Manic Moonlight sort un an après Please Come Home... Mr Bulbous. Les die-hard fans affirmeront que King's X réussit à concilier quantité et qualité à travers leurs offrandes aussi régulières qu'une montre suisse. C'est à mon avis discutable, car même si King's X est une fois de plus parvenu à se renouveler et à ne pas servir deux fois le même album, on ne peut pas dire que Manic Moonlight soit une grande réussite. Depuis quelques temps, King's X nous déçoit progressivement...
Manic Moonlight est assez déroutant au premier abord ; l'ajout de loops et autres bidouillages électroniques étaient déjà dans l'air depuis un moment pour le groupe mais finalement, ils avaient préféré rester "purs" et dans une configuration classique guitare - basse - batterie sur Please Come Home... Mr Bulbous. Ce n'est que sur Manic Moonlight qu'ils ont osé franchir le pas. Mais cette touche électro rend certains morceaux plutôt décousus et pas tellement évidents à assimiler (on a l'impression au départ que les morceaux ont ni queue ni tête) car on sort du schéma traditionnel couplet - refrain. Finalement, ce n'est pas plus mal dans un sens, King's X retrouve une certaine fraîcheur.
La griffe de King's X reste immédiatement identifiable, les mélodies et les refrains font toujours mouche sur les morceaux les plus calmes ("False Alarm", "The Other Side"). Plus groovy au niveau des riffs ("Believe", "Yeah") et peu de ballades, les pleurnichements de Please Come Home... Mr Bulbous ont disparu, Dieu merci ! Mais Manic Moonlight n'est pas aussi abouti que son prédécesseur ; quelques mauvais titres viennent plomber le milieu de l'album comme "Static" qui a la particularité de ne pas avoir de refrain. Une ligne de basse répétitive, un pauvre riff et une mélodie qui devient très vite agaçante, c'est en fait un couplet qui s'étend sur plus de quatre minutes. Idem pour "Skeptical Winds" qui se veut plus sombre et heavy avec un Doug Pinnick qui parle plus qu'il ne chante, mais à part le solo, on s'ennuie ferme. Comme quoi, l'originalité ne rime pas toujours avec qualité sur ce disque. On sent bien qu'ils se sont pas trop foulés, il n'y a qu'à voir le refrain facile de "Yeah" pour s'en convaincre.
Finalement, les titres de facture plus classique sont les meilleurs ; King's X parvient même à nous faire vibrer davantage que sur l'album précédent, sans tout le côté nian nian. Les refrains de "Vegetable", "Jenna" et "Manic Moonlight" sont irrésistibles dans le genre. "Vegetable" démarre avec un riff groovy original et vraiment entraînant avant d'enchaîner sur un refrain puissant (Doug Pinnick redevient rageur). En clair, c'est une tuerie comme on n'en trouvait pas sur Please Come Home... Mr Bulbous. Idem pour "Jenna" qui alterne douceur sur les couplets et un refrain parfait. Dommage qu'il faille attendre la fin de l'album pour que ça se réveille.
Manic Moonlight est une légère déception, l'album ne parvient pas à captiver sur sa globalité. C'est surtout le début et la fin de l'album qui valent le coup, mais le milieu est assez monotone. Bizarrement, je le préfère à son prédécesseur, moins travaillé et moins prise de tête (mais aussi moins inspiré, dommage). King's X a voulu s'amuser, voilà tout, ce laisser-aller se manifeste bien sur la dernière piste, "Water Ceremony", où on entend nos héros boire et roter pendant quinze secondes... l'intérêt d'une telle piste ? Aucun, mais c'est bien bidonnant. Quoiqu'il en soit, King's X a intérêt à se ressaisir et à nous sortir un vrai bon album si il ne veut pas tomber dans un anonymat encore plus grand. Reste les différents side-project (Platypus, Jughead, Jelly Jam, Poundhead et les albums solos de Ty Tabor), infiniment plus intéressants que les dernières productions de King's X, ils permettent aux membres du groupe de s'aérer la tête, et la notre également.