CHRONIQUE PAR ...
Beren
Cette chronique a été importée depuis metal-immortel
Sa note :
15/20
LINE UP
-Max Cavalera
(chant+guitare)
-Marc Rizzo
(guitare)
-Bob Burns, Jr.
(basse)
-Joël Nunez
(batterie)
TRACKLIST
1)Prophecy
2)Living Sacrifice
3)Execution Style
4)Defeat U
5)Mars
6)I Believe
7)Moses
8)Born Again Anarchist
9)Porrada
10)In the Meantime
11)Soulfly IV
12)Wings
13)
DISCOGRAPHIE
Max Cavalera est, aux yeux de beaucoup, une tête bien pensante dans ce milieu. De retour avec son groupe post-Sepultura (dont l'étiquette ne le quittera définitivement jamais), Soulfly, il nous livre avec Prophecy une œuvre assez éclectique et surprenante en soi, un thrash ethnique stylisé, une musique qui marie différents styles sans jamais les diminuer. Sa vision de la musique est rafraîchissante au possible, en témoignent les chefs d'oeuvre qu'il a pu autrefois livrer avec Sepultura, tels que Arise et Roots, un des meilleurs albums metal de tous les temps.
On connaît la propension de Cavalera pour la religion et les métissages, Prophecy ne la démentira pas. Capable de déverser une rage viscérale, à la marque aisément identifiable, sur des morceaux très basiques comme "Prophecy", "Defeat U" ou encore "Execution Style", qui sonnent très cliché, le groupe est aussi entièrement maître de son destin sur les morceaux de la seconde partie de l'album, qui tranche littéralement avec la première, autant en qualité qu'en termes de style. D'où d'abord, suite à une première lecture, cet aspect très peu homogène et morcelé. Aspect qui laisse rapidement place à la surprise, tant à partir de la cinquième piste ("Mars"), Prophecy est excellent.
Il aurait même dû démarrer à partir de là. Cavalera expérimente à tour de bras et montre qu'il a de nouveau, de la suite dans les idées (intelligence musicale, qui, ces derniers temps, avait tendance à s'évanouir, surtout avec 3 et Primitive). Et si l'idée de réécrire le style qui l'a révélé l'avait effleuré quelques instants? Bien sûr, la trame musicale reste identique. Cependant, sur fond de thrash acéré, Cavalera ose associer des éléments a priori antinomiques et INVENTER. "Mars" débute de façon très directe et très normative, pour embrayer, dans sa seconde partie, sur une structure hispanisante spectaculaire et inspirée, avec une guitare flamenco du plus bel effet et des effets reggae très surpenants. "I Believe" est le meilleur plaidoyer que Cavalera puisse écrire pour ses propres croyances: riffs puissants mâtinés de choeurs ethniques. «You can't kill faith, you can't kill God» nous hurle Cavalera pour l'occasion! Cavalera n'est meilleur que dans ces moments, où il laisse son inspiration et son intelligence musicale prendre le relais sur la technique et l'affront direct. Puis suit "Moses", le meilleur morceau de cet album. Une perle rare, où les rythmes reggae et ska s'associent avec les guitares néo et les hurlements de Cavalera de façon naturelle et posée. On en redemande, à ce stade.
«Father of creation, gimme inspiration»: à croire qu'il est entendu! Cette trilogie "Mars"/"I Believe"/"Moses" est la preuve que Cavalera est un compositeur hors pair, lorsqu'il touche à ce qui le fait vibrer et lorsqu'il abandonne les sentiers battus. Une association très surprenante, qui se poursuit de façon plus coulée et plus discrète sur les morceaux suivants. "Born again anarchist" est définitivement le morceau le plus puissant de Prophecy: un rythme effréné qui revoit l'apparition bienvenue des saturations et des instruments brésiliens qui avaient fait Roots en son temps. La fin de l'album est à l'image du souffle qui anime Prophecy. Un instrumental de toute beauté ("Soulfly IV") et une reprise réussie aux versets féminins ("Wings") clotûrent d'une bien belle façon ce nouvel essai de Cavalera qui renverse (enfin) la vapeur.
Soulfly retrouve de sa superbe avec cet album et c'est tant mieux. Cavalera est un génie lorsqu'il ose ainsi s'affranchir des conventions. Prophecy, malgré un début poussif et dispensable, en est un excellent témoignage. Ici, la subtilité est plus que jamais de mise, Cavalera s'éloignant du metal pur et dur pour un thrash ethnique bien plus ouvert d'esprit. Maintenant, Soulfly doit-il demeurer Soulfly et continuer à faire du Soulfly? La question, en partie posée par cet album, reste entière. On verra avec le temps.