Chronique : Bathory Nordland II (2003)

CHRONIQUE PAR ...

Winter
Cette chronique a été mise en ligne le 12 septembre 2025

Sa note : 16/20

LINE UP

-Thomas Börje "Quorthon" Forsberg
(tout)

TRACKLIST

1) Fanfare
2) Blooded Shore
3) Sea Wolf
4) Vinland
5) The Land
6) Death and Resurrection of a Northern Son
7) The Messenger
8) Flash of the Silverhammer
9) The Wheel of the Sun

DISCOGRAPHIE

Bathory (1984)
The Return (1985)
Under The Sign Of The Black Mark (1987)
Blood Fire Death (1988)
Hammerheart (1990)
Twilight of the Gods (1991)
Requiem (1994)
Octagon (1995)
Blood on Ice (1996)
Destroyer Of Worlds (2001)
Nordland I (2002)
Nordland II (2003)

Bathory - Nordland II

(2003) - heavy metal folk viking - Label : Black Mark

Une brise glaciale souffle sur les falaises. Les deux hommes n’en ont cure. Il fait beau, le soleil n’arrive pas à les réchauffer mais la lumière dorée que l'astre projette sur le paysage ravit les promeneurs. Lorsqu’au loin, une tache noire apparaît et macule le bleu du ciel, l’ainé fait la grimace puis se ressaisit. Il ne va pas gâcher ce moment merveilleux, d’autant plus que le cadet n’a rien remarqué. Il va profiter de l’instant présent. Jusqu’au bout.

Quorthon a-t-il pressenti sa fin ? A-t-il vu, lui aussi, la nuée de corbeaux assombrir le ciel ? Il s’agirait d’une excellente explication au fait que Nordland II est le meilleur album sorti par Bathory depuis Twilight of the Gods. Quorthon était certes sorti de la nasse créative depuis le retour au viking metal matérialisé, un an auparavant, par un Nordland I pas totalement convaincant mais pas véritablement mauvais non plus. On pouvait légitimement espérer une seconde partie intéressante, mais de là à jouir d’une œuvre aussi pleine, il y a un pas que peu d’entre nous franchîmes à l’époque - en tout cas pas moi, je dois bien le reconnaître. Monsieur Bathory a donc peut-être jeté ses derniers forces dans la bataille, forces qu’un cœur défaillant amoindrissait sans doute. À moins que Thomas ait seulement bénéficié d’un retour en grâce auprès des muses. Toujours est-il que cette œuvre que l’on pourrait situer, musicalement parlant, entre Twilight of the Gods et Blood on Ice, s’avère intense et fluide dans son déroulement. Porté par un son plus épais qu’à l’accoutumée, Bathory n’invente (plus) rien mais combine mélodies bien trouvées, riffs costauds et passages acoustiques (presque) comme à la grande époque, rendant cette heure de musique extrêmement digeste pour tout fan de ce genre où la répétition infinie des leitmotivs est de mise.
On notera tout au plus quelques maladresses comme la fin du refrain de "Vinland", pas très bien chantée - on a l’habitude, oui, mais… - ou l’absence de transition entre les passages speed initiaux et finaux de "Death and Resurrection of a Northern Son" et la séquence centrale, très calme - et belle - mais ce dernier titre est tout de même l'un des meilleurs moments de l’album. On pourra éventuellement déplorer que "The Wheel of the Sun" soit un peu trop long, mais un adieu est un adieu. Bref, il n’y a pas grand-chose à redire et ce Nordland II s’avère être un des albums du groupe que j’écoute le plus souvent, avec les monuments de l’époque 1987-1991, bien entendu, tellement il transpire la puissance et l'envie. C’est qu’après une introduction plutôt neutre, les bons moments s’enchaînent dès "Blooded Shore", épique et légèrement mélancolique - il s'agit de la couleur musicale globale de l'œuvre. "Sea Wolf", avec son clavier à la vibe Summoning, est même l’un de mes titres préférés du one man band, tandis que "The Land", presque joyeux, le suit de près dans mon ranking personnel d’hymnes bathoryens. Quorthon n’a pas fait son radin en terme de chœurs, ces derniers étant très présents tout au long de ce second Norland, mais, vu qu’ils sonnent juste, personne ne s’en plaindra.

« As the night divides the day, the dark will come to everyone. » Je ne suis pas adepte de la déification des artistes au simple prétexte qu’ils sont morts. Mais tout de même, au moment de terminer la dernière chronique de la saga Bathory, ma gorge se serre. Indépendamment de ta personnalité que je ne connais que par ouï-dire, quel magnifique compagnon de voyage tu as fait et tu fais encore, Thomas. Merci à toi.