CHRONIQUE PAR ...
Lucificum
Cette chronique a été mise en ligne le 01 juin 2021
Sa note :
11/20
LINE UP
-George "Corpsegrinder" Fisher
(chant)
-Pat O'Brien
(guitare)
-Rob Barrett
(guitare)
-Alex Webster
(basse)
-Paul Mazurkiewicz
(batterie)
TRACKLIST
1) Demented Aggression
2) Sarcophagic Frenzy
3) Scourge of Iron
4) Encased in Concrete
5) As Deep As the Knife Will Go
6) Intestinal Crank
7) Followed Home Then Killed
8) The Strangulation Chair
9) Caged…Contorted
10) Crucifier Avenged
11) Rabid
12) Torn Through
DISCOGRAPHIE
Je peux vous le confesser, à vous, fidèles lecteurs : qu’est-ce qu’on aurait rigolé si ce douzième album des cadavres cannibales avait été vraiment mauvais, en ayant pour titre Torture. Soyez assurés qu’il y aurait eu de la vanne grasse, du quolibet acide et une chronique pleine de cet esprit fin qui fait le sel et la plume des Éternels. Mais voilà, la bande à Webster a décidé de se contenter d’un tiède « moyen », de flotter putridement entre deux eaux voire, puisque les temps se prêtent à une telle analogie, de s’occuper à ronger le cadavre du Modem.
Non, Torture n’est donc pas une torture à écouter, sauf peut-être pour votre pauvre tante qui jusqu’ici n’a juré que par Claude François. En tous cas, pour tout amateur de death metal à l’ancienne qui se respecter, Torture remplit de façon plutôt honnête son cahier des charges, à savoir proposer une violence massive et sans fioriture dans la plus belle tradition du terroir de nos Américains. Avec le ricanant Erik Rutan derrière les manettes du groupe, on sait déjà que l’on aura droit à du son massif, et à ce niveau-là, rien à redire : la production ne brille certes pas par son audace ou son originalité, mais on verra que de l’audace et de l’originalité, on en trouvera de toute façon pas beaucoup dans les parages. Mais voilà, les décibels sont présents, la basse se taille une bonne part du spectre sonore en ronronnant sagement derrière le mur de guitare, tout cela est juste sali ce qu’il faut pour ne pas avoir l’air aseptisé, et ma foi, ça passe facilement.
La musique ? Idem : ça passe facilement. Les quarante-trois minutes de Torture passent plutôt agréablement, sans à-coups, de façon fluide, à tel point que parfois, on se demande si c’est bien Cannibal Corpse que l’on écoute. Il y a du gros mid-tempo graisseux ("Scourge of Iron", "Followed Home Then Killed", "Sarcophagic Frenzy"…), du bon blast à l’ancienne ("Demented Aggression", "Torn Through", "Intestinal Crank"…) et des petits moments où l’on redresse la tête, un petit sourire aux lèvres devant un bon riff ou une bonne idée ("As Deep As The Knife Will Go", "Crucifier Avenged"…) mais bien vite on retombe dans la routine, Webster & Cie déballant leur grosse technique et leur sciences du riff acéré mais sans jamais (ou bien trop rarement) se démarquer du reste de l’album. Du coup, il se retrouve assimilé comme un porridge grumeleux dans lequel surnagent de savoureux mais trop rares raisins secs : pas de quoi vomir le mélange, mais aucune envie de s’en refaire un bol avant un bon moment.
Torture, on l’écoutera une fois de temps en temps, quand on aura envie d’un truc qui tabasse mais que l’on n’aura pas encore écouté des quintilliards de fois. Pourtant, il y a gros à parier qu’il ira rejoindre le gros tas des albums de death metal sympathique mais dispensable, par son manque de passion et de spontanéité. De là à dire que la flamme du Cannibal est éteinte, il y a un bien grand pas, mais en tous cas elle se fait moins vive, ces dernières années…