Le 27 septembre 1986, le Hard Rock était en deuil. Cliff Burton, bassiste de Metallica nous quittait dans un accident de la route, à bord du bus de tournée du groupe, entre 2 concerts, sur une route suédoise… Le 25 Aout 1988, sortait …And Justice for All. Il aura fallu 2 ans pour faire le deuil, réfléchir, trouver un remplaçant à Cliff, puis composer les nouveaux morceaux. Ce quatrième album studio fut donc l’occasion de découvrir Jason Newsted, qui officiera dans le groupe durant une douzaine d’années, avant de quitter le navire…. Voilà pour le petit point d’histoire… Faut-il voir une relation de cause à effet entre l’arrivée de Jason Newsted et l’évolution musicale assez nette que va prendre le groupe lors des albums suivants ? Difficile à dire, mais force est de constater que le Black Album, qui sortira 3 ans plus tard marquera un grand tournant musical pour les « Four Horsemen ».
Ceci dit, même ...And Justice for All se révèle être un album un peu à part dans la discographie de Metallica. Plus que de pur metal, le groupe nous dévoile une facette progressive, qu’on ne leur connaissait pas auparavant. Les compos sont, dans l’ensemble, très complexes et relativement longues, bien plus que celles de Ride the Lightning, Master of Puppets ou Kill’em All. On a droit, ici, à de longues parties instrumentales, extrêmement techniques, épiques pour certaines, flirtant, voir dépassant, malheureusement parfois, les limites du rébarbatif. De cette enchevêtrement de notes, deux titres me paraissent sortirent plus particulièrement du lot. "One", bien sûr, l’un des titres-clés dans l’histoire de Metallica, et qui représente tout à fait l’esprit de l’album, avec sa construction rythmique particulière, complexe, et ses changements de ton. Certainement l’une des plus belles réussites du groupe aujourd’hui encore.
Évidemment, impossible également de parler de ...And Justice for All sans évoquer "To Live is to Die", qui restera à jamais le dernier titre composé avec Cliff Burton. Maintenant, que dire du reste ? Je vous l’ai dit, complexité est le maître mot de l’opus en question. Et la ou il y a complexité, il y a, logiquement, fortes divergences des goûts. Personnellement, en tant qu’amateur de musiques progressives, de mélodies compliquées et étriquées, Justice m’a plu, mais il m’a fallu m’y reprendre à une bonne dizaine de fois avant d’en percevoir les subtilités. Le fait est que les premières écoutes sont donc pas évidentes, qui plus est pour les non habitués à ce style là. Je pense que les plus jeunes, qui ont découvert Metallica avec le Black Album, ou les suivants n’aimeront pas, ou mettront un certain temps à apprécier celui-ci. Si ce n’est les passages cultes de "One" et "To Live is to Die"…. En outre, certaines longueurs sont ennuyeuses et n’étaient pas nécessaires, ce qui nuit un peu à la qualité de l’album. La production, également, n’est pas une réussite, et enlève un peu de « chaleur » à l’ensemble, plus particulièrement pour ce qui est de la batterie.
Dans cet ordre d’idée, difficile de cerner vraiment un album pareil, d’un côté proposant un aspect progressif dans l’absolu pas désagréable, mais de l’autre imposant une complexité le rendant très peu accessible en globalité, et en fait un peu trop inaccessible pour un public purement metal… Attention, ne vous méprenez pas, je n’ai pas dit que cet album était mauvais, ou même moyen, mais disons que son écoute se trouve être assez difficile, de par ce que je viens d’expliquer.
…And Justice for All ressortira comme un chef d’œuvre pour certains, et comme une bouillie musicale inaudible pour d’autres…. Mais, quoiqu’il en soit, il contient deux, voire trois titres que tout amateur qui se respecte se doit de connaître.