Un nouvel album de King's X, un vrai! C'est qu'on commençait à s'impatienter, le trio ne nous avait plus livré de nouvelles compos depuis Manic Moonlight en 2001. Il y avait eu entre temps Black Like Sunday en 2003, un recueil de vieux morceaux jamais édités sur disque et remis au goût du jour. Tout au plus, Black Like Sunday rassurait sur la bonne santé du trio, mais il valait mieux ne pas prendre ces morceaux parfois juvéniles trop au sérieux. On pouvait juste se demander si King's X était encore capable d'écrire des nouveaux morceaux énergiques, mélodiques et inspirés.
De quoi rassurer les déçus du brouillon Manic Moonlight et du mollasson Please Come Home... Mr. Bulbous. Aux oubliettes les side projects qui commençaient à devenir un peu redondant (qui a dit Jelly Jam?), Ogre Tones va mettre tout le monde d'accord. L'apport d'un producteur extérieur au groupe, Michael Wagener, leur a fait le plus grand bien. C'est qu'il a un tableau de chasse assez impressionnant le monsieur, jugez plutôt: Alice Cooper, Queen, Accept, Dokken, Extreme... Finie la production clinique de Sam Taylor, "grungy" de Dogman et Ear Candy ou "démo quatre pistes" de Manic Moonlight et Black Like Sunday, King's X n'a jamais aussi bien sonné. Les guitares ont à nouveau un son propre, ça faisait si longtemps!
Ogre Tones est comme un croisement entre Ear Candy et l'album King's X; on retrouve même quelques références à l'album éponyme comme le riff heavy au milieu d'"Alone", premier single bien pêchu, ou le solo planant de "Sooner Or Later", une des marques de fabrique de Ty Tabor. C'est d'ailleurs l'un des rares solos de l'album, la plupart des titres en sont dépourvus. Mais qu'il y ait moins de solos, peu importe, cela ne fait que renforcer l'intensité des chansons (certaines ne dépassent même pas les trois minutes): direct, compact, refrains immédiats, impossible de s'ennuyer!
Un côté hard rock US est même perceptible par moments (l'influence Michael Wagener?), cela apporte un peu de fraîcheur au son de King's X, notamment sur le refrain de "Bebop", que Ty Tabor qualifie lui même comme l'un des refrains les plus catchy de King's X. Comme d'habitude, la dualité Doug Pinnick/Ty Tabor tourne à plein régime pour le chant. Inutile de préciser que le groove est omniprésent, élément indispensable à un album de King's X. Le cahier des charges est donc bel et bien rempli. Tout n'est pas parfait ceci dit, les vocaux sur le refrain de "Stay" sont assez laids, l'aspect larmoyant de "Get Away" est un peu gonflant à la longue et "If" fait également partie des moments un peu faiblards. On n'échappera pas non plus à la ballade acoustique Ty Taborienne, "Honesty", qu'on aurait pu retrouver sur ses albums solos ou chez Jelly Jam. Ces quelques détails ne sont rien comparés au reste de l'album, au top niveau!
On sent que King's X a préféré jouer la carte de la sécurité sur ce disque, pour ne pas dérouter à nouveau le peu de fans qu'il leur reste. Ils n'avaient pas le droit à l'erreur: si l'album avait été décevant, cela aurait signifié la mort du combo, artistiquement parlant. Et pourtant, je n'en attendais pas grand chose de ce nouvel album! Quelle ne fut pas ma surprise de voir que non seulement King's X pète le feu, mais qu'en plus, ils nous signent là un album qui rivalise sans problème avec l'âge d'or du groupe, c'est-à-dire les quatre premiers disques (Out Of The Silent Planet, Gretchen Goes To Nebraska, Faith Hope Love, King's X) et il surpasse même Ear Candy et Tapehead.