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CHRONIQUE PAR ...

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Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 18/20

LINE UP

-Conrad Thomas "Cronos" Lant
(chant+basse)

-Jeffrey "Mantas" Dunn
(guitare)

-Anthony "Abaddon" Bray
(batterie)

TRACKLIST

1) Sons of Satan
2) Welcome to Hell
3) Schizoid
4) Mayhem with Mercy
5) Poison
6) Live like an Angel (die like a Devil)
7) Witching Hour
8) One thousand Days in Sodom
9) Angel Dust
10) In League with Satan
11) Red Light Fever

DISCOGRAPHIE

Welcome to Hell (1981)
Black Metal (1982)
Resurrection (2000)
Metal Black (2006)

Venom - Welcome to Hell
(1981) - heavy metal N.W.O.B.H.M., multi-précurseurs - Label : Neat Records



Un son crade qui flatte les bas instincts, des vocaux gutturaux noyés sous un déluge sonore, une batterie aussi primitive qu'énervée, des paroles malfaisantes. Et un final apocalyptique. « Welcome to Hell », tu m'étonnes ! Ainsi débute l'album inaugural de Venom, par le sus-décrit "Sons of Satan", qui crée une faille spatio-temporelle dans la réjouissante évolution induite par la New Wave of British Heavy Metal (NWOBHM). Rien en effet ne laisse présager une telle radicalisation du propos métallique en ce début des années quatre-vingts. Rien, sauf l'opiniâtreté de trois hurluberlus de Newcastle qui savent ce qu'ils veulent. Et ça ne ressemble pas précisément à une paire de chaussons dédicacée par Lou Gramm.

Si l'on se fie à sa démo originelle, Venom est surtout parti pour faire carrière dans la deuxième division du heavy metal briton des eighties (certains rétorqueront que ce sera finalement le cas, mais ça, ce sera après). Une guitare gentiment saturée, des tempos pépères et un chanteur pas evil pour un sou qui se fait surnommer « Jesus Christ » : le quatuor de l'époque en est là en avril 1980, à peu près aussi inoffensif que Witchfynde. Mais tout change quand le bassiste Conrad Lant alias « Cronos » s'empare du micro : ses vocaux très rugueux impressionnent le guitariste Jeff Dunn « Mantas » et l'impayable batteur Anthony Bray « Abaddon » qui virent illico l'infortuné Jésus et se lancent à corps perdus dans le projet qui avaient motivé leur réunion : monter un groupe de metal satanique. Cronos, « tape operator » aux Neat Studios de Wallsend, parvient à convaincre ses employeurs d'enregistrer un quarante-cinq tours quasiment à l’œil - c'est dans cet espoir que les autres l'avaient engagé. Puis une nouvelle session de trois jours est mise à profit en août quatre-vingt-un afin de graver une démo supplémentaire : ni une ni deux, le boss du label - satisfait du résultat ou pressé d'en finir avec les trois freaks - décide de publier le résultat tel quel. Mais la genèse bousculée de Welcome to Hell, si elle ressemble à celle du LP initial de Diamond Head paru un an auparavant, tire avantage de ce qui handicapa partiellement ce dernier : la production crue, pour ne pas dire sale, sied à merveille à la musique brutale et menaçante des Geordies.
Une fois passé le choc de l'entrée en matière, on se rend compte que Venom ne vient pas de nulle part et sonne essentiellement comme du Motörhead en accéléré, le semblant de classe en moins, la morgue revancharde des prolos en plus. Le punk est passé par là et les collectifs metal contemporains appliquent à merveille son fameux « do it yourself » - Venom reprenant en sus cette manière de cracher sur les pompes à dix plaques sans demander pardon. Welcome to Hell c'est ça mais aussi et surtout la marque très personnelle de types qui veulent rompre avec les codes trop bien respectés par leurs collègues de la NWOBHM. Non pas sur la forme - des chansons et (presque) rien d'autre – que sur le propos délibérément outrancier, que ce soit le son ou les paroles à fond dans un satanisme dont il est dommage que certains illuminés scandinaves qui s'en réclameront n'en aient pas décelé le second degré sous-jacent (« nous buvons le vomi des prêtres », sérieux ?). Et puis il y a ce grain de folie qui transforme pratiquement toutes les pistes en crépitantes pépites – le break pseudo-flamenco de "Live like an Angel (Die like a Devil)", le passage proto-funk qui interrompt "One Thousand Days in Sodom" ou encore la courte intro au violon folk sur "Red Light Fever" et son break bruitiste à la "European Son" du Velvet Underground que ces chevelus en skaï ont peut-être écouté, qui sait ?
Si l'ensemble se joue sur des tempos rapides, le trio sait varier les plaisirs, comme sur le tribal "In League with Satan" et son chant rendu glaireux par la distorsion. Ou le sévèrement dégénéré "Angel Dust", dont la présence sur la double compilation que Lars Ulrich dédiera à la NWOBHM en dit long sur l'influence que Venom a pu avoir sur toute une génération de thrashers. Plus étonnant encore, le très mélodieux "Mayhem with Mercy", délicat intermède à la guitare acoustique dont l'onirisme incongru traumatisera les membres d'une formation pionnière de black metal qui lui empruntera une partie de son intitulé. Cronos ne truffe pas encore ses lignes de chant de ses onomatopées grincheuses qui serviront d'irritants cache-sexe quelques années plus tard, ce qui permet d'apprécier d'autant plus la batterie délicieusement univoque d'Abaddon ainsi que les solos décadents de Mantas et ses riffs « sans merci », pour le coup. Enfin, évoquer Welcome to Hell sans mentionner "Witching Hour" constituerait un non-sens puisque ce morceau fantastique est tout simplement LE tube du recueil - introduction scandée à la basse, riff nucléaire, refrain d'une jubilatoire hystérie, solo parodique des guitar heroes seventies et ricanements déments de Cronos pour conclure. Quand les mecs de Venom ne se prennent pas (tout-à-fait) au sérieux, c'est là qu'ils sont les meilleurs ! Si seulement ils l'avaient compris...


Le pari très osé de la section de Newcastle est une totale réussite, tant les titre hirsutes de Welcome to Hell font de ce chef d'œuvre déglingo la matrice de tout le metal extrême à venir - thrash, black, death, tout le monde. « Nous voulions fonder le groupe metal ultime, avoir de meilleurs effets pyrotechniques que Kiss, porter plus de cuirs et de clous que Judas Priest, créer une musique et des textes plus sombres et sataniques que Black Sabbath, faire plus de boucan que les plus crados des gangs punks. Être ultimes ». En cette fin d'année 1981, Venom avait incontestablement les moyens de ses prétentions. Et ouvert la boîte de Pandore à de jeunes adolescents qui iront encore plus loin parce qu'ils se seront dit, à l'écoute du premier effort longue durée des Britanniques : « Oui, nous le pouvons ».


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