CHRONIQUE PAR ...
Joe Le Hareng
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
17.5/20
LINE UP
-Zakk Wylde
(chant+guitare+claviers)
-Nick Catanese
(guitare)
-James LoMenzo
(basse)
-Craig Nunenmacher
(batterie)
+guests
TRACKLIST
DISQUE 1
1)Losin' Your Mind
2)Horse Called War
3)Between Heaven and Hell
4)Sold My Soul
5)Bored to Tears
6)Bleed for Me
7)T.A.Z.
8)Counterfeit God
9)Stronger than Death
10)Speedball
11)Demise of Sanity
12)We Live No More
13)Stillborn
14)The Blessed Hellride
15)Crazy or High
16)House of Doom
17)Takillya
18)Doomsday Inc.
19)SDMF
DISQUE 2
1)No More Tears
2)Whiter Shade of Pale
3)Heart of Gold
4)Snowblind
5)The Wizard
6)In My Time of Dyin'
7)Come Together
DISCOGRAPHIE
-Papy? C'était qui Zakk Wylde?
-Zakk Wylde? C'était un guitariste de talent qui a passé sa carrière à essayer de convaincre tout le monde qu'il était né dans le Sud des Etats-Unis. C'était l'idole des rednecks.
-C'est quoi un redneck?
-Un mec à qui tu dis pardon quand il te renverse sa bière dessus.
-...
Évoquer un Best-Of, c'est l'occasion rêvée de faire un petit point sur le groupe. Le groupe, c'est Black Label Society, c'est à dire Zakk Wylde, qui, s'il sait s'entourer de musiciens talentueux (Trujilo, Catanese, Nunenmacher) ne reste pas moins la tête pensante (hum) du groupe. Surtout connu pour accompagner Ozzy depuis No More Tears, le père Wylde a assis auprès du Prince Of Darkness sa réputation de guitar-hero à grands coups de riffs ravageurs et de soli extravagants. Ses talents de chanteur et de songwriter sont moins connus de ce côté de l'Atlantique où Black Label Society est un peu trop vite estampillé « groupe à bikers ». Force est de reconnaître que c'est un peu vrai... mais réducteur. En grand amateur de country et de blues qu'il est, Zakk n'a pas son pareil pour saupoudrer son gros rock burné d'influences sudistes avec un groove hallucinant (et force harmoniques artificielles.) Couvrant 6 ans de la carrière solo de Wylde - du premier effort Pride & Glory (pas encore etiqueté BLS) à Hangover Music Vol. VI - Kings Of Damnation offre un excellent tour d'horizon des œuvres du colosse, et semble particulièrement indiqué au novice qui souhaite découvrir le groupe.
Au programme : du gros riff, simple mais efficace (option fracture des cervicales), du solo qui déboite, parfois à la limite de la démonstration, mais toujours jouissif, mais aussi de belles mélodies, des ballades bien foutues et des lignes de chant pas degueu. Car Wylde est un excellent chanteur! Doté d'un grosse voix et d'une solide paire de vous-savez-quoi, il est aussi à l'aise dans les titres qui envoient le bois que dans les morceaux qui nécessitent une bonne dose d'émotion ("We Live No More", "The Blessed Hellride" ou encore "Between Heaven and Hell", ballades bien gaulées avec une petite pointe de country joliment amenée). Le choix des titres est plutôt judicieux et l'on retrouve les grosses machines de guerre ("Demise of Sanity", "Stronger than Death", "Bleed for Me" ou l'imparable "Stillborn") jouxtant des morceaux moins connus mais pas moins bons ("Losin' Your Mind" et son groove impeccable, "Bored to Tears", unique rescapé de Sonic Brew ou encore l'excellente "House of Doom"). Seule ombre au tableau, la présence de trois morceaux identiques (Zakk qui fait son petit malin en jouant à fond les gamelles sur une guitare acoustique pendant une longue minute) pas vraiment indispensables.
Mais le connaisseur, qu'a-t-il a gagner dans cette histoire? Le deuxième disque pardi! Regroupant les reprises qui ponctuent certaines versions des albums de BLS, ce bonus est une bénédiction. Si certaines covers sont anecdotiques (l'insupportable "Heart of Gold", "No More Tears") les autres valent vraiment le détour. En musicien talentueux, le plantigrade sait manier l'art difficile de la reprise et s'il respecte les morceaux, il sait y insuffler suffisamment de sa patte pour que l'exercice soit intéressant. Passage obligé par Black Sabbath pour commencer (la superbe "Snowblind", "The Wizard"), du Led Zep pour continuer ("In My Time of Dyin'", magistrale) et pour finir deux titres complètement improbables et totalement réussis. Dans les deux cas, Wylde abandonne sa sacro-sainte Les Paul pour le piano, balance un "Come Together" étonnant et un "Whiter Shade of Pale" absolument époustouflant. Seul au piano, Wylde sort l'émotion des grands jours, la grosse voix qui va bien et se transforme pendant 5 minutes en crooner sur ce grand classique des Procol Harum : superbe.
Voilà l'occasion rêvée de faire fi des apparences et de se pencher sur la discographie de Zakk Wylde, afin de se rendre compte que Black Label Society, ce n'est pas que de la musique de gros biker bourrin amateur de bière. Zakk Wylde c'est avant tout un excellent musicien, qui sait se mettre ses différents talents au service de la composition. L'amateur de gros rock bluesy, qui ne rechigne pas à verser une petite larme entre deux séances de headbang y trouvera certainement son bonheur : l'abus de Black Label Society n'étant pas dangereux pour la santé (si ce n'est celle de vos cervicales), ce Kings Of Damnation est à consommer sans aucune modération.