Ca y est, Bruce et Adrian sont de retour, tout le monde est content donc. L'espoir que suscitait cette reformation était donc énorme. Le groupe, très sur de lui, a réalisé cet album assez rapidement, immédiatement après le Ed Huntour de 99. Le groupe (enfin surtout ce gros frimeur de Bruce Dickinson) nous annonçait un album exceptionnel, révolutionnaire même ! Mais le résultat obtenu est bien éloigné de toutes ces promesses. Dès les premières écoutes, on s'aperçoit tout de suite que l'originalité est une denrée rare sur ce disque. 1 ou 2 écoutes sont suffisantes pour comprendre où le groupe a voulu en venir. Où est le problème, me direz vous, si la musique est bonne ? Mais hélas, non, elle n'est pas bonne ! Enfin, si, l'album est inspiré, on ne peut pas dire le contraire, mais c'est de la soupe ! Hallucinant !
La production est assez impressionante, plus soignée que celles des précédents albums studios (je préfère le son sec et cru de la batterie sur Virtual XI que ce son artificiel sur Brave New World). Les 3 guitares forment un espèce de mur du son dans lequel on a du mal à distinguer qui fait quoi, sauf au moment des solos. La basse s'en trouve étouffée et c'est bien dommage ! Et tout de suite, ce qui frappe, c'est que le disque se révèle être trop gentil de bout en bout. Où est passé toute l'énergie du groupe ? X-Factor n'était pas très énergique comme album aussi, mais son ambiance sombre faisait tout son charme, il y avait une putain d'atmosphère dans les morçeaux. Alors qu'ici, c'est plat de A à Z ! L'unité entre les morçeaux, une des forces de Virtual XI, est ici quasi absente: j'ai plus l'impression d'écouter une simple compil de toutes les périodes du groupe qu'autre chose. Le retour d'Adrian n'apporte presque rien car il a clairement perdu toute capacité à composer des morçeaux géniaux ("Wasted years", "Flight of Icarus", "Sea of madness"...) ! Ne parlons même pas des parties de batterie de Nicko McBrain, c'était déja une catastrophe sur Virtual XI, où il avait voulu se la jouer «sobre» ! Le hic, c'est que Maiden n'a pas changé de style, ils s'entêtent encore à faire du heavy-metal (exercice qu'ils ne maitrisent plus trop maintenant, z'auraient mieux fait de rester calme comme sur X-Factor), or on est en droit d'attendre une batterie de tueur avec des breaks de marteau et des rythmiques cavalières et enjouées ! Ben non, on a droit à des parties poussives au possible, et des breaks vraiment basiques (enfin c'est moins pire que sur Virtual XI il est vrai), un groupe comme Maiden se doit d'être technique !
Ca commence pourtant assez bien avec le 1er single "Wicker Man", sympa et accessible, avec un très bon solo d'Adrian, mais ça ne laisse quand même pas l'impression que Maiden est revenu au top comme au bon temps. Le riff d'intro évoque beaucoup celui de "Running Wild" (chanson de Judas Priest) et le refrain devient vite gavant ! Les «oh oh» de Bruce à la fin du morçeau, avec le p'tit zest de clavier derrière, bof bof, ça sonne vraiment soupe... enfin c'est un truc pour les concerts ça ! Pour "Ghost of the Navigator", on se prend à rêver, je me dis «Ca y est, ils sont de retour !», il faut dire que c'est le meilleur morçeau de l'album, ni trop long, ni trop court, un modèle de composition parfait: heavy, puissant, avec un refrain génial et des guitares, bordel ça tue ! Bref du grand Maiden ! Malheureusement, c'est le seul morçeau de l'album à être puissant comme ça...le seul morçeau vraiment digne d'Iron Maiden !
La suite de l'album est nettement moins enthousiasmante. "Brave New World" n'est pas mauvaise en soit, c'est une belle compo... mais c'est beaucoup trop gentille, cul-cul, plate, enfin tout ce que vous voulez ! Le refrain est sympathique, mais c'est tout ! Difficile de retenir son sommeil ! C'est fou, les solos sur cet album ne se retiennent pas ! Ils sont vraiment caricaturaux, et c'est comme ça sur tout l'album, à quelques exceptions près ! Ceux de Virtual XI étaient franchement plus inspirés, et en plus, ils tuaient ! Alors que là, c'est... plat (je me répète je sais !). "Blood Brothers" est une belle chanson(ette) ! Mais c'est dingue, un groupe comme Iron Maiden aurait pu nous pondre une merveille musicale; mais non, on se retrouve avec une chansonette où seul le passage instrumental celtique vaut le détour ! Les couplets-refrains sont d'une niaiserie ! Et ce refrain, ouarg, je l'aurais mieux supporté si Blaze avait chanté dessus ! "The Mercenary", tiens donc, mais c'est que Maiden émerge de sa torpeur, on a à faire à du heavy-metal burné, pas trop tôt ! On a l'impression avec ce titre d'être sorti tout droit des sessions de No Prayer for the Dying, du rapide et du puissant, ça fait du bien, joli refrain aussi (pas de la soupe pour une fois lol !). "Dream of Mirrors" aurait pu être un joli morçeau aussi, mais il n'est pas assez intéressant pour être aussi long, le refrain est répété trop souvent (un des gros problèmes de cet album). C'est un des seuls titres qui apporte une nouvelle facette à la musique du groupe, mais y'a juste quelques bons passages accrocheurs, notamment l'accélération qui se ramène enfin au bout de 6 minutes de platitude intense !
"The Fallen Angel" sonne comme une rechute de Piece of Mind, l'intro est horrible, le refrain sympa et le reste sans intérêt. "The Nomad" : même critique que pour "Dream of Mirrors", ce titre n'est pas assez intéressant pour pouvoir tenir l'auditeur en haleine aussi longtemps. Dommage car il y a sur "Nomad" un passage intrumental très beau (arpèges sur fond de claviers) et un super refrain également. Mais quelques passages intéressants ne suffisent pas à rendre une chanson bonne. L'ambiance arabisante un peu ridicule lasse vite et le riff principal s'éternise lamentablement. "Out of the Silent Planet" est agréable car bien puissante, elle rappelle beaucoup "The Evil That Men Do" pour les couplets et l'ambiance futuriste de Somewhere in Time pour l'intro. Mais les refrains répétés à outrance ruinent ce morçeau !! D'ailleurs, il est intéressant de remarquer que seuls les morçeaux écrits par Janick Gers ont de la pêche, on peut dire que c'est lui qui sauve l'album ! "The Thin Line Between Love and Hate" apporte un peu de neuf à la musique. C'est un peu mou, le rythme sur le refrain est assez poussif (mais on a l'habitude maintenant !) mais ça se laisse écouter ! Et la montée en puissance sur la fin est très belle et inhabituelle pour le groupe, la mélodie chantée par Bruce est magnifique.
Brave New World est donc un des albums les plus surestimés de la galaxie metal !