CHRONIQUE PAR ...
Beren
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
10/20
LINE UP
-Anette Olzon
(chant)
-Tuomas Holopainen
(claviers)
-Marco Hietala
(basse)
-Emppu Vuorinen
(guitare)
-Jukka Nevalainen
(batterie)
TRACKLIST
1)The Poet And The Pendulum
2)Bye Bye Beautiful
3)Amaranth
4)Cadence Of Her Last Breath
5)Master Passion Greed
6)Eva
7)Sahara
8)Whoever Brings The Night
9)For The Heart I Once Had
10)The Islander
11)Last Of The Wilds
12)7 Days To The Wolves
13)Meadows Of Heaven
DISCOGRAPHIE
Considéré comme l'aboutissement du travail musical des Finlandais, par la symbiose parfaite entre éléments orchestraux et guitares saturées dont faisait preuve Once, cet album signifie aussi et surtout désormais la fin d'une ère, après le départ forcé de Tarja Turunen. Trois ans plus tard et le recrutement d'Anette Olzon en lieu et place de la brune diva, Nightwish se remet sur les rails avec l'un des albums les plus attendus de cette année 2007, Dark Passion Play.
Nuclear Blast aura eu le culot, plutôt risqué cette fois, de confier de nouveau un budget mirifique (500 000 euros) à Nightwish après le succès commercial de Once. Risqué, d’une part, car Dark Passion Play va logiquement focaliser l’attention des fans comme jamais depuis le début de la carrière du groupe; risqué, d’autre part, car le changement de chanteuse – assez judicieux dans le fond – s’accompagne aussi d’un revirement stylistique moins judicieux, entre auto parodie et tentative maladroite de concilier musique pop avec des occurrences metal de moins en moins originales.
A ce titre, le premier morceau de ce nouvel album ("The Poet And The Pendulum") est symptomatique de ce revirement. Dans l’optique de créer un long titre épique dans la veine de "Ghost Love Score", Tuomas Holopainen en a oublié l’essence même : la pertinence. Placé en tête de liste (un choix contestable, tant il fait caler l’album dès son démarrage), ce long morceau de treize minutes est indigeste au possible, patchwork de différentes parties (couplets et refrain pop, passages narrés, éléments orchestraux et soubresauts metal) qui essaient tant bien que mal de s’imbriquer afin de créer l’illusion.
Car illusion il y a, tout le long de cet album. L’inspiration est parfois présente (le très réussi "Last Of The Wilds", réminiscence des albums phares du groupe, ou encore le musclé et périlleux "Master Passion Greed") mais l’ensemble, aussi bien produit et varié qu'il soit, n’a jamais paru aussi décousu et hors de propos : le melting-pot de morceaux singeant une nouvelle fois Evanescence ("Cadence Of Her Last Breath" et son riff copié-collé sur les Américains), de ballades navrantes ("Eva") et d’essais power-metal déjà entendus mille fois ("Bye Bye Beautiful", archi-classique réécriture de "Wish I Had An Angel") ne fait cette fois plus mouche.
Il en ressort une fâcheuse impression de musique fast-food : vite avalée malgré l’opulence du disque (75 minutes !), mais aussi très vite oubliée. Surnagent pêle-mêle le choix éminemment osé d’Anette Olzon, dont la voix colle parfaitement au style recherché sur Dark Passion Play mais dont certaines lignes de chant inadaptées ("The Islander") gâchent la prestation honorable, ainsi qu’une volonté manifeste de renouveler un tant soit peu les canons imposés par le groupe depuis leurs débuts, en sacrifiant une bonne partie de l'âme du groupe.
Ainsi, Dark Passion Play fait-il table rase du passé ? Non, bien sûr, tant on reconnaît la patte de Tuomas Holopainen, que l’on sent néanmoins frustré de ne pas pouvoir laisser davantage libre cours à ses pulsions symphoniques. Peut-être le meneur finlandais avait-t-il fait le tour de ses expérimentations orchestrales sur Once, mais ici, il semble avoir écrit cet album en mode automatique. Dark Passion Play est un album honnête (les orchestrations sont une nouvelle fois splendides) mais surtout maladroit dans sa démarche: il mérite ainsi de figurer parmi les grosses déceptions de l’année.