Bathory -
Under The Sign Of The Black Mark
Un disque légendaire parmi les disques légendaires, tout simplement. Car non seulement il provient de Bathory, groupe éminemment culte précurseur dans le black metal, mais en plus l'album marque un tournant musical. Pour une fois, la légende n’est pas qu’historique. C’est avec cet album que Bathory définit ce que sera le black metal. Avec ses deux premiers albums Bathory faisait du black metal primitif sans aucun génie autre que son esprit visionnaire. Dorénavant, les albums de Bathory sont plus construits, plus écrits, plus réfléchis.
Under the Sign of the Black Mark n’est plus un exutoire irréfléchi comme l'étaient les 2 premiers efforts du groupe, ou alors il est diablement bien exuté. On remarque clairement l’apparition de chansons différentes, avec leur sonorité propre et non la sensation d’une chanson reprise x fois. Les riffs deviennent un (gros) poil plus variés et les changements de rythmes sont nettement plus fréquents. Les chansons en général sont grandement meilleures. En gros, Bathory a su conserver l’esprit de ses débuts qui le rend si caractéristique de la première vague black metal et change tout ce qui était nul pour en faire du bon. Car ce qui change, ce sont ces compositions qui deviennent infiniment plus diverses, cette plus grande violence tout en allant de pair avec plus de passages calmes et surtout un plaisir d’écoute transcendé. Comme d’hab’ avec Bathory, l’album s’ouvre par une intro faite de bruits divers avant de laisser place aux instruments. Il est à noter que cette caractéristique se retrouvera dans beaucoup d’albums de black metal, genre qui adore faire de pompeuses intro, signe de l'influence énorme de Bathory sur le genre.
Et là il faut parler de "Woman of Dark Desires" car cette chanson est assez incroyable dans son genre, avec pour la première fois, un refrain ! Et oui, vous n’hallucinez pas, Bathory s’est mis au refrain, et en plus c’est très bien fait, donc comment cracher dessus ? La chanson dans son ensemble nous souffle, violente avec des riffs mieux trouvés et plus recherchés que sur toutes les compositions antérieures du groupe, et le fameux refrain qui arrive telle la cerise sur la gâteau. Ouais, maintenant Bathory ce n’est plus qu’un groupe légendaire qui a contribué à créer le black metal, c’est également un groupe qui fait de la bonne musique. Et ça fait extrêmement plaisir. Allier le mythe au plaisir, c'est toujours un plus intellectuel. Ca apporte un on-ne-sait-quoi supplémentaire à la musique, une force ajoutée. C’est le fait de se dire « putain, non seulement la musique est bonne, mais en plus je suis en train de me plonger au plus profond des racines de ma musique de prédilection » qui sublime l’écoute.
Voilà, si la musique bathorienne était discutable à ses débuts, ce troisième album vient fermer le clapet à ses détracteurs, car on ne peut plus dire qu'il s'agit de musique d'acnéique sans construction. Non. Bathory est passé à la vitesse supérieure et pond un album indispensable. En écoutant l’avant-dernière dernière piste du disque, "13 Candles", on se dit que le violence dans l’exécution instrumentale inhérente au genre est bien là, ça y est, c’est du black pur jus. L’explosion de haine se ressent clairement à l’écoute, le doute n’est plus permis. L’album de la consécration du jeune black metal, celui qui le définit comme un courant musical valable, même si à l’époque on ne parle pas encore communément de black metal pour autre chose que Venom. Mais ne vous y trompez pas, tout y est. Son crade et pourri (remarquez, ils n'avaient pas besoin de beaucoup se forcer pour avoir un mauvais enregistrement à l’époque), voix écorchée qui a dû interloquer pas mal de psy en ces temps-là et musique remplie de tourments. Bref, du black metal.
Alors, amateur de vrai black metal, procurez-vous ce disque au plus vite car c’est la genèse réussie du style, sa confirmation en tant que genre musical viable. Pour les autres c’est évidemment une autre paire de manche car ça reste difficilement écoutable. Pas vraiment la meilleure façon d’entrer dans le black. Reste une conclusion implacable : Mythique et excellent.