CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
15/20
LINE UP
-Byron
(chant)
-Jonny Maudling
(claviers)
-Chris Maudling
(guitare)
-Mark Greenwell
(basse)
-Dave Mackintosh
(batterie)
TRACKLIST
1)The Awakening Of The Stars
2)The Voyagers Beneath The Mare Imbrium
3)The Empyreal Lexicon
4)Of Carnage And A Gathering Of The Wolves
5)Callisto Rising
6)The Scourge Of The Fourth Celestial Host
7)Behold, The Armies Of War Descend Screaming From The Heavens!
8)The Thirteen Cryptical Prophecies Of Mu
DISCOGRAPHIE
Quatrième chapitre de l’hexalogie annoncée de Bal-Sagoth et premier gros virage vers des cieux un peu différents. Et ce n’est pas qu’une façon de parler, parce que si le concept de Bal-Sagoth était principalement orienté Fantasy (vous savez, les guerriers, les magiciens, tout ça) et saupoudré de légendes un poil mystiques (Atlantis, par exemple), cette fois-ci nos Anglais fricotent avec les étoiles et les galaxies. The Power Cosmic laisse donc de côté nos combattants culturistes hyperboréens pour se consacrer aux éternelles puissances de l’infini, peuplé de hordes d’aliens perfides aux noirs desseins et d’immensités glacées parcourues d’immortels voyageurs : le fan avisé l’aura compris d’un simple regard à la couverture. Alors rangez vos épées et sortez vos sabre-lasers : on y va.
Sur un plan un peu plus terre à terre, il est de bon ton de signaler que The Power Cosmic marque la fin du contrat avec l’ancien label de Bal-Sagoth, à savoir Cacophonous Record, et qu’un pacte de sang a été signé avec Nuclear Blast. Tout n’a pas dû se faire aussi bien que prévu, parce que le livret qui accompagne cet album ne se compose que de… deux misérables pages, quand on sait l’importance que Byron accorde aux textes et aux écrits du concept, et surtout quand on compare avec les livrets feuillus des précédentes œuvres… il semblerait toutefois que le problème ait été corrigé dès la seconde édition de l’album. Le fan, déçu par cette entrée en matière un peu légère, insère donc fébrilement le CD dans sa platine.
Et seconde déception : l’afficheur n’indique qu’une durée de quarante minutes, là où les prédécesseurs de The Power Cosmic arboraient un beau minimum de cinquante minutes regorgeant de santé. Bridés dans le livret, bridés dans le temps : les Anglais de Bal-Sagoth ont-ils été victimes d’une drastique restriction budgétaire ou d’un manque d’inspiration fatal ? En fait, aucun des deux. En effet, les moyens sont toujours là : le son est encore un cran supérieur à celui de Battle Magic, plus froid et plus condensé, et les sacro-saintes orchestrations n’ont pas été oubliées en gardant la place qu’on leur connaît. Bref, il ne semble pas que le groupe ait eu à subir un manque de moyen dans l’enregistrement de l’album. Quant au manque d’inspiration, on va vite voir qu’il n’en est rien.
Le fan sera immédiatement rassuré par l’introduction symphonique, bien que d’une qualité inférieure à ce à quoi on avait été habitués. C’est donc par une narration sur fond de chorus de guitare que commence véritablement l’album avec "The Voyagers Beneath The Mare Imbrium". On retrouve tout de suite les éléments familiers : mélange de black-metal et de metal symphonique, Bal-Sagoth persiste et signe dans ce style unique qui lui est propre. Concision de l’album, mais aussi concision des chansons : si on oublie l’introduction, on a sept titres dont la durée est comprise entre quatre et six minutes. Plus de longues digressions narratives, plus d’interludes symphoniques : cet album est clairement le plus heavy et le plus direct de Bal-Sagoth. Ce qui explique sans doute que les fans l’aient pour beaucoup boudé lors de sa sortie, mais il faut reconnaître avec le recul que sa brièveté est bien la seule chose que l’on peut reprocher à cet opus.
Si les frères Maudling s’occupent toujours de l’intégralité de la musique et Byron des textes, on remarquera que Jonny est désormais exclusivement aux claviers tandis que les parties de batterie sont du coup assurées par Dave Mackintosh (qui jouera plus tard avec Dragonforce). On a par conséquent une batterie non pas plus technique mais dont la frappe est clairement plus puissante que celle de Maudling. La froideur du son colle terriblement bien au concept cosmique de la galette et les sons de synthés ont eux aussi subi ce lifting en étant légèrement moins axés sur les cuivres médiévaux et bien plus sur des sons spatiaux et aérés. Les compositions sont, on l’a dit, plus courtes et plus directes avec "Callisto Rising" ou "The Empyreal Lexicon" et comportent toujours autant de passages épiques ("Behold, The Armies Of War Descend Screaming From The Heavens") qui ne sont pas sans rappeler certains titres de l’époque Starfire Burning...
Bref, Bal-Sagoth prend un peu ses fans à contre-pied en laissant de côté la surenchère vaguement stérile de complexité et d’ambiances tordues comme celles qu’on avait pu trouver sur Battle Magic et revient à une musique plus franche, plus catchy qui, si elle déstabilisa de premier abord les fans, s’avère sur le long terme très convaincante. On regrettera toujours la petite durée de l’album qui fait plus penser à du Slayer qu’à un concept grandiloquent et ampoulé, mais on pardonnera volontiers aux Anglais d’avoir su garder ce côté onirique en variant légèrement la recette de leur sauce pour l’accorder à cette nouvelle page de leur occulte concept. Le fan, finalement rasséréné, s’est une fois de plus laissé porter par l’élan lyrique et ambitieux de Bal-Sagoth, et se prépare à savourer un nouvel envol cosmique en approchant son doigt fébrile de la touche "play" de son lecteur…