CHRONIQUE PAR ...

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Dupinguez
le 22 décembre 2018




SETLIST

The Night Flight Orchestra:

Sometimes the World Ain't Enough
Living for the Nighttime
Speedwagon
Midnight Flyer
Turn to Miami
Star of Rio
Gemini
Something Mysterious
Josephine
Paralyzed
Can't Be That Bad
1998

Rappel:
This Time
Lovers in the Rain
West Ruth Ave

Black Mirrors:

Intro
Shoes for Booze
Günther Kimmich
Funky Queen
The Mess
Inner Reality
Moonstone
Old Midnight Drum
Lay My Burden Down
Kick Out The Jam (MC5 cover)
Burning Warriors

AFFILIÉ

The Night Flight Orchestra
Lyon - CCO
(12 mars 2020)
Mannheim - MS Connexion Complex
(14 décembre 2017)
Helsingborg - Tivoli
(18 avril 2020)

01 décembre 2018 - Tournée


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La très bonne nouvelle de l'année : The Night Flight Orchestra revient en France. Un an précisément après leur précédente incursion dans l'Hexagone. Si la sortie entre temps d'un nouvel album a pu susciter quelques interrogations – pourquoi si tôt ? Ces types ne dorment jamais ou bien ? - l'annonce d'une tournée pour le défendre n'a pu que réjouir les aficionados du Vol de Nuit, eu égard aux enthousiasmants témoignages de celles et ceux ayant eu la chance d'avoir passé une soirée en compagnie de son éminent personnel. Autant prévenir les novices: de fortes turbulences sont à prévoir.

Paris - Le Petit Bain - samedi 1er décembre 2018 (Merci Foule Fête)

