À en juger la pochette de ce nouvel album et les déclarations qui ont accompagné sa sortie, King's X tient toujours à être affilié à la scène metal. Autrement dit, ils tiennent encore à vendre 4 albums, là où une orientation vers la scène pop-rock actuelle aurait peut-être pu leur apporter un autre public que celui avide de metal-prog ou de metal extrême... Loin de se lancer dans ce genre de calcul, King's X continue son bonhomme de chemin sans se soucier des étiquettes.
La presse metal continuera à crier au génie, à radoter que ce n'est pas normal qu'un groupe aussi talentueux que King's X ne soit pas davantage reconnu... c'est ce qu'elle fait depuis 20 ans ! Et le hardos continuera à s'en foutre. La routine. Qu'importe, King's X confirme son retour en forme depuis Ogre Tones vers des albums plus ambitieux, travaillés et moins brouillons que la période Manic Moonlight – Black Like Sunday. Sur le fond, XV n'apporte strictement rien de nouveau, la recette est toujours la même : mid-tempos un rien groovy, mélodies « Beatles-iennes » accompagnés d'un riff primaire. Inutile de s'attendre à un quelconque changement de leur part, King's X a passé l'âge d'expérimenter.
Sur la forme, on sent quand même une volonté de ne pas proposer un Ogre Tones-bis, avec des compos plus heavy, pêchues, qui sortent parfois des éternels mid-tempos. Ty Tabor est en pleine forme et lâche des riffs bien gras, Doug Pinnick n'avait jamais été aussi hargneux depuis Dogman, la production a même des airs de Sam Taylor sans le côté synthétique années 80 (flagrant sur l'intro en acier trempé de "Love and Rockets (Hell's Screaming)", présent en titre bonus, un gros riff et un rythme carré qu'on aurait pu retrouver sur l'album éponyme de 1992). Ah le son, ce son de guitare, épais, incisif, propre sans être surproduit, parfait... enfin ils ont abandonné ce son grungy qu'ils avaient adopté depuis Dogman. Jamais King's X n'avait aussi bien sonné !
Si Ty Tabor apparaît incapable de se renouveler dans ses compositions, les morceaux qu'il chante bénéficient tout de même d'un traitement collectif, ce qui les rend plus intéressants que ceux de son dernier album solo, Rock Garden. Enfin cela ne tient pas de l'exploit il est vrai. On se laissera une fois de plus transporter par ses mélodies ("Julie", acoustique et très agréable, "I Don't Know", "Repeating Myself" - c'est rien de le dire ! ), même si "I Just Want to Live" peut finir par gonfler, sa mélancolie rappelant l'album solo Safety. Les compos de Ty permettent de calmer le jeu et d'aérer l'album, c'est déjà ça. À consommer avec modération toutefois !
À côté de ça, Doug Pinnick a bouffé du lion, « ses » morceaux sont nettement plus musclés ("Pray", "Rocket Ship"). Les chœurs sont efficaces, « in your face », les rouleaux-compresseurs "Alright", "Move" (rappelant le style présent sur Black Like Sunday) et "Go Tell Somebody", foutrement heavy, impressionneront par leurs rythmiques béton que l'on n'attendait plus chez King's X. Puissant, on en redemande. Un autre titre bonus assez original dans sa forme : "No Lie", un blues façon King's X, gros riff, rythme lourd, superbe refrain avec un solo délirant de Ty... pour une fois que le groupe ne se prend pas au sérieux sur une de ses chansons, le fun n'étant pas leur marque de fabrique habituellement.
À égalité avec Ogre Tones et avec de vraies nouvelles compos cette fois-ci, King's X est revenu à son meilleur niveau, les années de vaches maigres semblent bien loin. Un foutu bon disque en vérité, solide, épais, massif, costaud... rien que ça ! De là à affirmer que XV se classe parmi les meilleurs albums du groupe, il est sûrement trop tôt pour le dire. Une chose est sure : l'effet de surprise ne joue plus en leur faveur.