CHRONIQUE PAR ...
Dommedag
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17/20
LINE UP
-Aaron Turner
(chant+guitare)
-Chris Mereschuk
(chant+clavier)
-Jeff Caxide
(basse)
-Aaron Harris
(batterie)
TRACKLIST
1) Poison Eggs
2) Life Under The Swatter
3) Hive Destruction
4) Relocation Swarm
DISCOGRAPHIE
Isis -
Mosquito Control EP
Le plaisir de détruire, et la joie qui va immanquablement avec. Vous l’avez forcément déjà ressenti. Cette sensation de puissance, qui vous fait considérer votre main comme une épée de Damoclès planant sur ce que vous voulez. Et bien Isis, avant d’être le groupe de sludge atmo qu’il fut, c’était ce sentiment mis en musique.
Sorti en 1998, l’EP de contrôle des moustiques offre déjà des guitares gigantesques, telluriques, soutenues par une basse souterraine qui trace parfois des motifs mélodiques contrastant avec ses consœurs à cordes. Enfin, d’abord, il convient de remarquer le talent du groupe pour les introductions oppressantes, urbaines dans l’esprit, qui se placent sur le premier, le troisième et le quatrième morceau. Talent qui annonce la prédisposition de la formation pour les atmosphères qui feront plus tard son quotidien. Parce que pour l’instant, seule la violence règne. Que ce soit la voix, arrachage en règle des cordes vocales ultra-immersif pour l’auditeur (« RELOAD AND BEGIN »), qui profère aussi violemment que possible une souffrance et une misanthropie nihilistes, ou la batterie, terriblement chaotique, typique du hardcore, qui domine ici le propos, la formation de Louisianne ne laisse pas facilement voir ce qu’elle deviendra plus tard.
Cependant, la jouissance apportée par l’écoute est sans limite, et même les mélomanes exigeants devraient prendre leur pied sur cette suite de riffs au groove mortel. "Poison Eggs" ouvre superbement le bal, avec des syncopes dansantes, qu’on retrouvera sur "Hive Destruction", elle aussi véritable mine de joyeusetés guitaristiques démentes. De ce chaos de dissonance et de sueur ("Life Under The Swatter" pour les éventuels sceptiques), se dégage toujours cette impression urbaine, ce sentiment de se retrouver dans un entrepôt abandonné, ou dans un train dans la vitre duquel défilent les usines désaffectées. La déchéance humaine, la mort, et la glorification du nihilisme, ce sont les concepts que Mosquito Control exhale dans des miasmes grisâtres, carbonés et puants. L’influence d’Eyehategod se fait légèrement sentir, dans l’acharnement décharné propre au chanteur, mais nulle trace des accélérations surprenantes ici, tout n’étant que chapes de plomb visant à dévisser la tête de l’auditeur. Enfin si, il y a bien ces cinq minutes de larsens divers à la fin de "Swarm Relocation", mais ils sont presque toujours zappés.
Une expérience viscérale, et un premier manifeste plus que convaincant pour Isis. Si avec Panopticon ils vous emmènent dans les cieux, ici ce sont plus les souterrains que le groupe se borne à explorer. Pourtant, quelle réussite que ce premier EP, qui permettra une longue et qualitative carrière !