Tesla -
Twisted Wires & The Acoustic Sessions
Le hardos lambda se souvient peut-être de Tesla sur l’excellente B.O. de Last Action Hero (1993)… Mais on ne peut pas dire que l’histoire du hard rock ait été marquée du sceau de Tesla. Vingt-sept ans d’existence, une carrière en demi-teinte, des mouvements de personnel compliqués et une discographie peu ordinaire – 8 albums studios, 4 albums live, 3 albums best of, 2 albums de reprises… Il ne manquait plus qu’un « unplugged » : c’est désormais chose faite avec Twisted Wires And The Acoustic Sessions.
Tesla cuvée 2011, c’est avant tout une voix ! Jeff Keith fait partie de la vieille école des chanteurs de hard rock. Lorsqu’elle reste dans des tonalités assez graves, sa voix est plutôt agréable, assez, voire très proche de celle de Steven Tyler, le grain de folie en moins, avec lequel on pourrait même le confondre sur certains passages ("Into the Now", "Changes", "Shine Away"). Mais elle se fait nasillarde voire carrément insupportable lorsqu’il monte dans les aigus. Ça gratte parfois la gorge de l’entendre et cela peut même aller jusqu’à carrément gâcher le plaisir sur "A Lot to Lose", une chanson pourtant jolie au demeurant, où il est quasiment ridicule : on croirait entendre un méchant sorti tout droit d’un dessin animé, genre l’arrière-petit-neveu de Gargamel ! Non que l’homme soit dépourvu de talent – il maîtrise très bien son instrument et peut même se faire émouvant ("Caught in a Dream", "Changes", "Song and Emotion"). Il est vrai que ce recueil est majoritairement constitué de ballades, ce qui lui donne maintes occasions de se faire doux rocker, rôle dans lequel il tire plutôt bien son épingle du jeu.
Sur quels extraits de leur répertoire les Californiens ont-ils porté leur choix pour nous concocter ces Acoustic Sessions ? On y trouve sept extraits de leurs différents albums, deux nouvelles créations et bien sûr, l’incontournable reprise, ici "I Love You" de The Climax Blues Band. Bah oui, parce qu’ils ont le cœur tendre ces vieux rockers ! L’amour est en effet très présent dans cette sélection de chansons : "What You Give", "Better Off Without You", une des petites nouvelles, "A Lot to Lose"... Quel que soit le thème abordé, Tesla fait la part belle aux ballades et se montre d’ailleurs plutôt crédible dans ce créneau. Seules "Into the Now", "Hang Tough" et "Edison’s Medicine" sont des mid-tempos qui ont conservé leur caractère hard rock version acoustique et leurs refrains bien accrocheurs. Les deux petites nouvelles, "2nd Street" et "Better Off Without You", sont convaincantes. On appréciera également "Changes" et sa superbe intro au piano que nous offre Frank Hannon."What You Give", "A Lot to Lose", "Song and Emotion" sont entièrement dépourvues de batterie et mettent ainsi les guitares très en avant.
Car c’est bien la guitare qui est l’instrument vedette ici. Frank Hannon, Dave Rude et Tommy Skeoch se sont vraiment fait plaisir dans la (ré)interprétation de ces douze pièces, et ça s’entend dès les premiers accords de l’intro de "Into the Now". Les arrangements de guitares sont, dans l’ensemble, très bien léchés sur cet album. "Shine Away" propose un somptueux pont, d’abord aux échos épiques, puis aux saveurs de flamenco, ainsi qu’un final également majestueux. L’énergique "Edison’s Medicine" est revisitée en acoustique tout en conservant ses gros accords et s’offre même, à travers son solo, un petit côté « country » pas désagréable. Le reste des douze chansons fourmille également de jolis passages qui raviront les aficionados de la guitare acoustique. Quelques accords électriques se sont également invités sur le refrain et pour le solo de "2nd Street", ainsi que sur "Better Off Without You". Cette même chanson, nouvelle venue dans le répertoire de Tesla, ajoute à la diversité de Twisted Wires avec ses petites couleurs sixties, tout comme "What You Give" avec son bottle neck et ses accents folk.
Sans pour autant être un incontournable, ce Twisted Wires… est un album sympathique qui ravira sans doute les inconditionnels de Tesla et éventuellement les amateurs de la formule acoustique, curieux de découvrir un groupe peu connu et ainsi ajouter une pièce de plus à leur collection d’« unplugged ».