Après les différentes défections et un dernier album, Construct, qui avait déçu certains fans, beaucoup voyait Dark Tranquillity amorcer une mauvaise pente après plus de 25 ans d’albums excellents. Mais il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ! Atoma est peut-être la première pierre d’une nouvelle façon d’aborder la musique pour les Suédois : jouer sur ses acquis et ne plus chercher l’évolution à tout prix. C'est pas dit que ça plaira à tout le monde !
Dès les premières minutes d’Atoma, on a droit à tout ce qui fait le sel du groupe depuis près de trois décennies. Les riffs de guitare, le chant reconnaissable entre mille, les claviers, l’ambiance gothique et mélancolique… Dark Tranquillity, malgré ses évolutions notables, reste unique dans son atmosphère. Ce qui frappe en premier est le retour en force des morceaux rapides. Ils sont nombreux et distillés régulièrement dans l’album.Mais plus que le tempo, c’est l’énergie qui revient dans la musique des Suédois. Les rythmiques et les riffs retrouvent une véritable vélocité qui avait manqué à certains fans. L’album se révèle une vraie cure de jouvence ! Certains morceaux rappellent même la période Character/Fiction… Mais que les aficionados des Projector/Haven se rassurent : les mid tempos empreints du chant clair de Mikael Stanne sont également de la partie. D’ailleurs, le début de l’album ne ment pas: "Encircled" est rapide, "Atoma" la joue mid tempo et "Forward Momentum"baisse de rythme quelques instants pour se faire plus puissant en émotions. Ce triptyque, qui représente tant la carrière du groupe, se répète au fur et à mesure que l'on avance dans l'album. En les alternant de façon intelligente, Dark Tranquillity produit une galette rythmée et cohérente.
On regrettera évidemment le manque d’évolution apporté par l’album.Ainsi, tous les morceaux auraient pu trouver leur place sur de précédentes productions du groupe. Seules les deux chansons bonus apportent un regard neuf. Les fans profiteront alors de cet album pour apprécier une nouvelle fois le talent immense du groupe. Quelle cohérence ! Quelle fusion des talents ! Aucun musicien ne tire la couverture à lui. Chaque instrument vient compléter les autres, produisant une musique empreinte d’une mélancolie froide, si triste et puissante à la fois. Aucun groupe de melodeath ne possède autant d’émotion dans sa musique. Mikael Stanne est particulièrement en forme. Son chant clair prend aux tripes et ses lignes de chant sont terriblement efficace. Lui aussi a retrouvé une certaine énergie, là où ses refrains perdaient un peu de force avec le temps. L’album ne perd à aucun moment ses qualités et c’est jusqu’au bout que le groupe nous emmène dans son monde. Difficile de déterminer de véritables tueries tant la qualité est homogène. Dark Tranquillity fait jouer l’expérience et met une claque à tous les jeunes groupes qui espéraient prendre sa place. Ce ne sera pas encore pour cette fois...
Pendant d’In Flames creuse encore plus profond sa tombe, Dark Tranquillity joue sur ses acquis. Peu de surprises, pas vraiment d’évolution, mais une série de douze morceaux accrocheurs à la qualité indéniable, portée par l’expérience d’un groupe exceptionnel qui n’a plus rien à prouver. Vingt-cinq ans après l’avoir défini, les Suédois continuent à porter le melodeath à bout de bras avec efficacité, puissance et émotion. Chapeau bas, messieurs !