En attendant les occurrences toulousaine et lyonnaise, la compagnie scandinave fait escale à Paris, et plus précisément au Petit Bain, soit une salle de taille équivalente à celle du Nouveau-Casino qui l'avait accueillie en 2017. La jauge n'a donc guère augmenté, le Sometimes the World Ain't Enough Tour repassant parfois dans les mêmes salles que celles empruntées par l'Amber Galactic Tour il y a douze mois. Le dernier LP, comme d'habitude excellent mais légèrement en-dessous de ses prédécesseurs, n'a semble-t-il pas – encore - propulsé la fusée nordique vers des cimes cosmiques de notoriété, mais peu importe, la fête s'annonce intense. Terme qui n'est sans doute pas le plus approprié pour qualifier le heavy doom tendance psyché de Black Mirrors, qui ouvre le bal en ce samedi soir. Pour autant, les Belges ne manquent pas de corps ni de coffre, - le chant possédé de l'avenante chanteuse Marcella Di Troia faisant en effet songer à celui de Janis Joplin en plus heavy et constitue la principale attraction d'une formation au propos musical guère novateur mais reposant sur des bases solides. La titulaire du micro, tout en gestuelles chamaniques et vocalises intimidantes redevient une jeune femme à la joie presque enfantine lorsqu'elle s'adresse à l'auditoire, se confondant en remerciements face à la réception bienveillante de compositions qu'elle survole avec classe, y compris une reprise pleine de peps de l'hymne proto-punk "Kick out the Jams" du MC5. Avec un tel atout dans leur manche, les compatriotes de Colin H. Van Eeckhout peuvent envisager l'avenir avec sérénité.
Changement d'atmosphère avec le débarquement des huit (!) membres de la NFO Airlines. Boule à facettes, tenues fuchsia (pour les choristes), costards à volonté – même l'imposant metal freak D'Angelo en arbore un, de couleur blanche qui plus est – lumières tirant vers le rose : ça s'annonce frais, et un peu kitsch aussi, mais ça fait partie de l'ambiance. De ce point de vue, Richard Larsson fait très fort avec sa chemise vaguement hawaïenne qui s'apparente à un braquage visuel en bonne et due forme. Les affaires internes débutent sur la chanson-titre de Sometimes the World Ain't Enough, et si dans le rôle d'opener "Midnight Flyer" – qui sera interprété une peu plus tard - se révèle indépassable, il faut être sacrément blasé pour ne pas se laisser emporter par la fougue que dégagent d'emblée les chantres du hard fm revival. Alors, bien sûr, le son: très fort (on n'ose pas dire « trop » de peur de passer pour les vieux schnocks en leur temps raillés par Ted Nugent), saturant dans les aigus et faisant la part un peu trop belle à la section rythmique. Sans compter les moments d'absence des synthés, notamment sur le superbe disco "Paralyzed" - défaut certes mineur mais confirmant au passage la subtilité de l'écriture et des arrangements élaborés par la troupe du guitariste David Andersson. Cependant, les suiveurs précoces du collectif espérant une légère mise en sourdine de la partition du claviériste afin de libérer tout le potentiel des récentes créations auront été satisfaits. La réussite du show doit également beaucoup à la performance une fois encore époustouflante de « Speed » Strid. L'imposant chef de bord au béret passe régulièrement en force sur les passages les plus aigus mais n'escamote pas grand chose des cabrioles vocales qui dynamitent les versions studio, celles un peu trop policées de Sometimes the World Ain't Enough bénéficiant ainsi d'un salutaire coup de fouet, à l 'instar de "Turn to Miami" et "Can't Be That Bad". Dans ces conditions, la mine interloquée des quelques gamins affublés de protections auditives dignes d'ouvriers du BTP en disent long sur la surprise que constitue visiblement pour eux la puissance délivrée par l'octuor.
Les adultes de la copieuse assistance, quant à eux, manifestent bruyamment leur félicité, toutes générations confondues – il y a même des post-adolescents - à l'issue de chaque morceau, peut-être un peu moins après le doucereux "Something Mysterious", dont le maintien dans la setlist constitue une énigme (une volonté de s'économiser avant le final ?). Les fans de la première heure regretteront sans doute que les citations des deux premiers longs jeux aient encore diminué avec notamment la mise à l'écart des épiques "Transatlantic Blues" et "The Heather Reports" - au moins les Vikings auront renoncé à infliger le redondant "The Last of the Independent Romantics". Néanmoins, cette orientation était prévisible et ne remet pas en cause la pertinence des choix opérés – de toute façon, la qualité du répertoire de The Night Flight Orchestra est telle qu'une heure et demie de musique supplémentaire pourrait être ajoutée sans qu'elle ne fasse baisser le niveau général. La cohésion et la complicité des individus se démenant sur l'estrade sont évidentes, le placide David Andersson se faisant régulièrement saupoudrer de paillettes par un Strid pince sans rire qui fera le décompte des spectateurs déjà présents lors du concert de 2017 afin de se réjouir de s'être fait de nouveaux amis. Dans le même esprit, on se réjouira de la relecture de "1998" extrait de l'inaugural Internal Affairs, avec une intro piano/ voix interrompue par la consommation d'une flûte de champ' apportée au chanteur par les deux choristes faisant office d'hôtesses de l'air. Puis tout ce beau monde repart de plus belle, réservant un rappel euphorisant constitué de l'offensif "This Time", substitut convaincant de "Sail on" abandonné cette année, de l'intensité mélancolique de "Lovers in the Rain" et de l'haletant "West Ruth Ave" en désormais traditionnel final, sur lequel « Doc » Andersson donne une ultime occasion d'abreuver le public de son feeling insensé. Et l'allure du six-cordiste/ percussionniste Sebastian Forslund, chemise tribale et lunettes triple XL, est décidément impayable.
Talent, autodérision, professionnalisme, énergie: le savoureux cocktail proposé par The Night Flight Orchestra pour son retour sur les planches parisiennes a une fois de plus enivré des centaines de convives, qui n'ont pas manqué de le faire savoir à leurs hôtes de joyeuse manière. Même de passables conditions sonores n'auront pas eu raison de l'irrésistible machine à faire danser les filles et hurler les garçons, et inversement. La mièvrerie dans le hard rock mélodique n'est pas une fatalité, la géniale escouade suédoise l'a démontré ce soir. Tack så mycket.


Décines - Warmaudio - mercredi 5 décembre 2018 (Dupinguez)

The Night Flight Orchestra est en pleine bourre : avec quatre albums au compteur depuis 2012, dont deux sortis ces deux dernières années, on peut dire que le combo suédois sait battre le fer quand il est chaud. Avec une telle activité et une qualité toujours au rendez-vous, on ne sera pas surpris du succès rencontré par le projet de Björn Strid. On sera plus étonné, en revanche de voir que le concert se trouve dans une petite salle de la banlieue lyonnaise : le Warmaudio, avec une capacité de trois-cents places environ. Prenons ça comme une bonne nouvelle : cela permettra d’être au plus près des musiciens avant - espérons-le pour eux - un potentiel changement d’envergure.
Forts d’une signature chez Napalm Records pour la sortie de leur premier album, les Belges de Black Mirrors sont chargés de chauffer un public d’abord assez clairsemé et timide. On regrettera d’entrée de jeu un volume sonore bien trop élevé, gangrène malheureusement trop répandue et obligeant à mettre des bouchons, ce qui va largement dégrader un son pourtant correct dans l'ensemble. Pratiquant un stoner bien bluesy et boueux, le quartet se démène fougueusement, variant les ambiances avec malice. Emmené par le chant de Marcella Di Troia, tantôt mesuré et aérien, tantôt puissant et rentre-dedans, le public ne s’y trompera pas et montera en température au fur et à mesure que les Bruxellois enquillent les titres de leur unique album à ce jour. Si la vocaliste fait preuve d’une maîtrise et d’une maturité assez impressionnantes, les autres membres ne sont pas en reste, avec notamment la basse omniprésente de Loïc Videtta (sosie belge non officiel de Julien Doré) que le volume sonore cité plus haut nous empêchera hélas de pleinement apprécier. Bien qu’il subsiste encore quelques flottements scéniques ici et là, le groupe arpente la scène avec énergie, affichant une remarquable cohésion scénique. Bref, une belle découverte à suivre sur album.

