr Trivium. Cependant, ce dernier a une approche bien plus personnelle dans cette fusion de styles à l'inverse de ses concurrents, qui optent plus pour un patchwork souvent bancal et téléphoné.
En effet, alors qu’A7X et BFMV se contentent d'alterner des plans pompés sur Maiden et des refrains catchy et mémorisables par toute une masse d’ados boutonneux, Trivium privilégiera souvent des constructions plus complexes, osons progressives. Par ailleurs, la musique de Trivium est de tous les groupes de metalcore peut-être celle dont l’influence eighties est la plus forte. Metallica apparait ainsi comme l’influence majeure autant dans la construction des riffs que des soli. La présence maidenienne est également sous-jacente dans les nombreuses envolées guitaristiques en twin lead. De manière plus large, c’est tout le thrash de la fin des années 80 (Testament, Overkill…) qui a bercé la jeunesse des enfants de Trivium qui est retranscrite ici.
Ascendancy sort en 2005, Matt K. Heafy, leader du groupe a alors 19 ans. Jeune, d’autant plus que la musique n’a rien de juvénile et est même plutôt très mature. Premier atout des Américains, la paire de gratteux (Heafy / Beaulieu) qui est, avouons-le, hors-normes par sa technique d’une part et sa parfaite complémentarité d’autre part. Deuxième atout, le batteur Travis Smith (qui n’a rien à voir avec le designer d’artwork du même nom) est un véritable pourfendeur de la double pédale ; enfin, le bassiste Paolo Gregoletto n’est pas en reste. Le quatuor, loin d’être composé de manchots, apparaît donc comme une bande de jeunes surdoués. Mais là où le tout devient intéressant est que le dernier atout du groupe est son talent de composition, ne tombant pas ainsi dans le piège de la technique stérile.
L’album s’ouvre sur une introduction sombre et en finesse avec piano et chœur à l’appui. On enchaîne rapidement avec le riff très thrash de "Rain" qui donne le ton d’ensemble de l’album : de la vitesse, de la double-pédale, un chant core agressif souvent couplé d’un chant clair. Ce dernier est toujours utilisé sur les refrains, mais quoique souvent prévisible, sa présence est toujours agréable et bien négociée. De même, les soli et les leads font rage sans jamais tomber dans l’excès. La mélodie est omniprésente et en parfaite symbiose avec les riffs les plus headbangisants. Les trois titres suivants ("Pull Harder on the Strings of Your Martyr", "Drowned and Torn Asunder", "Ascendancy") sont dans la parfaite continuité du premier.
Chacun est une petite tuerie mais possède sa petite originalité de sorte qu’aucun titre ne se ressemble vraiment. Ainsi, Trivium réussit à réaliser l’album « parfait » sur la moitié de la galette. À l’inverse, la suite est en montagnes russes ; ou bien est-ce simplement que l’album commence à tourner en rond ? Les structures sont en outre dans les grandes lignes souvent similaires et on peut avoir le sentiment de déjà-vu. Néanmoins on appréciera "A Gunshot to the Head of Trepidation" imparable par sa première moitié, inégal dans la deuxième entre une partie instrumentale à couper le souffle et un refrain exécrable. Autres bons moments : "Like Light to the Flies" ou "The Deceived" qui sont, quant à elles, très typées death mélodique suédois avec des twin leads à volonté.
"Departure" est un titre globalement bon, plus calme et progressif, avec l’utilisation de guitare sèche et une belle montée en puissance. Toutefois, on se serait passé du passage agressif avec un « Fuck the people, Fuck the world, Fuck it all !» pas très original. "Suffocating Sight" cogne façon Killswitch Engage (dont le groupe est stylistiquement assez proche) mais demeure bien trop commune et prévisible sans être désagréable pour autant alors que "Declaration", se voulant le titre le plus progressif de l’album, se révèle être bien trop poussif entres passages de violence absolue et accalmies. Enfin, on se serait dispensé d’un "Dying in Your Arms", qui semble avoir été rajouté pour plaire aux jeunes filles avec son refrain tubesque à la BFMV du plus mauvais goût.
Bénéficiant d’une excellente production et signé chez le gros label Roadrunner, Ascendancy a tout pour plaire aussi bien au jeune fan de metalcore qu’au vieux thrasheux des 80s. Ainsi, Trivium place dès son deuxième album d’immenses espoirs en sa faveur par sa maturité et son potentiel technique extraordinaire. Son véritable atout pourra être sa double identité jouant entre le metalcore et la New Wave Of American Heavy Metal tout en privilégiant la mélodie et les tendances progressives.