La seconde partie d’Avantasia s’était fait attendre. A plusieurs titres: déjà, retrouver de si grands noms du metal sur un seul disque est toujours fort plaisant en soi. Ensuite, l’histoire développée par Tobias Sammet devait trouver enfin un dénouement, et puis surtout on s’attendait à quelque chose d’énormissime pour la conclusion de cet ambitieux projet. Il était certain que ça allait avoir de la gueule. Eh bien grande déception, mes amis... Le second volet constitue de fait un pas en arrière en terme de qualité, et même si on ne peut pas vraiment parler de désastre abominable, c’est tout de même bien frustrant.
Le morceau épique se trouve cette fois en ouverture: "The Seven Angels" est une petite perle d’inventivité et de mélodies, un quart d’heure royal qui fait dûment intervenir la plupart des protagonistes, dans un échange admirablement agencé. Seul le refrain paraît un poil cheap, mais ce petit défaut est vite oublié dans la richesse du morceau, qui se conclut en power-ballade émouvante, à même de tirer des flots de larmes à la plus sarcastique des hyènes. Le voilà, le gros morceau d’Avantasia. Si seulement tout le reste avait été du même acabit…
"No Return" n’est au fond rien d’autre qu’une resucée du "Golden Dawn" d’Edguy. On ne s’attendait certes pas à ce que Tobias change radicalement de style de composition, mais le petit lutin semble s’essouffler un peu. "Chalice Of Agony", de même, applique une recette ultra-connue qui a peine à surprendre et à marquer. Heureusement que Kiske et Hansen sont là pour contraster un peu avec le vibrato et les tremoli de Tobi, mais ces morceaux sont tout de même anecdotiques, soyons réalistes. Et puis que dire des ballades? "Anywhere" fait dans la soupe people trop facile pour être louée (une chance que les orchestrations et le solo d’Henjo Richter soient efficaces), alors que "Into The Unknown" conclut lamentablement l’album dans une mélodie niaise et baveuse. Seul "In Quest For" fait mouche, notamment grâce à la voix de Bob Catley (Magnum) et au doigté délicat du pianiste Frank Tischer.
Catley brille également dans "The Looking Glass", un mid-tempo mélodique plein de chœurs, qui s’accélère à la fin, ma foi très convenable. Quant à "The Final Sacrifice", qui figurait déjà sur le single Avantasia, il s’agit d’une agression dans les règles avec les ultra-sons de Tobias (qui a fait de nets progrès dans ce style de chant depuis Theater Of Salvation) et les beuglements de l’énervé David Defeis (Virgin Steele). Bref, The Metal Opera Part II n’a pas beaucoup d’arguments pour lui. Les instrumentalistes sont toujours aussi doués, avec une mention spéciale à Henjo Richter de Gamma Ray, dont le jeu de guitare plein de feeling demeure à mon sens mésestimé. Ses soli sont tous très plaisants, de même que ceux, plus techniques évidemment ceux-là, de Timo Tolkki qui apparaît sur le morceau de bravoure "The Seven Angels".
Mis à part ce titre particulier, le même reproche sera fait à Tobias, à savoir celui d’une utilisation hasardeuse du talent des différents chanteurs. Chacun d’entre eux apparaît sur un, voire deux tracks, mais guère plus. Dommage! Sharon Den Adel de Within Temptation, par exemple, aurait mérité de figurer ailleurs que sur l’introduction de "Into The Unknown", non? A ceci s’ajoute une certaine incompréhension face à l’absence de transitions, comme dans le premier épisode, qui avaient le mérite de faire retomber la pression et de colorer l’aventure. Non, décidément, ce disque est surprenant. Mais négativement surprenant. Tobias Sammet aurait-il bâclé son œuvre? On croirait bien. Les aficionados y trouveront probablement leur compte, comme toujours, mais cela ne suffit pas à faire objectivement de cet album un classique. A acheter uniquement si vous souhaitez connaître la suite de l’histoire commencée par son prédécesseur, plus recommandable celui-là.