Après l’exceptionnel Dawn Of Possession sorti en 1991 qui a marqué très fortement les débuts du brutal death sur la scène américaine, Immolation était attendu au tournant. Et puis plus rien, pas de nouvelles du côté de ce groupe new-yorkais pendant une longue période. En fait, à la suite du premier album les choses deviennent subitement beaucoup plus sérieuses pour Immolation puisque c’est Metal Blade qui va les signer pour les trois albums suivant. C’est donc après cinq ans d’abscence que le groupe déjà légendaire (puisque pas mal les croyais déjà morts!) revient sur le devant de la scène avec Here In After qui se révèle une progression sur tous les plans, et donc une pure déflagration brutal death comme seul sait le faire Immolation.
Dès la première écoute de ce disque on sent déjà que techniquement, Immolation a énormément progressé. L’album en ressort directement moins compact que son prédécesseur bien qu’une unité très forte soit de mise ici. Par rapport à Dawn Of Possession, Here In After joue beaucoup plus sur les ambiances malsaines, lentes et lourdes qui en fait un album vraiment « evil » avec une dynamique démoniaque tout à fait excellente soutenue par des paroles très blasphématoires. Le titre "I Feel Nothing" est parfait dans ce style, tempos ralentis, riff ultra lourd et tourbillonnant grâce au jeu des deux guitares qui jouent un même riff sur des octaves differents et surtout des variations particulières qui se révèleront une marque de fabrique du style d’Immolation. Les solos sont beaucoup plus efficaces qu’auparavant, clairement nets et précis, ils sont vraiment excellents même s’ils sont très simples au final (la montée sur "Christ’s Cage" est excellente!). C’est aussi ce qui ressort de l’album en général, quelque chose de beaucoup plus clair et précis. En effet, le son est vraiment meilleur et rend parfaitement bien l’atmosphère sombre et ultra heavy qu’Immolation s’est toujours évertué à envoyer.
Au-delà de l’aspect malsain de cet album, il faut quand même noter qu’Immolation est un des rares groupes de brutal death à savoir composer des titres hyper efficaces et accrocheurs dès les premières écoutes, et bien que les riffs soient lents, rapides ou plus complexes, un instinct de tournoiement cérébral (nom scientifique officiel du headbang) vous titille tout le long des quarante-cinq minutes de ce disque! Le jeu de batterie est varié et sait faire groover un riff bien gras sans problème, tout s’enchaîne à merveille entre les parties lentes et rapides avec justement ces petites parties souvent très courtes de passages groovy mais qui donnent l’unité à l’ensemble de la composition. Les intros sont particulièrement représentatives de ces passages, notament le début de "Here In After" ou encore "Towards Earth" qui direct vous rentrent dans le cerveau car sont vraiment ultra puissants.
Personnellement, je n’ai pas décroché de cet album avant un bon moment tellement le plaisir qu’on y prend est grand. Immolation c’est du lourd, c’est du malsain, c’est du brutal, c’est du groovy, c’est d’une grande richesse, c’est d’une grande simplicité, etc. Bref, vous l’avez compris Here In After est un disque monstrueux qui marque un retour en force d’Immolation et qui va aller encore plus loin par la suite. Cet album est indispensable à tout fan de brutal death au même titre que les autres albums du groupe qui sont tout aussi exceptionnels que celui-ci. Tout simplement à se taper la tête contre les murs!!