CHRONIQUE PAR ...
Cosmic Camel Clash
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
7.5/20
LINE UP
-Max Cavalera
(chant+guitare)
-Marc Rizzo
(guitare)
-Bobby Burns
(basse)
-Joe Nunez
(batterie)
TRACKLIST
1)Bloodbath & Beyond
2)Rise of the Fallen
3)Great Depression
4)Lethal Injection
5)Kingdom
6)Jeffrey Dahmer
7)Off With Their Heads
8)Vulture Culture
9)Mega-Doom
10)Counter Sabotage
11)Soufly VII
DISCOGRAPHIE
Il y des groupes comme ça, on finit par se demander à quoi ils servent. Le statut de Soulfly était assez évident lors de la formation du combo : comme le Shaaman d'Andre Matos, il permettait de continuer à profiter d'un style de musique que le groupe "principal" ne pratiquait plus. Après quelques errements stylistiques, Dark Ages avait même permis de poser Soulfly comme formation thrash à part entière. Mais bon, aujourd'hui, à l'écoute de Omen, on peut sérieusement s'interroger : qu'est-ce que Soulfly fout encore là ?
Entre temps, Cavalera Conspiracy est venu combler les attentes des fans des deux frangins. Mieux encore : Sepultura est revenu en force sur album comme sur scène, et a rappelé à qui en avait besoin qu'ils sont intouchables sur leur vieux répertoire. Soufly n'étant de fait plus le groupe qu'on va voir pour se taper "Roots Bloody Roots" dans des conditions optimales, il ne lui reste que les compos pour justifier son existence. Malheureusement Omen est un gros plantage, un album dont la violence n'a d'égale que la pauvreté et le manque criant d'inspiration. On savait depuis Dark Ages que Soulfly avait délaissé le néo tribal pour se placer dans les rangs du thrashcore, l'agressivité thrash/punk de "Bloodbath & Beyond" n'est donc pas une surprise... ce qui l'est par contre, c'est le côté bas du front de la chanson. Deux riffs qu'on enchaîne jusqu'à plus soif, un Max qui beugle les trois-quatre mots en boucle... on est à peine arrivé à une minute qu'on trouve déjà ça chiant. Le groupe en a visiblement conscience et balance donc à 1'18 une des plaies fondamentales de l'album : un break mélodique incongru, mal amené et qui sonne foutrement générique. Le premier d'une longue liste.
L'impression générale laissée par Omen est celle d'un groupe cramé, complètement à court d'idées, et qui tente tant bien que mal de cacher son manque d'inspiration derrière des artifices en carton. Première couverture en forme de peau de chagrin : lâcher les chevaux. Les Soulfly bourrinent à défaut d'être pertinents, et le résultat prend la forme de plans thrash ultrasimples qui tournent en boucle en attendant d'être interrompus par des beatdowns tout aussi stupides. "Great Depression" et "Counter Sabotage" font halluciner tant leur structure simpliste et leur manque de relief transparaissent à travers leur hargne sans objet. Idem pour "Off With Their Heads" : un riff de thrash qui ressemble à un délire que les The ARRS pourraient se taper lors d'un soir de cuite, un placement rythmique du chant à la limite du supportable car calqué sur la gratte, puis des attaques de shred sans queue ni tête... Marc Rizzo s'est visiblement approprié la démarche générale du « j'ai pas d'idées donc j'en fais des caisses », et balance des solos mélodiques supersoniques dès qu'on lui laisse de l'espace. Et c'est foutrement pénible, quand ce n'est pas carrément absurde comme lors du déluge de notes dénué de sens qui clôt "Lethal Injection".
Le fantôme de Primitive plane sur "Rise of the Fallen" : même présence d'un invité prestigieux (Greg de Dillinger Escape Plan), mêmes riffs complètement génériques, même grovve poussif... Soufly nous replonge dans ses heures les plus sombres. Sauf qu'à l'époque ils ne passaient pas leur temps à pomper sur les voisins ! Selon la bonne vieille logique visant à balancer n'importe quoi dès que le manque d'inspiration devient trop criant, le groupe n'hésite désormais plus à envoyer de la copie carbone pour casser la monotonie de ses propres compos. Les twin leads de Rizzo sur fond de rythmiques jumpy viennent directement de chez Soilwork, les descentes de gammes néoclassiques évoquent brutalement Stratovarius (donc Malmsteen) et on compte un certain nombre de riffs pris directement chez Slayer. C'est un peu la goutte d'eau qui fait déborder le vase : on aurait pu se contenter à la rigueur d'un disque de thrash pour simplets ("Jeffrey Dahmer" donne envie de se cogner la tête contre les murs), mais quand en plus de ça ce sont des simplets pirates ça fait trop. Arrivé à ce stade on n'a plus envie d'être indulgent.
Des compos bancales, des transitions foirées, des emprunts qui font tache... et surtout un énorme vide artistique camouflé malhabilement par une grosse dose de violence. Omen est un échec retentissant, tant au niveau de la forme que du fond. C'est presque l'archétype de l'album médiocre. Bon, Maxou, il est peut-être temps d'arrêter, là, hmmmm ?