CHRONIQUE PAR ...
Wrathchild
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
13/20
LINE UP
-Joe Elliott
(chant)
-Phil Collen
(guitares)
-Vivian Campbell
(guitares)
-Rick Savage
(basse)
-Rick Allen
(batterie)
TRACKLIST
CD1
1) Women
2) Rocket
3) Animal
4) Love Bites
5) Pour Some Sugar On Me
6) Armegeddon It
7) Gods Of War
8) Don't Shoot Shotgun
9) Run Riot
10) Hysteria
11) Excitable
12) Love And Affection
13) Rock Of Ages
14) Photograph
CD2
1) Good Morning Freedom
2) Wasted
3) Stagefright
4) Mirror Mirror (Look Into My Eyes)
5) Action
6) Rock Brigade
7) Undefeated
8) Promises
9) On Through The Night
10) Slang
11) Let It Go
12) Another Hit And Run
13) High 'N' Dry (Saturday Night)
14) Bringin' On The Heartbreak
15) Switch 625
DISCOGRAPHIE
« Viva Las Vegas » chanta Elvis dans un film paru en 1964 avec une bande originale enregistrée en 1963. Cinquante ans après l'enregistrement de celui-ci, Def Leppard se voient offrir la chance d'en faire autant et de crier haut et fort les bienfaits de cette cité du péché en jouant leur album Hysteria dans son intégralité. Pourquoi celui-là et non Pyromania ou bien encore High 'N' Dry? Tout simplement parce que cet album marque l'apogée du succès des britons avec plus de vingt millions de vente. De plus, l'invitation se vit suivie d'un séjour en résidence, le groupe jouant donc 11 dates, commençant le 22 mars 2013 et se terminant le 13 avril. Une preuve, s'il en fallait une autre, de la popularité du groupe, notamment aux US dont les radios rock diffusent leur titres en boucle.
Une écrivain américaine du nom de Natalie Clifford Barney a écrit qu'« en choisissant le succès, on ne choisit pas son public. » Cette citation ne pouvait mieux convenir à un groupe tel que Def Leppard. En effet, avec leur séjour en résidence, ils suivent les pas d'autres énormes pointures de la musique pop et rock tels que Céline Dion, Elton John, Meat Loaf, ou bien encore les Jacksons. Et dès les premiers instants du concert, on peut se dire combien ce succès est une lame à double tranchant. Si affutée qu'elle permet à Phil Allen d'exhiber un corps rasé près des muscles à faire pâlir de jalousie nombres de petits bougres qui ont la moitié de son âge. Mais ce succès démontre combien Def Leppard font partie de cette mémoire collective musicale. Ils appartiennent totalement au psyché de la populace qui engloutit la musique comme son prochain hamburger. Les Def Leppard débarquent sur scène tous trempés de sueur - oui, ils effectuent le rôle de première partie - mais sans l'âme de combattants. Le public présent, bien respectable avec de jolies madames bien propres sur elles et belles à voir, est bien voué à leur cause. Mais ce public est interchangeable, et l'on pourrait très bien le retrouver devant des artistes country ou bien pop, c'est selon. Car voici bien le problème de cette série de concerts en résidence. Def Leppard font partie intégrante de cette radio rock qui ne diffuse rien qui ne soit hors normes.
La scène est assez sobre, propre, avec des lasers évoquant la pochette de l'album. Phil Allen a tombé la chemise suite à la première partie. Le public fait plaisir aux yeux. Tout semble parfait. Trop? Peut-être. La musique de Hysteria, avec "Women" en titre d'ouverture, fait clairement plaisir à ceux présents. La plus forte réponse de la soirée est pour "Pour Some Sugar On Me", puisque celle-ci doit faire partie du top ten de chaque bar karaoke des US, ainsi que grâce à ses passages répété à la radio. Un set sans faille, sans faute et qui mérite que l'on reconnaisse le talent de ces musiciens qui ont réussi à recréer un album qui fut surproduit, et ce au point presque d'y enlever toute humanité. Chapeau bas à Vivian Campbell qui insuffle à ces chansons une certaine touche subtile et sensuelle. Petit pincement au cœur pour "Gods Of War" où l'on voit des images de Steve Clark donnant à la chanson une intro avec un petit solo enregistré lors de la tournée du même album. La petite surprise de ce set, autre la voix faiblissante de Joe Elliott, c'est le titre "Run Riot" qui sonne le moins aseptisé, tout rempli d'une énergie débordante, rappelant à chacun qu'ils étaient là aux balbutiements de la NWOBHM. "Hysteria", titre radio rock perfectionné s'en sort lui aussi très bien, et la nuit se termine avec deux morceaux choisis de Pyromania.
Mais ce qui rend ce set intéressant, ce sont les deux soirées enregistrées pendant lesquelles Def Leppard ont joué leur propre première partie. Certes, le nom, Ded Flatbirds, sent la farce, mais il convient de se concentrer sur la set-list elle-même. Le morceau d'entrée, "Good Morning Freedom", face B de "Hello America", semble avoir fait trempette dans une fontaine de jouvence et ouvre la soirée sur un artifice! Le reste de ces concerts d'ouverture est du pur plaisir pour les fans. L'intégralité de la première face de High'N'Dry est reprise ici, avec quelques morceaux choisis de On Through The Night dont "Wasted" qui est une perle NWOBHM pleine de testostérone qui n'a pas pris une ride. Ou bien encore "Mirror Mirror", mariage parfait entre les harmonies et le metal du début des années 80. Et quel plaisir également d'entendre l'instrumental "Switch 625". "Stagefright", tiré lui de Pyromania ne mérite pas de faire la fin du concert principal et se retrouve en première partie. Quelques faux font malheureusement tomber la pression. "Slang" n'a rien à faire ici, tout comme "Action", titre qui fut présent sur Retro Active, collection de diverses chansons délaissées au long de leur carrière. Quant à "Undefeated", titre très récent, il a au moins la valeur de montrer qu'ils peuvent encore jouer du rock, loin des confins surproduits.
Aussi parfaite que soit la prestation du groupe pendant le concert principal, la cerise sur le gâteau est bien l'enregistrement des deux premières parties qui justifie à lui seul l'achat de ce set composé de deux CDs et un DVD et qui enverra tout et chacun dans un trip nostalgique des plus jouissifs. La Sin City n'est peut-être plus ce qu'elle était, mais grâce aux Ded Flatbirds, elle a retrouvé un petit zeste de luxure et d'excès.