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CHRONIQUE PAR ...

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Cedric
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note : 12.5/20

LINE UP

-Robb Flynn
(chant+guitare)

-Phil Demmel
(guitare)

-Jared MacEachern;
(basse)

-Dave McClain
(batterie)

TRACKLIST

1) Now We Die
2) Killers & Kings
3) Ghosts Will Haunt My Bones
4) Night Of Long Knives
5) Sail Into The Black
6) Eyes Of The Dead
7) Beneath The Silt
8) In Comes The Flood
9) Damage Inside
10) Game Over
11) Imaginal Cells (Instrumental)
12) Take Me Through The Fire

DISCOGRAPHIE


Machine Head - Bloodstone & Diamonds
(2014) - thrash metal power metal - Label : Nuclear Blast



Machine Head a eu cette place indémerdable, celle du groupe qui explose d’un coup, paf, Hiroshima, et à qui l’on met dans la tronche pendant des années que son travail n’est pas à la hauteur de ses débuts pourtant prometteurs. C’est injuste. Prenons deux gros noms - Metallica et Megadeth - les gens ont attendu, respectivement, un nouveau Master Of Puppets et Rust In Peace après trois-quatre albums là où Machine Head a été mis en compétition contre lui-même dès le deuxième effort. Profondément Injuste.

