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CHRONIQUE PAR ...

100
Merci foule fête
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2022
Sa note : 12/20

LINE UP

-Joseph "Joe" André Duplantier
(chant+guitare)

-Christian Roger Andreu
(guitare)

-Jean-Michel Dominique Labadie
(basse)

-Mario François Duplantier
(batterie)

TRACKLIST

1) Born for One Thing
2) Amazonia
3) Another World
4) Hold On
5) New Found
6) Fortitude
7) The Chant
8) Sphinx
9) Into the Storm
10) The Trails
11) Grind

DISCOGRAPHIE


Gojira - Fortitude



En plus de vingt ans de carrière, Gojira a su imposer sa personnalité sur la scène du metal extrême. Doucement mais sûrement, les Landais font évoluer leur formule rugueuse vers des horizons plus accueillants, une progression qui passe mal chez certains fans de la première heure qui, lors de la sortie de Magma en 2016, ont lancé des accusations en compromission commerciale dignes de celles qui avaient accompagné jadis la sortie du Black Album de Metallica. De rupture franche il n'en était pourtant pas vraiment question, et c'est sans doute là - paradoxe - que se situe le problème.

En drainant un public de plus en plus nombreux au fil de livraisons qualitatives et de shows incandescents en compagnie de plusieurs grands noms, ceux avec Metallica ayant constitué un tournant décisif dans son parcours, Gojira se forge une renommée internationale qui lui impose un dilemme : rester fidèle au death metal féroce qui a fait sa renommée initiale au risque de perdre la frange du public la plus récemment acquise ou tenter d'accroître cette dernière en s'aventurant sur des routes plus larges et plus accessibles. Avec Magma – voire L'Enfant Sauvage qui l'avait précédé en 2012 – Gojira a décidé de ne pas trancher. En lissant quelques angles et s'autorisant davantage de contemplations, le quatuor est parvenu à une sorte d'équilibre dont émane une radiance inédite qui rend sa part d'ombre d'autant plus attractive. Opération réussie, donc, que l'écoute de Fortitude, le dernier né à la gestation allongée par la pandémie de Covid-19, éclaire de manière assez crue : tout ça a surtout fonctionné grâce à de bonnes chansons.
Capitaine Évident et son aïeul La Palice n'auraient pas mieux dit. Pour valider un système, mieux vaut l'alimenter avec des matériaux de qualité. Les frères Duplantier et leurs complices ont a priori mis les chances de leur côté en faisant produire leur septième LP par le vénérable Andy Wallace qui s'apprêtait à partir en retraite – on parle d'un type qui s'est occupé d'enregistrements de System of A Down mais aussi du magnifique Grace de Jeff Buckley, de Bad Religion (Stranger Than Fiction, c'est lui) et qui a travaillé avec McCartney, Prince, Slayer, Nirvana et Rage Against the Machine. Pas mal. Son travail chiadé se retrouve sur les chœurs lancinants de "The Chant", dont les couplets sont scandés comme ceux de "The Shooting Star" en ouverture de Magma, mais de manière moins appuyée. Le thème répété à l'envi jusqu'au fade out que l'on croit final avant une ultime résurgence donne l'impression d'un artifice visant à masquer un manque d'idées au moment de terminer le morceau, à moins qu'il ne s'agisse d'un parti pris visant à privilégier l'ambiance rêveuse qui le nimbe. Quoiqu'il en soit, le résultat laisse dubitatif, à l'instar de "Grind", épilogue faisant croire à un retour de la lourdeur et de la frénésie avant qu'une séquence planante n'arrête les hostilités et se perde en un long decrescendo surmonté d'arpèges acoustiques. Ce n'est pas la première fois que la section aquitaine fait le coup de la conclusion embrumée mais l'aspect très produit de celle-ci la rend assez suspecte.
Néanmoins, les quatre lascars savent encore faire crisser les amplis - ainsi sur "Born for One Thing", titre d'ouverture taillé à coups de frappes sèches et syncopées, de guitares aussi lourdes que tranchantes en soutien d'un chant âpre et tendu se déployant sur un refrain habité, typiquement gojirien. Mais peu marquant. En lieu et place de l'acmé attendue, une succession d'harmoniques elles aussi familières clôt cette première salve. Ce schéma déceptif concerne une grosse poignées de pistes. À celles déjà citées, on peut ajouter "Hold On" dont la chorale solaire en introduction méritait mieux qu'un refrain emprunté et une accélération avortée, "Another World" qui évoque une version ralentie de "Global Warming" en clôture de From Mars to Sirius ou encore le plus énergique "New Found" dont la fin répétitive de plus de deux minutes en fade out sent un peu la facilité et entame l'enthousiasme déclenché par un refrain pour une fois accrocheur.
Le single "Into the Storm" résume la tendance : alors que Gojira était passé maître dans l'art de libérer la tension accumulée sur des couplets dynamiques en clamant ses refrains comme des hymnes, le contraste est moins flagrant sur Fortitude en raison notamment de parties vocales à l'apaisement trop prononcé et d'un déficit d'adaptation de Joe Duplantier qui se montre nettement plus à l'aise en chant saturé, le premier constat étant probablement une conséquence du second. Néanmoins la troupe du Sud-Ouest démontre qu'elle a conservé sa capacité à concasser du riff, tel celui de "The Sphinx" qui fait songer à "The Cell" sur Magma. Toujours pas de solo cependant, toujours pas d'accélération, à croire que le groupe mise tout sur le mur du son qu'il bâtit depuis deux décennies. "Amazonia", single faisant directement référence à Sepultura et publié concomitamment à une campagne caritative pour la défense des peuples indigènes du Brésil, participe de la même tendance et ne décolle pas vraiment, malgré l'intégration réussie d'instruments traditionnels. La bonne surprise vient étrangement de "The Trails", l'occurrence la plus posée, sur laquelle l'aîné des Duplantier se révèle enfin au chant clair en murmurant une « vraie » mélodie, bonifiée au mitan par une modulation touchante. Une indication pour l'avenir ?


La question n'est pas si provoc qu'elle en a l'air. En effet, sur Fortitude, Gojira présente des signes de faiblesse - radotage et chute d'inspiration – qui menacent le fragile équilibre entre vigueur et grâce mis au point sur le recueil précédent. Heureusement, le fer de lance du metal français est encore capable de signer des passages puissants qui rappellent ses origines death et d'autres plus délicats qui donnent envie d'entendre la formation ondraise s'y engouffrer plus franchement à l'avenir. Pour oser, enfin, le changement ?



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