L’année 2001 marquait le grand retour d’Ozzy aux affaires après six ans d’absence, à la tête d’un line up plus puissant que jamais. Si Down To Earth n’avait pas été pour autant un album inoubliable (même s’il était bien plus convaincant qu’Ozzmosis), il promettait au lieutenant Zakk de longs mois de tournée, où il lui serait bien difficile de pondre quoique ce soit pour son « Black Label Society ». Pour faire patienter les fans, chauds bouillants après les sorties de Sonic Brew et de Stronger Than Death, le Texan décidait de leur balancer un bon gros live, agrémenté d’un CD bonus acoustique. L’occasion, pour tous ceux qui n’avaient jamais pu assister au moindre concert du Black Lab’ (ce qui fait pas mal de monde, surtout en Europe) d’avoir un vrai petit concentré de testostérone chez eux.
En temps normal, j’aurais commencé par vous indiquer dans quelle ville, et éventuellement dans quelle salle ce live a été capturé. Dans le cas présent, vu que ça n’est mentionné nulle part, ça va m’être un peu difficile. Pour vous consoler, je préciserais tout de même que ce live conclue le Penchant For Violence Tour 2000, petite tournée caritative organisée en compagnie de Crowbar et de Sixty Watt Shaman, deux groupes réputés pour être au moins aussi subtils que celui de Zakk Wylde.
Le gaillard, fidèle à ses habitudes, ne fait aucun compromis et nous livre ici un live bien brut de décoffrage, garanti sans fioritures. Les amateurs de concerts pré mâchés fourrés à l’overdub s’étrangleront sans doute à l’écoute de ce son désespérément cru. Les connaisseurs, eux, démarreront au quart de tour. Au court sample d’intro (une de ces sirènes qui précèdent les bombardements) succède un véritable torrent de saturation bien grasse et de beuglements, sur fond de matraquage de fûts et d’harmoniques artificielles. Un vrai rempart sonore, où chaque instrument est parfaitement distinct, ce qui prouve à quel point ces brutes (et leurs ingé-son) maîtrisent leur affaire. Rares sont les lives, en tout cas, où on a autant l’impression d’être sur scène et d’avoir la tronche coincée entre une paire de micros et les cordes d’une Les Paul!
Les morceaux s’enchaînent comme les mouvements de grève à la SNCF, sans vous laisser le temps de souffler ou de vous envoyer une petite mousse. Il faut dire qu’on a le droit au bon gros best of des familles, avec toutes ces perles extraites de Sonic Brew et de Stronger Than Death! On retrouve ainsi "Lowdown" servi bien chaud en hors d’œuvre, accompagné de pavés à la "All For You" ou à la "Superterrorizer", heavy comme on les aime, avec leurs gros morceaux de riff qui flottent dans le bouillon. Les fans d’Ozzy ne manqueront pas le "No More Tears" de l’album du même nom, interprété d’une façon moins « fleur bleue » que l’original, c’est le moins qu’on puisse dire. L’exécution, à la gratte, du riff normalement joué à la basse, est terriblement jouissive, autant que peut l’être le solo qui illumine la fin du morceau. Un de ces solos qu’on garde toujours gravé dans un coin de la tête, vous pouvez me croire! Et si jamais il ne vous suffisait pas, on en retrouve sur toutes les plages de toute façon, bref de quoi largement ravir les apprentis shredders, fans de déboulés de manche à l’ancienne.
Le seul point faible de cette set-list serait "A.N.D.R.O.T.A.Z" en fait, une espèce de solo ininterrompu de quatre minutes trente, parfaitement indigeste, et chiant comme la pluie. Le deuxième CD, cadeau de la maison, renferme cinq titres bien sympas, mi-acoustiques, mi-électriques. La voix chaude de Zakk convient à merveille à l’ambiance intimiste qui s’en dégage, et c’est avec beaucoup de plaisir qu’on redécouvre le vieux "Snowblind" du Sab’, méconnaissable. "The Beginning… At Last", qui figure sur le CD1, bénéficie lui aussi d’un traitement adoucissant. Ce qu’on peut dire en tout cas, c’est que ces cinq titres sont loin d’être superflus. Après une bonne séance de headbang sur la première galette, ils pourront toujours vous aider à faire un break.
Cet Alcohol Fueled Brewtality Live est donc un très bon produit. Il fait partie de ces lives qui ont le mérite de ne pas être qu’une simple copie des albums studio, avec les bruits du public par-dessus. C’est assurément une pièce de choix dans la discographie du Texan.