La perception de leur carrière a du coup toujours été biaisée. Au retour en grâce depuis Through The Ashes Of Empires (2003) et plus encore The Blackening (2007) succède Unto The Locust en 2011. Sorte de synthèse aseptisée, il avait un peu brouillé les cartes et jeté le doute. Moins inspiré, redondant, tout à la fois court (7 morceaux) et interminable, étrangement insipide et pourtant violent etc. L’année séparant l’entrée du groupe en studio et la sortie de ce Bloodstone & Diamonds aura forcément amené son lot de questions et de craintes : et si Machine Head était un pétard mouillé, après un sommet sur The Blackening encadré par deux efforts inégaux ? Et s’ils n’y croyaient pas et essayer de faire durer l’illusion ? Et si, finalement, Machine Head, malgré ses efforts, n’était bel un bien qu’un groupe de seconde division qui se donne des allures de grands, incapable de finaliser, de ciseler les détails, de dégraisser ?
L’importante communication du groupe sur l’année écoulée concernant l’orientation de Bloodstone & Diamonds s’est faite dans des termes plutôt alléchants (accordage plus bas, morceaux plus court et directs, allusions à The More Things Change et Through The Ashes Of Empire). Elle n’a, en théorie, rien à voir avec le départ d’Adam Duce, bassiste co-fondateur lourdé en février 2013 puisque de ses dires il n’avait pas eu voix au chapitre dans la composition du précédent opus. Pourtant le groupe a donné l’impression de vouloir à tout prix rassurer : non, les nouveaux titres ne feront pas tous sept ou huit minutes, non, il n’y aura pas beaucoup de sections larmoyantes-cheveux-dans-le-vent-et-poings-en-l’air, oui ce sera plus simple et concis, en soulignant pourtant la présence de milliouzes de pistes de grattes, de vocaux et de cordes et en lâchant des photos et visuels plus pompeux les uns que les autres... Soit un chien fou sous acide s’est occupé de rédiger les communiqués, soit le groupe est parti dans tous les sens.
Et là, force est de constater que le groupe s’est bel et bien pris les pieds dans le tapis : 71 minutes de son, 6 minutes en moyenne par morceau et un énorme bordel d’autocitations, les cordes sur "Now We Die" étant les moins irritantes. Machine Head devient peu à peu prisonnier de son identité récente et nous propose des structures interchangeables et complètement sèches. Les twin leads, innovation dans le son du groupe à l’époque de Through The Ashes Of Empire, deviennent aussi irritantes que les passages lyriques servis à toutes les sauces depuis trois albums. Mieux : là où le tout était bien amené en 2007 et déjà plus forcé sur Unto The Locust, les entrées de soli tapent régulièrement à côté pour de toute manière offrir des branlettes de manches sans inspiration. Repenser à la perfection des envolées de "Halo" en écoutant "Ghosts Will Haunt My Bones" fait particulièrement mal mais c’est également le cas sur "Killers & Kings", un des morceaux les plus faible depuis "Kick You When You're Down" ou "White-Knuckle Blackout!", ou sur "Beneath The Silt" où l’on imagine bien Demmel parti ramasser des fraises plutôt que soigner ses phrasés.
Au rayon des redites, il faut aborder les instants bourrins qui font tour à tour penser à Burn My Eyes ou Supercharger ("Night Of Long Knives"), amenés par un Dave McClain qui livre une prestation tout à fait correcte (bien que l’on puisse chipoter sur la rythmique qui accompagne le solo sur "Sail Into The Black", ridiculement plate, ou des choix de blasts étonnants qui donnent parfois un côté un peu bancal aux structures comme sur "Eyes Of The Dead"). Les clins d’œil appuyés à Through The Ashes Of Empires sont nombreux, "Killers & Kings" sur les couplets ou les refrains qui tirent vers "Vim", "In Comes The Flood" qui évoque "All Falls Down" sur le pont central ou "Sail Into The Black" qui emprunte le chemin tracé par "Descend The Shades Of Night". Mais il y a aussi "Imaginal Cells" en image inversée de "Real Eyes, Realize, Real Lies", tout à fait anecdotique ou "Damage Inside" à cheval entre "The Burning Red" et le début culotté et réussi de "Darkness Within". Flynn étale le pathos et en fait bien trop : c’est mièvre, ça minaude, tout comme sur "Beneath The Silt" ou "Ghosts Will Haunt My Bones". Si vous pensez à "Deafening Silence" sur Supercharger, c’est bien normal, les nerfs à fleur de peau, la voix sur le fil, presque brisée, les paroles d’ado romantique (« My demons pull me into the hole to dance with leaches that drink my soul, the violins play the endless song from hearts broken everlong », soupirs).
Il y a pourtant des choses qui fonctionnent et qui attirent l’attention. Si les redites sont présentes, elles balisent une petite évolution du groupe par rapport aux trois derniers albums. Les structures des morceaux, bien que trop longues, amènent un petit vent de fraicheur. "Night Of Long Knives" attaque vicieusement et lourdement, avant d’attaquer un passage bourrin très old school. La mélodie du refrain est chouette même si McClain la saccage un peu par manque de subtilité. Néanmoins le morceau tient la route, malgré les tics de composition (minaudements de Flynn, partie pleureuse, solo impersonnel, twin leads et le fameux coup du refrain hurlé à capella). "Sail Into The Black" attaque par un mantra en infra basse guttural pour développer une atmosphère acoustique sombre. C’est lent et long mais l’arrivée de la basse à mi-chemin amène le chant hurlé et la double syncopée, un très bon passage avec un McClain qui dose ses attaques. Le tout fait de ce titre une belle fin d’album. Sauf que placé en plein milieu, après 4 titres peu inspirés, il donne l'impression que l’album ne se lance pas. Et encore plus de huit minutes bon sang…
"Beneath The Silt" voit le groupe innover puisqu’il tire carrément vers le stoner. La ligne vocale est originale, chantée par le Sieur Philip Anselmo ça aurait pu atterrir sur le NOLA de Down et si les tics, encore, ruinent un peu le tout, le groove sympatoche fait sourire et étonne un peu. "In Comes The Flood" propose des leads intéressantes et vicieuses pour un mid tempo surprenant. Franchement pas mal, frais, tirant donc vers "All Falls Down" (à la quatrième minute). Le solo, sans être fou, est probablement le plus inspiré de l’album, à concurrence avec celui de "Now We Die". Bon par contre, le refrain est pas loin d’être pathétique, on frôle le carton rouge, tant vocalement que sur les lyrics (« As we hail our sacred cow to the bankers we will bow, » ou « I want to burn down Wall Street, baby », ou encore « Our lives nothing more to them than a snap of financial decision, blinded by a TV screen all hail the American Dream », bref, Robb fait du RATM sur fond de Flynn). Quant au final, il est vraiment à chier.
Machine Head tire toujours son épingle du jeu grâce à Flynn, qui reste un hurleur d’excellente facture. Ses capacités restent proprement hallucinantes. Par exemple, la montée sur "Now We Die", bien que réchauffée et authentique comme une relique du Christ vendue à Lourdes, est incroyable. Paradoxalement, c’est elle qui flingue le morceau, trop pleureuse, des lyrics à faire mouiller une collégienne. Ou comment ruiner une petite innovation à savoir : un opener sur un schéma différent d’"Imperium", "Clenching the Fists of Dissent" et "I Am Hell", un opener au riff bien vicieux, entre Sylosis et le morceau "Locust". Ou comment se prendre les pieds dans le tapis hein. Concernant le petit nouveau, Jared MacEachern, il fait le taf. Ni plus ni moins. Il est d’ailleurs brillamment noyé dans le mix et ne ressort qu’à quelques moments, preuve que Flynn peut être inattentif. Les backing vocals sont assumés sans rien de particulier (oh, sauf sur "Ghosts Will Haunt My Bones" qui changent un chouilla) et il reste à la fin de cette copieuse galette une impression de gavage, genre tarte au sucre nappée de graisse d’oie. C’est long et indigeste, souvent peu inspiré et pas très original
.

Alors, plantage ? Oui. Au moins partiel : le groupe accouche d’un album qui se démarque structurellement des deux derniers, hybridant ses récentes expérimentations avec les albums plus anciens. Pour autant, il conserve ces foutus gimmicks qui commencent à puer le putois faisandé et semble réellement incapable de rendre son message plus succinct et lisible : tout est trop long, trop théâtral, le manque de spontanéité sur les passages dramatiques évoque le Korn III: Remember Who You Are, on a de plus en plus de mal à croire en la détresse de Flynn, Général Romantique du navire Machine Head. Difficile d’y voir une nouvelle chute qui les ramènerait à l’après Supercharger pour autant il est impossible de nier que la pente amorcée sur Unto The Locust vient d’arriver à une crevasse. Il va falloir sacrément bosser pour conserver le statut de Grand Groupe pourtant bien mérité, il y a sept ans de ça.


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