Après cette agréable mise en bouche, pendant laquelle on sera rassuré de constater que la salle s’est bien remplie (même s’il y avait quand même encore une bonne marge avant d’afficher complet), c’est l’heure de passer aux choses sérieuses. Fidèles à l’imagerie véhiculée par leurs divers artworks et clips, les Suédois débarquent dans des tenues chics et classes pour la plupart : costumes, chemises à fleurs, Ray-Ban, et même tenue de pilote pour Björn Strid sans oublier les deux choristes/hôtesses de l’air avec l’ensemble approprié. Ça pose tout de suite l’ambiance : fun et décontractée, avec une bonne dose d’autodérision.
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Cela n’empêche bien entendu pas le Vol Nocturne d’envoyer le bois musicalement. Avec “Sometimes The World Ain’t Enough” en guise d’ouverture, les choses sont claires d’entrées de jeu : l’ami « Speed » ne compte pas laisser le public se reposer sur ses lauriers, haranguant la foule à la moindre occasion, nous invitant à chanter, taper dans les mains, gueuler et même danser! Sans surprise, personne ne se fera prier.
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Avec un son beaucoup plus pêchu et rentre-dedans qu’en studio, notamment au niveau des guitares de David Andersson et Sebastian Forslund, les titres prennent une nouvelle dimension sur scène, accentuant encore le côté festif du groupe tout en mettant en valeur les origines métalliques de la plupart des membres du groupe. Mention spéciale au bassiste Sharlee D'Angelo (qui officie notamment dans Arch Enemy ou Witchery, excusez du peu), avec sa dégaine de trasheur et son imposante carcasse qui doit flirter avec le double mètre, le tout dans un beau costard blanc. Le décalage est tout simplement sublime et illustre parfaitement ce qu’est ce groupe : un délire de gros bourrins, certes, mais fait avec amour et soin. Sometimes the World Ain’t Enough est à l’honneur avec pas moins de six titres joués ce soir, qui passent tous merveilleusement bien l’épreuve des planches. Bien aidé par un sens du refrain qui fait mouche (“Turn To Miami”, “Paralyzed”, “Can’t Be That Bad”), la foule reprendra en chœur tout ce qui est possible de l'être, preuve que l’album a déjà fait son bout de chemin dans l’oreille des fans.
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Le combo n’en oublie pas pour autant ses offrandes précédentes, faisant la part belle à leur meilleur album, selon votre serviteur : Amber Galactic. Stratégiquement placé en début de set, "Midnight Flyer" finira de chauffer au fer blanc un public qui ne demandait que ça, et l'enchaînement “Star of Rio”-“Gemini”-“Something Mysterious”-“Josephine” aura raison du plus bougon des Lyonnais! D’autant que, moins serein dans les aigus qu’à la maison, Björn Strid aura tendance à recourir très vite à sa voix hurlée, ce qui donnera une patate décuplée à certaines lignes de chant, soutenues par les deux puissantes choristes. Bref, une fois “1998” terminée et le groupe sorti de scène, le rappel ne se fera pas attendre. Cette manie de simuler l’exercice en sortant de scène tout en gardant les lumières éteintes sonne parfois bien faux, car on sait que le concert reprendra de toute façon, peu importe la réaction du public. Mais ce soir à Lyon, personne n’est rassasié et on ne doutera aucunement de la sincérité de la réaction au vu de son intensité.


Pour son dernier tour de piste, The Night Flight Orchestra va droit au but : les deux singles issus de leur dernière livraison en date, “This Time” et “Lovers in the Rain” seront scandés à pleins poumons, tandis que “West Ruth Ave”, sur laquelle un membre du public portant une casquette de capitaine sera désigné responsable du dancefloor par Björn « Speed » Strid lui-même, verra se dessiner une chenille géante dans le public (ce n’est pourtant pas un concert d’Ultra Vomit), bien poussée par un certain Dupinguez. En somme, c’était la teuf absolue au Warmaudio ce soir et on ne demande qu’une chose : y retourner le plus vite possible!

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Merci à notre confrère de Radio Metal pour ces superbes clichés



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